La MINUSCA en Centrafrique. Les casques bleus impopulaires
Déployée depuis 2014, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation de la République centrafricaine (MINUSCA) cristallise l’hostilité des Centrafricains, qui se traduit par des manifestations publiques et des discours virulents multiples. La « Minuscaphobie » centrafricaine s’inscrit certes dans la recherche d’un bouc émissaire mais elle repose en grande partie sur les déficiences réelles et avérées de la mission onusienne.
Les manifestations contre la MINUSCA sont devenues habituelles à Bangui, depuis plusieurs années. Les dernières ont été organisées à l’occasion du renouvellement de son mandat en novembre 2021 : quelques centaines de personnes se sont réunies devant le quartier général de la mission avec des pancartes affichant « MINUSCA meurtrière ». Quelques jours avant, la garde présidentielle avait ouvert le feu contre un véhicule onusien et blessé dix casques bleus égyptiens. Dans sa fuite rocambolesque, le véhicule avait heurté mortellement une jeune Centrafricaine. Un épisode qui symbolise la dégradation progressive et constante des relations entre MINUSCA et Centrafricains.
Cependant, les protestations contre la MINUSCA n’ont pas toujours été aussi pacifiques. A plusieurs reprises, les manifestants en colère ont ciblé directement le personnel onusien ou ses biens, comme en 2018, quand une opération militaire de la MINUSCA dans le troisième arrondissement de Bangui avait provoqué plusieurs morts et blessés parmi les civils. Alors que des jets de pierres et d’autres agressions contre la MINUSCA se produisaient dans tout le pays, les corps de dix-sept personnes décédées pendant l’opération avaient été déposés devant le quartier général de la mission à Bangui.
Depuis son déploiement en 2014, l’impopularité de la MINUSCA n’a cessé de croître et de prendre des formes et expressions diverses, au point de faire de la « Minuscaphobie » un des rares sujets consensuels parmi les Centrafricains. Cette note vise à analyser les causes de ce sentiment populaire et à en fournir une interprétation basée sur une connaissance fine de l’évolution du conflit centrafricain. Les actions des parties prenantes de ce conflit et leurs prises de position publiques et privées sont bien connues des auteurs de cette note qui ont vécu le conflit centrafricain depuis son commencement dans des fonctions diverses, y compris au sein de la MINUSCA.
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