Le vote religieux dans les présidentielles américaines 2024
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Blandine Chelini-Pont, l’une des meilleurs spécialistes du sujet, nous donne ici son analyse des évolutions de l’électorat religieux pour les élections de novembre 2024.

Comme l’a théorisé le chercheur Robert Wuthnow, l’électorat religieux américain s’est reconfiguré sur de nouvelles lignes politiques depuis les années 1980. Désormais, chaque confession se divise entre conservateurs pratiquants, qui votent républicain ; et progressistes peu ou pas pratiquants, qui votent démocrate. Michele Margolis apporte une précision quant au comportement des chrétiens issus des minorités : ce sont les protestants et catholiques pratiquants blancs qui votent républicain ; la majorité des électeurs non blancs et/ou non chrétiens et moins ou non pratiquants vote démocrate.
Cette réalité semble avantager Donald Trump en 2024 : il séduit bien entendu la « droite religieuse », qui représente encore 35 % de l’électorat, lui proposant au surplus les thèses du nationalisme chrétien. Mais d’autres groupes issus des minorités rejoignent le vote Trump, tels que les Latinos évangéliques et les Africains-Américains pentecôtistes adeptes du Prosperity Gospel. Enfin, l’affaire de Gaza vient renforcer le vote républicain chez les évangéliques sionistes et les juifs orthodoxes, tandis qu’elle pourrait provoquer une abstention punitive pour le camp démocrate chez les électeurs propalestiniens d’origine arabe ou musulmane.
De son côté, le Parti démocrate compte sur le vote des « nones » (athées, agnostiques et sans église particulière) devenu dominant et privilégie des thèmes sociétaux qui leur conviennent, tels que la posture pro-choice et la défense des causes LGBTQ+. Ce faisant, il ignore trop souvent le reste de ses électeurs religieusement affiliés. Kamala Harris attire pourtant un électorat religieux renouvelé et en expansion démographique, grâce à sa vision plus positive, mélioriste de la religion et de la situation des États-Unis. La messe n’est pas dite.
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