Trump et le Parti républicain : défaite électorale, victoire idéologique ?
Les quatre années du mandat de Donald Trump ont vu le renouvellement de nombreux élus républicains au Congrès. Souvent soutenus par l’ex-président dès les primaires du parti, ils ont été choisis pour leur dévotion envers lui et pour leur soutien aux différents éléments de son programme : si le conservatisme moral et le moins-disant fiscal et environnemental sont des principes anciens du Parti républicain repris par Trump, le nationalisme identitaire (anti-immigration) et économique (protectionniste), la défense des « Blancs non diplômés » présentés comme une minorité opprimée sont des préceptes plus récents apportés par l’ex-président populiste.
Les résultats de novembre 2020 illustrent l’écho que rencontre cette mutation idéologique. Le démocrate Joe Biden a certes remporté 7 millions de voix de plus que son adversaire, mais ces dernières étaient, comme en 2016, inégalement réparties entre les États, et la victoire a échappé de peu au candidat républicain au Collège électoral. Par ailleurs, annonçant une avance beaucoup plus large du candidat démocrate, les sondeurs se sont à nouveau lourdement trompés.
Si Trump a perdu, c’est parce que sa base électorale se confirme être celle des Blancs non diplômés qui ont été proportionnellement moins nombreux dans l’électorat total qu’en 2016. Ces électeurs non diplômés ne sont pas nécessairement les plus modestes (ce qui pose la question de la définition de la « working class » aux États-Unis). Le marqueur clé du vote Trump est donc avant tout l’absence de diplôme et le positionnement anti-élite. On voit d’ailleurs augmenter le vote Trump chez les Hispaniques non diplômés.
Malgré les perspectives d’affaiblissement démographique de cet électorat, le Parti républicain persiste dans son virage idéologique à la veille des élections de mi-mandat de 2022. Les candidats républicains, y compris les possibles remplaçants de Trump que sont les sénateurs Ted Cruz (Texas) et Marco Rubio (Floride), doivent souscrire à la thèse de la fraude électorale massive qui aurait permis la victoire de Joe Biden et au refus d’une condamnation de l’ex-président Trump pour ses appels à l’insurrection du 6 janvier, nouveaux articles de foi du Parti républicain « trumpisé ».
Plus largement, la stratégie du Parti républicain consiste aujourd’hui à poursuivre la mise en place de règles toujours plus favorables aux plus riches du pays. Elle est rendue possible par l’emploi d’une double tactique : d’une part, le déploiement d’une rhétorique identitaire pour recueillir le vote des Blancs non diplômés ; d’autre part, la vaste offensive législative dans les états républicains pour entraver l’exercice du droit de vote chez les minorités.
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