Allemagne : l’AfD ou la stratégie de la surenchère
À mesure qu'il grimpe dans les sondages, le parti d'extrême-droite AfD affiche des positions de plus en plus radicales, flirtant avec les limites de la constitution allemande. Comment cette formation créée en 2013 aborde-t-elle les élections européennes de juin prochain ?
Entre fin janvier et début février dernier, les rues des grandes villes d’Allemagne se sont emplies d’une foule jamais vue depuis la réunification. À Berlin, Hambourg ou Stuttgart, près d’un million et demi de citoyens ont défilé pour clamer leur attachement à la démocratie et surtout leur opposition à Alternativ für Deutschland, le parti d’extrême-droite allemand. Quelques jours plus tôt, le média d’investigation Correctiv révélait en effet que plusieurs cadres de l’AfD avaient participé à une réunion secrète en compagnie d’autres idéologues néonazis pour échafauder un plan de remigration massive, le tout à quelques encablures seulement de Wannsee, où les dignitaires du IIIe Reich avaient élaboré la Solution Finale en 1942. Un symbole et un choc pour l’opinion publique qui se vérifie dans les sondages, où l’AfD perd cinq points en quelques semaines, contraignant la co-présidente du parti Alice Weidel à démentir tout projet.
Il n’en demeure pas moins que la formation flirte toujours avec la barre des 20 % d’intentions de vote, voire 30 % dans les Lander de l’Est, son terrain de prédilection. Il maintient donc pour l’instant son cap stratégique, diamétralement opposé à celui du RN en France : un discours toujours plus radical, tant sur le plan de l’identité nationale, ouvertement définie sur des critères ethniques, que sur le plan géopolitique, avec un positionnement pro-russe et europhobe réaffirmé depuis l’invasion de l’Ukraine et à l’approche des élections européennes de juin prochain.
Comment l’AfD, créée en 2013 en réaction au dogme eurolibéral d’Angela Merkel, est-elle devenue un parti assumant des thèses néonazies ? À l’approche des élections européennes, quelle part de responsabilité impute-t-elle à Bruxelles dans les difficultés rencontrées par les Allemands ? Dans un pays marqué par l’héritage traumatique du nazisme, comment l’extrême-droite est-elle encadrée et surveillée ?
- Valérie Dubslaff, maitre de conférence à l'Université Rennes 2 - Germaniste civilisationniste et historienne - Femmes/genre et extrême droite/populisme/radicalité - Allemagne contemporaine
- Hans Stark, professeur de civilisation allemande contemporaine à Sorbonne Université, conseiller pour les relations franco-allemandes à l’IFRI
- Patrick Moreau, chercheur au CNRS (Laboratoire Dynamiques européennes de l’université de Strasbourg)
> Écoutez le podcast sur le site de France Culture.
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