Allemagne : réformes, contestations et nouvelles donnes politiques
Par les réformes ambitieuses du marché du travail et des systèmes sociaux qu'il comporte, l'"Agenda 2010" du gouvernement Schröder divise la classe politique et mécontente une partie de la population allemande. Aussi les dernières élections régionales en Sarre, Saxe, Brandebourg et en Rhénanie-du-Nord-Westphalie se sont-elles soldées par une recomposition du paysage politique dont l'analyse doit pourtant résister aux conclusions trop hâtives.
Si ces élections ont confirmé le déclin du SPD au premier abord, il semblerait précipité d'attribuer cette défaite aux réformes du chancelier et d'annoncer une fin de l'"ère Schröder". Bien qu'en contradiction avec les valeurs du parti social-démocrate, celles-ci bénéficieraient pourtant - à côté du soutien des leaders syndicaux et des écologistes - de l'assentiment de la majorité de la population allemande. Gerhard Schröder pourrait donc renouveler son mandat de Chancelier en 2006 s'il tient bon la barre des réformes.
La situation d'Angela Merkel, présidente de la CDU, s'avère, au contraire, bien plus délicate. Malgré ses succès électoraux, sa majorité au Bundesrat et sa co-responsabilité dans les réformes sociales, la CDU-CSU ne parvient à parler d'une seule voix et donc à présenter un programme de gouvernement crédible. Ceci freine inéluctablement la marche d'Angela Merkel à la chancellerie, dont certains verraient même d'un bon œil le retrait de la présidence de la CDU. D'autant plus que les succès électoraux des chrétiens-démocrates restent relatifs, puisque les voix perdues par la SPD ont bien plus servi les partis extrêmes (NPD,DVU / PDS) que la CDU-CSU: un phénomène par ailleurs inquiétant, observable dans les Länder de l'Est, traduisant le désarroi d'une population confrontée au chômage n'acceptant pas ce qu'elle considère comme un démembrement de l'Etat social allemand.
Hans Stark est secrétaire général du Cerfa.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Allemagne : réformes, contestations et nouvelles donnes politiques
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLe grand entretien des élections européennes
Marie Krpata, chercheuse au Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa), Ifri et Almut Möller, Director for European and Global Affairs (EPC), Head of the Europe in the World programme ont été interviewées sur les résultats des élections européennes en France et en Allemagne : Quels sont les thèmes clés qui ont marqué la campagne électorale dans chaque pays et ceux qui l'ont ensuite déterminées ? Quels rôle la guerre en Ukraine a-t-elle joué dans la campagne électorale ? Comment expliquer le glissement significatif vers la droite en moyenne européenne lors de cette élection ?
70e anniversaire du Cerfa. Genèse, histoire et visions pour les relations franco-allemandes
Le Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) a été créé en 1954 par un accord intergouvernemental entre la République fédérale d’Allemagne et la France, afin de mieux faire connaître l’Allemagne en France et analyser les relations franco-allemandes y compris dans leurs dimensions européennes et internationales.
Trente-cinq ans après la chute du mur de Berlin : à l’Est quoi de nouveau ?
À l’occasion du 9 novembre 2024, qui voit célébrer le 35e anniversaire de la chute du mur de Berlin, partons d’un constat : le mur de Berlin n’est pas « tombé » dans la nuit du 9 novembre 1989.
La politique étrangère de l’Allemagne : une transformation inachevée
Dans un discours du 27 février 2022 devant le Bundestag, le chancelier Olaf Scholz a qualifié la rupture provoquée par l'intervention russe en Ukraine de « changement d'époque » (Zeitenwende). Ces mots puissant marquent la fin de la retenue et d'une certaine forme de naïveté allemande. Tiraillé entre la nécessité de conserver les bonnes grâces de l'allié américain et celle de ménager le partenaire commercial chinois, Berlin est mis face à ses propres contradictions.