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Alexeï Navalny, opposant russe [Portrait]

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 citée par Anastasia Becchio sur

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Diplômé d’économie et de droit, opposant et homme politique très en verve en Russie, Alexeï Navalny purge une peine de 15 jours, à l’issue des rassemblements citoyens à Moscou et dans plusieurs villes du pays le 26 mars dernier, pour dénoncer la corruption qui gangrène le régime au pouvoir en Russie. Il est l’Européen de la semaine. 

Contenu intervention médiatique

« Nous sommes le pouvoir ! », scande Alexeï Navalny devant plusieurs dizaines de milliers de personnes rassemblées à Moscou pour protester contre la fraude aux législatives en cet hiver 2011-2012. A l’époque, le grand gaillard blond au regard bleu acier n’est connu que d’une infime partie de la population : la jeunesse et la classe moyenne connectées des grandes villes auxquelles il sait parler. « Il a une manière de s’exprimer directe, simple, avec des slogans forts, explique à RFI Anna Colin Lebedev chercheuse au centre d’Etude des Monde russe, Caucasien et Centre-européen. Il est celui qui, par exemple, a lancé le slogan qualifiant le parti au pouvoir de parti d’escrocs et de voleurs… C’est vraiment un tribun, quelqu’un qui a une personnalité politique réelle, qui parfois vire vers le populisme ».

Privé d'accès aux médias

Au fil des années, Alexei Navalny gagne en notoriété. D’abord simple blogueur anti-corruption, ce diplômé d’économie et de droit, fils de militaire, est devenu aujourd’hui, à 40 ans, un homme politique à part entière, estime Tatiana Kastoueva-Jean, chercheur à l’Institut français des relations internationales. « En septembre 2013, il y a eu un moment très important où Alexeï Navalny s’est présenté aux élections municipales à Moscou et, sans avoir accès à la télévision, il fait plus de 27% des voix à la surprise générale. A partir de ce moment-là, c’est clair qu’il s’agit d’un homme politique d’envergure nationale !»

Un homme politique privé d’accès aux grandes chaînes de télévision, dont l’appel à participer à une manifestation non autorisée, a bien été suivi. Des milliers de personnes sont descendues dans la rue après avoir vu le film de Navalny accusant le Premier ministre Dmitri Medvedev de se trouver à la tête d'un immense empire immobilier financé par des oligarques… « Les gens auxquels ce film est consacré sont au pouvoir depuis 17 ans. Ils ont construit un mécanisme idéal pour transformer les ressources nationales russes en palais et comptes en banque pour eux et leurs enfants ». L’enquête d’une cinquantaine de minutes, publiée sur YouTube, a été vue plus de 15 millions de fois mais n’a suscité qu’indifférence ou dédain de la part des autorités.

La lutte contre la corrution en forme de credo politique

Le pouvoir dépeint régulièrement Navalny comme un ennemi du peuple ou un agent des Etats-Unis parce qu’il passé quelques mois à l’université de Yale. Il le qualifie aussi facilement de criminel, puisqu’il a eu à faire à la justice : des procès qu’il utilise comme une tribune, comme ici en 2013. « Oui je considère que les gens ont le droit de se soulever contre ce pouvoir injuste et corrompu !»

Alors que son frère Oleg, purge en ce moment une peine de prison, Alexei Navalny lui a toujours été condamné à des peines avec sursis. « C’est une dynamique que l’on ne décode pas très bien de la part du pouvoir russe, s’interroge Anna Colin Lebedev. Pourquoi est-ce que Navalny est toujours dehors ?» On arrivera à en démêler la logique un petit plus tard, poursuit la chercheuse, sans doute à l’approche de l’élection présidentielle.

Une présidentielle à laquelle rien ne dit qu’il pourra se présenter. Pourtant Navalny s’est déjà lancé dans la course, avec un site internet, des bureaux de campagne ouverts dans plusieurs points du pays et cette image de moscovite normal, vivant dans un appartement de taille modeste, entouré d’une famille aimante. « Quand vous comparez à Vladimir Poutine par exemple, dont on ne sait pas grand-chose de la vie familiale –on ne voit jamais les photos de la famille- et quand vous mettez en parallèle les photos de Vladimir Poutine avec son chien, avec des animaux, avec le maire de Moscou, avec Dmitri Medvedev, et à côté les photos de Navalny avec sa famille, il y a une forme de « normalité » qui joue en faveur de la personnalité d’Alexeï Navlany », pointe Tatiana Kastoueve-Jean.

Un homme normal qui ne se démonte jamais. « Viendra le moment où ce sera nous qui les jugerons (honnêtement cette fois-ci) » : voilà ce que Navalny a écrit sur Twitter lundi dernier, juste avant d’être incarcéré pour 15 jours.

 

Voir l'article sur le site de RFI

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Tatiana KASTOUÉVA-JEAN

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Directrice du Centre Russie/Eurasie de l'Ifri

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