Nationalism in China and Japan and Implications for Bilateral Relations
Le facteur nationaliste apparaît comme une composante importante des frictions grandissantes opposant la Chine et le Japon.
Au Japon, l’accession de Shinzo Abe pour la seconde fois au poste de Premier ministre, et l’arrivée historique sur la scène politique d’un parti d’extrême droite a renforcé l’impression de franc virage à droite. L’opinion publique est aujourd’hui également plus réaliste face aux menaces directes à la sécurité de l’archipel.
Cette montée en puissance du néonationalisme nippon, qui comporte une dimension antichinoise significative, ne doit toutefois pas être caricaturée comme celle d’un militarisme agressif. Elle reste en outre fortement contenue par les garde-fous démocratiques.
En Chine, la nouvelle équipe dirigeante menée par Xi Jinping emploie avec encore plus de vigueur que la précédente des concepts à connotations patriotiques et nationalistes, tout en se concentrant sur les objectifs traditionnels de développement économique et de stabilité politique. Dans ce contexte, l’utilisation du nationalisme antijaponais par le Parti ne doit pas être surestimée : il est toléré dans une certaine mesure, mais contrôlé voire réprimé dès que les risques de débordements apparaissent.
Le nationalisme est un facteur parmi d’autres dans la mise en place de la politique étrangère chinoise et japonaise. D’autres éléments clés doivent être pris en compte, qui le modèrent ou au contraire l’exacerbent. Les éléments de contrôle des nationalismes restent présents mais se révèlent moins efficaces face à la radicalisation et la sensibilité des opinions publiques. L’accélération des temps des nationalismes et des provocations se combinent aux perceptions de plus en plus antagonistes pour accroître le dilemme de sécurité. Les tensions sont aujourd’hui si fortes qu’un point de non-retour semble avoir été atteint, qui rend impossible la restauration du statu quo ante d’une part, et la réconciliation sur de nouvelles bases d’autre part.
Cette étude est une version enrichie et actualisée de l'Asie.Visions 70. Elle est disponible en anglais : Nationalism in China and Japan and Implications for Bilateral Relations
Alice Ekman est chercheur associé au Centre Asie de l’Ifri, spécialiste de la Chine, et maître de conférences à Sciences Po Paris.
Céline Pajon est chercheur au Centre Asie de l’Ifri, spécialiste du Japon.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLa coopération de sécurité maritime dans le Pacifique
La France joue un rôle important dans la sécurité maritime du Pacifique, notamment à travers la participation active de ses territoires d'outre-mer et la contribution de ses forces armées stationnées aux initiatives de coopération régionale.
L'IA et les normes techniques en Chine et dans l'UE : Priorités divergentes et le besoin de terrain d'entente
Vu le potentiel hautement perturbateur de l'IA, la coopération mondiale en matière de sécurité et de gouvernance de l'IA est primordiale. Cependant, le potentiel profondément transformateur de l'IA garantit également qu'un niveau élevé de concurrence et de rivalité systémique est probablement inéluctable. Comment l'UE peut-elle gérer au mieux sa relation complexe avec la Chine dans le domaine de l'IA afin d'assurer un niveau nécessaire de coopération malgré la concurrence et les rivalités ?
L’essor du programme spatial taïwanais : Construire une industrie, soutenir la sécurité nationale
Taïwan, connu pour son leadership dans le domaine des semi-conducteurs et des technologies de l’information et de la communication (TIC), fait aujourd’hui des progrès significatifs dans l’industrie spatiale. Bien qu’historiquement modeste, le programme spatial taïwanais s’est transformé depuis 2020, sous l’impulsion de la présidente Tsai Ing-wen qui s’est engagée à développer les capacités spatiales du pays. Parmi les étapes clés figurent l’adoption de la loi sur le développement spatial et la création de l’Agence spatiale taïwanaise (TASA), qui a renforcé les ressources et la visibilité des ambitions spatiales de Taïwan.
La surproduction chinoise de puces matures : Des craintes infondées
La Chine, plutôt que d’inonder le marché mondial des semi-conducteurs à technologies matures, s’en dissocie. Si les politiques industrielles chinoises favorisent de plus en plus la production nationale de semi-conducteurs, sa propre demande en puces, en constante augmentation, devrait empêcher une arrivée massive de puces chinoises à bas prix sur les marchés étrangers. Cependant, à mesure que Pékin progresse dans son objectif de réduire la dépendance des industries nationales aux puces étrangères, les entreprises européennes et américaines de semi-conducteurs à technologies matures pourraient ressentir les effets d’un écosystème de semi-conducteurs chinois de plus en plus « involué » (内卷).