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Les projets de villes nouvelles en Afrique sont déconnectés des besoins réels des populations

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interviewée par Marie de Vergès dans

  Le Monde
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La création de « smart cities » et autres pôles urbains modernes ne permet pas de répondre aux défis du continent en matière d’urbanisation, prévient la chercheuse Sina Schlimmer, dans un entretien au « Monde ».

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Diamniadio
Diamniadio
(c) Nowaczyk/Shutterstock.com
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Diamniadio et désormais Akon City au Sénégal, Konza Technopolis au Kenya, Sèmè City au Bénin… De nombreux projets et chantiers de villes nouvelles ont été lancés en Afrique au cours des années 2010. Chercheuse au centre Afrique subsaharienne de l’Institut français des relations internationales et autrice de l’étude « Villes nouvelles, villes politiques. Diversification des acteurs et recentralisation du pouvoir étatique dans le cas de Diamniadio » parue en janvier, Sina Schlimmer revient sur ces utopies urbaines souvent présentées comme une solution au développement anarchique des agglomérations du continent.

Les projets de villes nouvelles se multiplient en Afrique. Pourquoi cet engouement ?

En réalité, il s’agit rarement de villes créées ex nihilo comme les discours le laissent penser. Sur les terrains dévolus à Diamniadio, Eko Atlantic City au Nigeria ou Konza Technopolis, il y avait déjà une vie urbaine, parfois informelle, ou une vie agricole. Les villes nouvelles sont davantage un label que l’on colle à des projets de réaménagement urbain. Elles sont utilisées comme des vitrines pour affirmer aux investisseurs qu’on peut créer des poumons socio-économiques intégrés à l’économie internationale, loin des images souvent associées aux grandes agglomérations africaines, comme la pollution, les embouteillages et la pauvreté. Le secteur privé est d’ailleurs très présent, à travers les cabinets d’expertise ou les entreprises de BTP turques, chinoises, européennes, associés aux gouvernements parfois en formant des partenariats public-privé.

Ces villes sont toujours des projets politiques, et elles sont présentées comme devant servir une cause et remplir des fonctions spécifiques. Par exemple, Diamniadio était censée permettre de désengorger Dakar et offrir du logement social. A Konza City, l’accent a été mis sur les technologies et la promesse de voir fleurir de nouveaux secteurs économiques.

Y a-t-il des projets aboutis ?

On observe souvent des écarts très importants entre les plans sur le papier et la réalité. Par exemple, Diamniadio est devenue une ville avant tout événementielle, avec un grand stade sportif, un centre de conférences, une hôtellerie destinée aux compagnies aériennes. Quinze ans après le lancement du projet, l’objectif d’accueillir les Dakarois en mal de logements ne s’est pas réalisé. Au Nigeria, dans le quartier d’Eko Atlantic City, des constructions ont vu le jour et sont partiellement habitées, mais cela prend du temps. L’appropriation par la population cible est faible car les logements et services construits ne sont souvent pas accessibles financièrement à une majorité urbaine vivant au-dessous du seuil de pauvreté.

Ces villes nouvelles sont pourtant présentées comme une réponse à l’urbanisation exponentielle du continent…

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Sina SCHLIMMER

Sina SCHLIMMER

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Chercheuse, responsable du programme de recherche Gouverner la transition urbaine en Afrique, Centre Afrique subsaharienne de l'Ifri

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