Le programme spatial de l'Inde. Evolution et compétition internationale
Le programme spatial indien a considérablement évolué au cours des cinq dernières décennies.
Initialement axé sur l’exploitation de l’espace à des fins développementales (avec des satellites de télécommunications et de télédétection destinés à aider les agriculteurs indiens), le programme indien a progressivement glissé vers l'exploration spatiale (notamment vers la Lune et Mars). Cette réorientation a été une réussite et le programme spatial indien s’appuie désormais non seulement sur une solide capacité de lancement et des systèmes de télédétection par satellites étendus, mais aussi sur un programme scientifique complet d’exploration spatiale.
La prochaine étape importante pour l’Inde est l’envoi d’ici 2022 de sa première mission spatiale habitée, Gaganyaan. Cet objectif ambitieux est important pour diverses raisons : tout d’abord il s’agit d’une étape logique compte tenu de l’évolution du programme spatial. Bien que l’intérêt économique d’une telle opération n’aille pas immédiatement de soi, à plus long terme de telles missions ont de grandes chances de générer des retombées technologiques. Par ailleurs, la mission Gaganyaan permettra d’accroître l’importance et la visibilité du programme spatial indien. Il s’agit d’un aspect que l’Inde ne doit pas hésiter à souligner dans un contexte de concurrence accrue.
Le programme spatial indien est également de plus en plus marqué par des préoccupations de sécurité nationale. La principale raison de cette évolution tient à la montée des menaces auxquelles l’Inde doit faire face dans ce domaine, en particulier en provenance du Pakistan et de la Chine. Au fil du temps, l’inde se sent de plus en plus contrainte de suivre le rythme du développement des capacités pakistanaises en matière de missiles balistiques. Par ailleurs le premier essai anti-satellite (ASAT) réussi par la Chine en janvier 2007 a fait prendre conscience à l’Inde de sa vulnérabilité et l’a incitée à envisager de développer sa propre capacité anti-satellitaire, au moins à titre dissuasif.
Alors que les caractéristiques militaires de son programme spatial deviennent plus évidentes, l'Inde s'éloigne également de sa position traditionnelle de non-militarisation de l'espace. Bien que la ligne officielle reste la même, l'Inde se montre de plus en plus déterminée quant à la manière dont elle veut protéger ses équipements dans l'espace ainsi que ses infrastructures terrestres et les services liés à son programme spatial. Au cours de la dernière décennie, New Delhi a notamment mis en place une architecture institutionnelle destinée à prendre en charge la dimension spatiale de sa sécurité nationale. Ainsi, une agence spatiale de défense (DSA), qui devrait être le précurseur d'un commandement aérospatial à part entière, a été créée en avril 2019.
Exploitant les synergies entre les sphères spatiale et militaire, le programme spatial indien se poursuit donc, non seulement en raison des besoins du pays en matière de développement, mais aussi sous la pression de facteurs géopolitiques qui voient les rivalités de puissances s’exprimer de manière croissante via la militarisation de l’espace.
Cette publication est disponible uniquement en anglais.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesCambodge-Thaïlande : un accord de paix en trompe-l’oeil
Après le Moyen-Orient, Donald Trump a vu en Asie du Sud-Est une nouvelle opportunité de consolider son image de président faiseur de paix. Confirmée à la dernière minute par la Maison-Blanche, sa participation au sommet de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) a ainsi été conditionnée à l’organisation en grande pompe d’une cérémonie de signature d’un accord de paix entre le Cambodge et la Thaïlande.
Un an de présidence Prabowo : entre populisme économique et reflux démocratique
Élu à presque 60 % des suffrages en février 2024, Prabowo Subianto est officiellement devenu le huitième président de la République indonésienne le 20 octobre 2024. Adoubé par son prédécesseur et ancien rival, Joko « Jokowi » Widodo, porté par une immense popularité, en particulier auprès de la jeunesse, le nouveau chef de l’État n’a pas tardé à mettre en œuvre son programme pour une « Indonésie qui avance » (Indonesia Maju).
États-Unis/Taïwan : le temps de la confusion stratégique
En s’opposant à la volonté de la Chine d’annexer Taïwan, les États-Unis d’Amérique contribuent, depuis des décennies, au maintien du statu quo, toute tentative d’invasion chinoise entraînant, avec une potentielle intervention américaine, le risque d’une nouvelle guerre mondiale. Mais dans l’agitation suscitée par les conséquences internationales du retour au pouvoir de Donald Trump, une question sème le trouble dans les esprits : à l’égard de Taïwan, quelle sera l’attitude d’une administration dédaigneuse des alliés des États-Unis mais obsédée par la compétition avec la Chine ?
Le gouvernement NPP au Sri Lanka : d'un changement de système à une conformité structurelle
En septembre 2024, Anura Kumara Dissanayake, un outsider relatif dans le système politique sri-lankais dominé par deux partis, a remporté les élections présidentielles. Le mouvement populiste anti-establishment qu'il représentait, le National People's Power (NPP), a ensuite obtenu un mandat écrasant lors des élections générales de novembre 2024, remportant 159 sièges sur les 225 que compte le parlement.