Réduire la taille des portions : Les guerres alimentaires aux États-Unis
A l'heure des négociations sur le TTIP, l'industrie agro-alimentaire américaine fait peur aux Européens. Ayant mis au point des pratiques marketing et des produits alimentaires également malsains, elle est tenue en grande partie responsable de l'épidémie d'obésité qui frappe les Etats-Unis depuis les années 1980. Or, la société civile américaine s'est organisée et les industriels doivent désormais se montrer plus prudents. Quel est l'état du rapport de force aujourd'hui ?
Un vaste processus d’industrialisation de la production de nourriture a démarré aux États-Unis à la fin du XIXe siècle, renforcé par l’apparition des fast-foods dans l’après-guerre.
Dans les années 1970 et 1980, la consommation de junk food s’emballe, entraînée par la mode du supersizing. Consistant à proposer des portions démesurées à un prix réduit, cette technique marketing est rendue possible par l’adoption d’une nouvelle politique agricole qui subventionne la production de maïs et de soja. Son succès tient aussi à la baisse du niveau de vie des petites classes moyennes et l’apparition des « travailleurs pauvres » qui ne peuvent s’offrir qu’une nourriture de mauvaise qualité.
Dans les années 1980, les chiffres de l’obésité explosent. Inégalement répartie dans la population, celle-ci touche surtout les plus pauvres et les plus vulnérables. Elle est donc statistiquement plus élevée dans les communautés noires et latinos. En 2012, 34,9% de la population américaine adulte est obèse et l’épidémie s’est répandue dans le monde entier.
À partir des années 2000, experts et journalistes sonnent l’alarme et la population commence à prendre conscience du problème. Une légère modification des habitudes semble d’ailleurs avoir récemment entraîné un ralentissement de l’épidémie. Mais le problème n’est pas réglé pour autant.
Pour les plus radicaux des food activists, il faut non seulement effacer de la prochaine Farm Bill les subventions fédérales aux grandes exploitations de maïs et de soja, mais aussi rehausser le salaire minimum dans tout le pays. Une réglementation de la publicité pour la junk food, notamment lorsqu’elle cible les minorités, est également proposée sur le modèle des interdictions imposées à l’industrie du tabac.
Les conservateurs, hostiles par principe aux réglementations, préfèrent laisser les individus et les entreprises prendre leurs responsabilités. L’effort lancé en 2010 par la first lady Michelle Obama se situe plutôt sur cette ligne. Elle encourage d’une part la poursuite de larges programmes d’éducation nutritionnelle, et d’autre part le dialogue avec les acteurs du secteur agroalimentaire.
Ces derniers sont bien conscients que leur image est désormais écornée. Ils semblent hésiter entre un lobbying résolu contre toute atteinte à leur business model, et la recherche de bonne foi de solutions qui respectent à la fois leurs intérêts et la santé publique.
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