Madagascar face à la criminalité multiforme
L’élection présidentielle à Madagascar en décembre 2013 a clôturé une séquence politique de relative paralysie institutionnelle depuis le coup d’État de mars 2009. L’héritage le plus lourd de cette crise est toutefois l’intensification d’une criminalité multiforme. Elle se traduit par des trafics de biens variés: ressources naturelles, espèces protégées ou non, produits illicites, minerais, bois précieux.
La régulation du politique à Madagascar repose sur la construction de « pactes élitaires » composés de réseaux politiques, économiques et sécuritaires interdépendants. Dans ce cadre, les Directions des Douanes, des Mines ou des Impôts sont des structures stratégiques dont le contrôle permet de consolider ce pacte auquel il convient d’appartenir pour être un acteur économique significatif. Les réseaux informels bénéficient de complicités au sein de l’administration : l’économie politique de Madagascar se caractérise par l’accaparement des ressources par les différents membres du « pacte élitaire ».
Lorsque Andry Rajoelina, alors maire d’Antananarivo en 2009, est propulsé à la tête du pays par un coup d’État, il n’a aucune base derrière lui. Il est alors largement prisonnier de ceux qui l’ont fait roi, à savoir un groupe de personnalités politiques, religieuses, de militaires et d’opérateurs économiques en rupture avec le régime de Marc Ravalomanana, président du pays de 2002 à 2009. Au départ, le pacte élitaire est largement horizontal, permettant à de nombreux acteurs de s’enrichir, contrairement au système très pyramidal mis en place par son prédécesseur.
Au fil de la transition, le pouvoir s’est recentralisé et le pilotage des réseaux de l’économie grise avec. Madagascar est alors entré dans une phase de « criminalisation de l’État » : l’État s’est reconstruit sur un système où la frontière entre l’illicite et le licite est devenue floue. Les réseaux de l’économie souterraine ont indistinctement enrichi les acteurs précités. Ils ont dans le même temps permis la stabilisation de l’économie réelle et la légitimation du président de transition dont le souci était de préserver la fidélité de ceux qui l’ont porté au pouvoir en leur concédant des prérogatives.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Madagascar face à la criminalité multiforme
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLe dilemme de la relation militaire franco-africaine : réinventer ou tourner la page ?
L’origine de la présence et de la coopération militaires en Afrique remonte au pacte tacite de la décolonisation de l’Afrique francophone. Cette coopération a permis la création des armées africaines des anciennes colonies et s’inscrivait dans le projet visant à éviter l’expansion du communisme et à maintenir l’influence de la France dans les pays nouvellement indépendants.
L'évolution de la diplomatie des villes en Afrique : impact, potentiel et défis actuels des activités internationales des villes africaines
Au cours des dernières décennies, les villes africaines se sont hissées au rang des principaux acteurs de l’évolution de la diplomatie des villes. En effet, les municipalités du continent ne se sont pas seulement adaptées aux nouvelles tendances de la coopération internationale. Elles ont façonné l’approche actuelle du partenariat où les autorités locales du monde entier travaillent ensemble pour relever des défis urbains communs tels que le changement climatique, la migration et la justice sociale.
La Haute Autorité à la consolidation de la paix (HACP) au Niger 2011-2023. Placer l’État au cœur de la prévention et de la gestion des conflits
Comme les autres pays sahéliens, le Niger est touché par le terrorisme depuis maintenant presque deux décennies. Ce phénomène a mis en lumière à la fois les limites des appareils sécuritaires de ces pays mais également, de manière plus profonde, leur incapacité à offrir une stabilité aux populations de certaines parties de leur territoire. D’une certaine manière ces « insurrections djihadisées » s’inscrivent dans la continuité de groupes qui, régulièrement prennent les armes contre les États centraux.
Le président spirituel du Kenya et la création d'une nouvelle république : William-Ruto, les évangéliques du Kenya et les mobilisations religieuses dans la politique électorale africaine
Au cours des deux dernières décennies, un nouveau paradigme est apparu en Afrique de l’Est et dans la Corne de l’Afrique : l’influence croissante des églises évangéliques et de leurs dirigeants dans les dynamiques électorales. La croissance numérique et démographique de ces mouvements religieux semble aller de pair avec leur rôle de plus en plus marqué dans la vie politique de ces deux régions, une présence qui a un impact sur les processus électoraux, mais aussi sur les sociétés et les formes que prend la gouvernance.