Les migrations de travailleurs originaires du Caucase du Nord et d’Asie centrale vers les principales métropoles russes, le dynamisme des débats sur l’islam de Russie conduits sur le RuNet (l’Internet en langue russe) et le mariage de convenance à première vue paradoxal entre l’Église orthodoxe russe et les muftiats sont autant d’éléments qui contribuent à cette convergence d’intérêts entre le régime et les composantes musulmanes du pays — loin de la vision simpliste véhiculée par les médias occidentaux d’une Russie qui serait intrinsèquement opposée à l’islam.

Cette étude se propose d’analyser l’équilibre subtil entre, d’un côté, la sécurisation de l’islam(isme) au nom de la stabilité du pays et la concorde interethnique, et, de l’autre, la nécessité pour le Kremlin de ménager ses citoyens musulmans, base électorale fidèle cautionnant ses pratiques autoritaires et les valeurs conservatrices dont il fait la promotion.

Marlène Laruelle est professeure à l’université George Washington (Washington D.C.), directrice de l’Institut pour les études européennes, russes et eurasiennes (IERES), directrice de l’Illiberalism Studies Program et co-directrice du programme PONARS-Eurasia. Depuis janvier 2019, elle est chercheure associée au Centre Russie/NEI de l’Ifri. Elle travaille sur les questions liées à la montée des mouvements populistes et illibéraux, sur le renouveau de la pensée conservatrice et sur les transformations idéologiques et les questions d’identité nationale dans l’espace post-soviétique, en particulier en Russie. 

Ce contenu est disponible en anglais : Russia’s Islam: Balancing Securitization and Integration 

Il est également disponible en russe : Ислам в России. Поиск баланса между безопасностью и интеграцией