L’exode du siècle : une nouvelle vague d'émigration russe
L’assaut lancé par la Russie contre l’Ukraine n’a pas seulement modifié les contours de la géopolitique mondiale ; il a aussi profondément affecté la société russe en incitant de très nombreuses personnes indépendantes d’esprit à quitter le pays.
L’ampleur et les motifs de cet exode massif le rendent comparable à celui qui s’est produit il y a environ un siècle, après que les bolcheviks eurent cimenté leur contrôle sur la Russie. Une fois de plus, la Russie a poussé à l’exil plus d’un million de personnes partageant les valeurs occidentales, bien au fait des dernières tendances internationales et capables de participer au développement des secteurs les plus avancés de l’économie mondiale.
Selon nous, cet exode, qui sape considérablement le capital humain et social de la Russie, pourrait devenir un facteur de revitalisation de l’économie européenne. C’est ce qu’indique l’analyse des effets que la présence des « relocalisés » a eus sur les pays où la plupart d’entre eux se sont installés en 2022 : États post-soviétiques, Turquie, Serbie, Monténégro et Émirats arabes unis. Comme dans les années 1920, les États occidentaux peuvent tirer profit des Russes désireux de s’intégrer dans les sociétés d’accueil et d’y contribuer économiquement plus que de ceux qui se consacrent à la « lutte révolutionnaire » contre le régime actuel de Moscou, une lutte qui pourrait se révéler aussi peu efficace que celle de la « première vague d’émigration » contre les Soviétiques il y a cent ans.
Les responsables politiques européens auraient donc tout intérêt à accueillir ces nouveaux arrivants en tant que « professionnels russes », et non en tant que « Russes professionnels » — et cela, quelle que soit leur attitude à l’égard de la politique de Moscou.
Vladislav Inozemtsev est un économiste russe, docteur en sciences économiques. Il dirige le Centre de recherches sur la société postindustrielle, qu’il a fondé en 1996.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
L’exode du siècle : une nouvelle vague d'émigration russe
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLa relation russo-iranienne à l'épreuve de l'escalade militaire au Moyen-Orient
Les relations entre Téhéran et Moscou ont connu un nouvel élan depuis le début de la guerre en Ukraine, passant d'une relation transactionnelle et asymétrique depuis 1991 à la construction d'un véritable partenariat stratégique. Néanmoins, malgré l’approfondissement des coopérations militaire, spatiale, cyber, policière et nucléaire civile, Moscou se montre réticent à s’engager directement aux côtés de Téhéran contre les États-Unis et leurs alliés au Moyen-Orient. Des différences de statut et d’approches freinent ainsi toujours la construction d’une alliance anti-occidentale entre la Russie et l’Iran.
La Russie a-t-elle des alliés ? Chine, Iran, Corée du Nord
Dimitri Minic, chercheur au Centre Russie/Eurasie, a contribué au RAMSES 2025 avec l'article « La Russie a-t-elle des alliés ? Chine, Iran, Corée du Nord » pages 192 - 195.
Moldova’s Foreign Policy after 2024 Presidential Elections: Staying on the EU Path, Moving Eastwards or Becoming Multi-vector?
L'avenir de la politique étrangère de la Moldavie sera mis à l'épreuve lors des prochaines élections présidentielles du 20 octobre 2024.
Mer Noire : rivalités et enjeux de sécurité européenne
Avec l'annexion de la Crimée en 2014, puis l'invasion de l'Ukraine de février 2022, la Russie a cherché à renforcer son emprise sur la mer Noire.