Attentat à Mulhouse : « il est très difficile de déjouer les attaques low-cost »
Marc Hecker, directeur adjoint de l'Ifri, rédacteur en chef de Politique étrangère et chercheur au Centre des études de sécurité de l'Ifri, rappelle que la menace terroriste reste élevée en France même s’il a l’impression que c’est l’Allemagne qui est devenue le ventre mou de l’Europe après une série d’attaques ces derniers mois outre-Rhin.
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Le risque terroriste est-il toujours important en France ?
« La menace est considérée comme élevée. On est toujours en urgence attentat. Le niveau a été augmenté en avril 2024 à la suite de l’attaque de Daech au Khorassan à Moscou. Les autorités françaises avaient décidé de remonter au niveau maximal avant les JO. Il y a eu neuf projets d’attentats déjoués en 2024. Ce qui porte à une cinquantaine le nombre d’attentats déjoués de la mouvance djihadiste depuis 2017 auxquels s’ajoutent une douzaine de l’ultra-droite. Il peut aussi y avoir des passages à l’acte effectifs. Il est très difficile de déjouer les attaques dites "low-cost” ».
Comment la menace a-t-elle évolué ?
Après les attaques projetées sur le territoire français et celles téléguidées depuis l’étranger, la modalité d’action la plus fréquente ces dernières années, c’est le terrorisme d’inspiration. Des personnes inspirées par la propagande djihadiste passent à l’acte mais sans lien opérationnel avec des commanditaires. Elles passent souvent à l’acte seules ou en tout petit groupe mais peuvent se revendiquer d’une organisation.
On voit une multiplication des attaques terroristes en Allemagne. La France risque-t-elle d’être à nouveau touchée ?
« De 2015 à 2017, la France était vue un peu comme le ventre mou de l’Europe par Daech. L’impression que j’ai c’est que c’est l’Allemagne qui est vue comme le ventre mou de l’Europe aujourd’hui, notamment du fait des tensions beaucoup plus fortes dans la société allemande qu’il y a 10 ans. C’est lié aussi à l’arrivée de centaines de milliers de réfugiés, notamment de Syrie et d’Afghanistan. Cette multiplicité d’attaques accentue la polarisation de la société. C’est ce que recherche Daech ».
Le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) est-il utile ?
« Il a été créé en 2015 pour recenser les cas de radicalisation. Après avoir beaucoup grossi, il a été "nettoyé" ces dernières années. Après un pic à plus de 10 000, le nombre de fiches actives est compris entre 4 000 et 4 500. Des personnes fichées se sont retrouvées dans des projets d’attentats suffisamment caractérisés pour qu’elles soient judiciarisées. Entre 4 000 et 4500, cela reste beaucoup et cela ne permet pas de suivre des gens de manière extrêmement serrée même si des techniques de surveillance sont déployées pour ceux qui apparaissent comme les plus dangereux ».
La part de terroristes sous OQTF (Obligation de quitter le territoire français) est-elle élevée ?
« J’avais fait une étude en 2018 qui montrait que sur 137 personnes condamnées pour des faits de terrorisme, il y avait plus de 90 % de Français, dont certains binationaux ».
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