L'énergie en Asie du Sud-Est : de l'intégration des réseaux à l'intégration des marchés
L’Asie du Sud-Est est l’une des régions les plus dynamiques au monde et connaît une croissance économique et énergétique élevée. La demande d’énergie de la région devrait continuer sa forte croissance, augmentant de 75 % d’ici 2040, tirée par une économie régionale qui devrait tripler en taille et une population qui devrait croître de plus de 20 % d’ici 2040.
Cette formidable croissance crée des défis environnementaux, financiers et de sécurité d’approvisionnement. L’ASEAN (Association of Southeast Asian Nations), qui s’est constituée en communauté économique depuis fin 2015, entend répondre à ces défis en améliorant la connectivité énergétique et la coopération régionale afin d’assurer la sécurité énergétique, l’accès à l’énergie pour tous à un prix abordable et la durabilité du mix énergétique. En particulier, dans les secteurs de l’électricité et du gaz, la région promeut l’intégration des marchés et un renforcement de la sécurité énergétique à travers deux projets : l’ASEAN Power Grid (APG) et le Trans-ASEAN Gas Pipeline (TAGP). Ces deux projets, lancés au début des années 2000, ont connu des évolutions et réorientations stratégiques importantes depuis 2013-2014.
L’APG a pour but d’aider les États membres à répondre à la forte croissance de la demande d’électricité et à améliorer l’accès aux services énergétiques dans la région en renforçant les échanges d’électricité transfrontaliers, en optimisant les capacités de production d’électricité, ainsi qu’en encourageant leur partage. Alors que les interconnexions électriques développées depuis la création du projet sont uniquement bilatérales, depuis 2014, l’ASEAN développe l’interconnexion sur une base multilatérale et projette de commencer le commerce d’électricité au niveau sous-régional d’ici 2018. La région étudie également la mise en place éventuelle d’un marché électrique régional fondé sur le modèle du marché des pays nordiques européens, Nord Pool.
Alors que le TAGP visait initialement l’interconnexion par gazoduc du réseau gazier de la région, les évolutions de l’industrie gazière régionale et mondiale ont conduit à une réorientation stratégique du projet. Face à la montée en puissance des importations régionales de gaz naturel liquéfié (GNL), le projet a été reformulé en 2013 pour intégrer l’accès aux terminaux de regazéification du GNL. Son orientation vise maintenant l’amélioration de la connectivité gazière au sein de la région afin d’accroître la sécurité énergétique et l’accessibilité au gaz naturel via les gazoducs et les terminaux de regazéification, favorisant ainsi l’utilisation du gaz dans la région.
Depuis le lancement des deux projets, l’interconnexion physique des réseaux électriques et gaziers s’est améliorée mais les contraintes institutionnelles et financières ont empêché la réalisation de l’objectif initial de réseaux régionaux intégrés. La réorientation vers l’intégration des marchés plutôt que l’intégration des réseaux, la mise en place des conditions financières, institutionnelles, réglementaires et techniques nécessaires à cette intégration, la démarche pragmatique et progressive adoptée par le plan d’action des projets, et la forte volonté politique au niveau de l’ASEAN de créer un marché énergétique intégré, devraient permettre à la région de réaliser son objectif et d’en tirer tous les bénéfices en matière d’utilisation optimale des ressources énergétiques régionales et de leur partage.
Pour lire l'étude, télécharger le document ci-dessous.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
L'énergie en Asie du Sud-Est : de l'intégration des réseaux à l'intégration des marchés
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesL’essor du programme spatial taïwanais : Construire une industrie, soutenir la sécurité nationale
Taïwan, connu pour son leadership dans le domaine des semi-conducteurs et des technologies de l’information et de la communication (TIC), fait aujourd’hui des progrès significatifs dans l’industrie spatiale. Bien qu’historiquement modeste, le programme spatial taïwanais s’est transformé depuis 2020, sous l’impulsion de la présidente Tsai Ing-wen qui s’est engagée à développer les capacités spatiales du pays. Parmi les étapes clés figurent l’adoption de la loi sur le développement spatial et la création de l’Agence spatiale taïwanaise (TASA), qui a renforcé les ressources et la visibilité des ambitions spatiales de Taïwan.
La surproduction chinoise de puces matures : Des craintes infondées
La Chine, plutôt que d’inonder le marché mondial des semi-conducteurs à technologies matures, s’en dissocie. Si les politiques industrielles chinoises favorisent de plus en plus la production nationale de semi-conducteurs, sa propre demande en puces, en constante augmentation, devrait empêcher une arrivée massive de puces chinoises à bas prix sur les marchés étrangers. Cependant, à mesure que Pékin progresse dans son objectif de réduire la dépendance des industries nationales aux puces étrangères, les entreprises européennes et américaines de semi-conducteurs à technologies matures pourraient ressentir les effets d’un écosystème de semi-conducteurs chinois de plus en plus « involué » (内卷).
La Chine en quête d'un saut quantique
La course mondiale pour exploiter les sciences quantiques s'intensifie. Reconnaissant le potentiel stratégique des technologies quantiques pour le développement économique, militaire et scientifique, la Chine concentre ses efforts sur des percées scientifiques afin de rééquilibrer le rapport de force, notamment dans sa compétition avec les États-Unis. Le président Xi Jinping a souligné l'importance de l'innovation scientifique, en particulier dans les domaines quantiques, pour stimuler le développement national et garantir la sécurité.
L’approvisionnement énergétique de Taïwan : talon d’Achille de la sécurité nationale
Faire de Taïwan une « île morte » à travers « un blocus » et une « rupture de l’approvisionnement énergétique » qui mènerait à un « effondrement économique ». C’est ainsi que le colonel de l’Armée populaire de libération et professeur à l’université de défense nationale de Pékin, Zhang Chi, décrivait en mai 2024 l’objectif des exercices militaires chinois organisés au lendemain de l’investiture du nouveau président taïwanais Lai Ching-te. Comme lors des exercices ayant suivi la visite de Nancy Pelosi à Taipei en août 2022, la Chine avait défini des zones d’exercice faisant face aux principaux ports taïwanais, simulant de fait un embargo militaire de Taïwan. Ces manœuvres illustrent la pression grandissante de Pékin envers l’archipel qu’elle entend conquérir et poussent Taïwan à interroger sa capacité de résilience.