500 milliards d'euros d'investissements allemands : « Il y aura un effet en France »
Alors que l’Allemagne s’apprête à mettre en place un plan d’investissement record de 500 milliards d’euros, la croissance française pourrait bénéficier des retombées économiques, comme l'explique à La Tribune, Paul Maurice, secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) de l'Ifri.

L'Allemagne s'apprête à voter en faveur d'un large plan d'investissement de 500 milliards d'euros dans les infrastructures, dont une centaine uniquement pour la transition énergétique. Ce plan s'appuie largement sur la création d'une dérogation au frein à l'endettement, jusqu'ici véritable totem dans la politique budgétaire allemande. En outre, cette dérogation pourra s'appliquer à l'avenir également à de futurs investissements dans la défense. Une petite révolution aux yeux des Allemands adeptes de l'orthodoxie budgétaire.
Paul Maurice, Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI) analyse pour La Tribune les conséquences de cette décision allemande sur l'économie française et brosse le portrait d'un couple franco-allemand en plein rapprochement.
LA TRIBUNE - Est-ce que cette inflexion de l'orthodoxie budgétaire allemande peut être perçue comme une réjouissance, voire une victoire en France ?
PAUL MAURICE - Oui, car l'économie française repose en partie sur des règles budgétaires souples, notamment en matière d'endettement. Lorsque l'Allemagne restait inflexible sur son orthodoxie budgétaire, la France jouait alors un rôle moteur dans l'évolution des règles européennes en matière d'endettement. Aujourd'hui, l'assouplissement budgétaire allemand confère à la France une marge de manoeuvre intellectuelle et politique. L'adoption de cette loi au Bundestag est une première étape qui peut être perçue comme une victoire côté français, car si l'Allemagne décide d'augmenter sa dette, elle devra nécessairement adapter les règles du Pacte de Stabilité et de Croissance.
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Une grande partie du plan consiste à simplifier les efforts d'investissement dans le secteur de la défense. Pensez-vous qu'il existe des réticences stratégiques au sein des états-majors européens - et notamment français - concernant un réarmement massif de l'Allemagne ?
Oui, mais ce n'est pas tant le réarmement allemand qui inquiète, mais plutôt son orientation. La crainte principale est que l'Allemagne se tourne vers les États-Unis pour son équipement militaire, ce qui affaiblirait une industrie de défense européenne autonome. Actuellement, 60 % des achats militaires allemands concernent du matériel américain.
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À l'avenir, il faudra que l'Allemagne investisse massivement dans une industrie de défense européenne pour rassurer ses partenaires européens, et particulièrement la France. Il s'agit d'un changement complexe, car l'ADN politique et économique de l'Allemagne est profondément ancré dans l'atlantisme.

Secrétaire général du Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l'Ifri
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