Entre crise politique et tentative de relance européenne : interrogations allemandes
Si la Grande coalition formée par la CDU-CSU (Union chrétienne-démocrate d'Allemagne–Union chrétienne-sociale en Bavière) a été reconduite à l’issue des législatives allemandes du 24 septembre 2017, et si Angela Merkel a été réélue chancelière pour un quatrième mandat successif, le pays est entré dans une période d’incertitude politique croissante. La formation du nouveau gouvernement a été particulièrement longue, marquée par le refus des libéraux d’entrer dans une coalition avec la CDU-CSU et les Verts, par les hésitations du SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne) à revenir au pouvoir, et surtout par les divisions internes entre partis frères de la CDU et de la CSU, qui ont failli provoquer la chute du nouveau gouvernement trois mois à peine après sa formation.
Ces crises à répétition sont le fruit de la montée en force du parti national-populiste AfD (Alternative pour l’Allemagne), devenu le troisième parti d’Allemagne, de la réorientation du parti libéral, mais aussi et surtout de l’érosion des partis traditionnels de rassemblement, qui s’interrogent sur leur profil idéologique. La CDU-CSU est déchirée entre courants politiques opposés, tandis que le SPD, dont la crise s’inscrit aussi dans le déclin des partis socialistes européens, lutte pour sa survie.
Dans ce contexte, l’Allemagne est plus focalisée sur ses problèmes de politique intérieure et de société que sur les grands enjeux européens, lesquels divisent les partis au pouvoir. Il n’y a pas, à l’heure actuelle en Allemagne, de majorité favorable à des réformes européennes de grande ampleur. Faute de consensus interne, Berlin ne sera donc pas en mesure de jouer dans les mois à venir, avec la France, un rôle de moteur de la construction européenne.
Depuis 1991, Hans Stark est secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Institut français des relations internationales (Ifri), où il consacre l’essentiel de ses travaux à la politique étrangère et à la politique européenne de l’Allemagne.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Entre crise politique et tentative de relance européenne : interrogations allemandes
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analyses70e anniversaire du Cerfa. Genèse, histoire et visions pour les relations franco-allemandes
Le Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) a été créé en 1954 par un accord intergouvernemental entre la République fédérale d’Allemagne et la France, afin de mieux faire connaître l’Allemagne en France et analyser les relations franco-allemandes y compris dans leurs dimensions européennes et internationales.
Trente-cinq ans après la chute du mur de Berlin : à l’Est quoi de nouveau ?
À l’occasion du 9 novembre 2024, qui voit célébrer le 35e anniversaire de la chute du mur de Berlin, partons d’un constat : le mur de Berlin n’est pas « tombé » dans la nuit du 9 novembre 1989.
La politique étrangère de l’Allemagne : une transformation inachevée
Dans un discours du 27 février 2022 devant le Bundestag, le chancelier Olaf Scholz a qualifié la rupture provoquée par l'intervention russe en Ukraine de « changement d'époque » (Zeitenwende). Ces mots puissant marquent la fin de la retenue et d'une certaine forme de naïveté allemande. Tiraillé entre la nécessité de conserver les bonnes grâces de l'allié américain et celle de ménager le partenaire commercial chinois, Berlin est mis face à ses propres contradictions.
L'Allemagne et l'OTAN : la nécessité d'un engagement accru
La guerre d'Ukraine fait prendre brutalement conscience à l'Allemagne de la vulnérabilité de son territoire et révèle l'état d'impréparation de son armée pour participer à u conflit de haute intensité.