Tatiana Kastouéva-Jean : « Le temps d’un dialogue stratégique franco-russe n’est pas encore venu »
La marge de manœuvre du président français lors de sa visite à Saint-Pétersbourg jeudi 24 mai est très limitée, estime la politologue Tatiana Kastouéva-Jean de l'Ifri. Emmanuel Macron est le quatrième hôte de l’Elysée que Vladimir Poutine a connu pendant ses dix-huit ans au sommet du pouvoir russe.
Diplomatie : les limites de la méthode Macron sur la scène mondiale
Servi par son image, Macron a exercé une diplomatie proactive et pragmatique. Mais il tarde à obtenir des résultats concrets et paraît isolé en Europe. « France is back ! », aime à répéter Emmanuel Macron.
Les cinq épisodes où Macron a imprimé sa marque en politique étrangère
FOCUS - Partisan d'une approche pragmatique dans les relations internationales, Emmanuel Macron impose sa marque par la défense des accords sur le climat, le renfort du couple franco-allemand ou encore la relance des relations avec Poutine.
Est-ce que la France peut devenir la puissance européenne la plus utile à la Chine ?
Décryptage avec Claude Meyer, professeur à Sciences Po et conseiller au Centre Asie de l’IFRI, auteur de L’Occident face à la renaissance de la Chine – Défis économiques, géopolitiques et culturels Odile Jacob, Claude Martin, diplomate et Gilles Guiheux, chercheur, directeur de l’Institut de préparation à l’administration générale (Ipag).
Politique étrangère : et si Donald Trump réussissait ?
En matière de politique étrangère, le président Etats-Unien enchaîne les décisions contestées. Pourtant, la popularité de Donald Trump remonte. L’aurait-on sous-estimé ?
French president sweeps into DC with 'more articulated, credible' foreign policy
PARIS - -- French President Emmanuel Macron has been notably active on the national scene since his election last year, launching initiatives aimed at modernizing France. He has also applied the same energy to foreign policy, with a global strategy dubbed "France is back."
La diplomatie française selon Emmanuel Macron
Quelles sont les principales caractéristiques de la politique étrangère d’Emmanuel Macron ? S’inscrit-elle dans la continuité de celle de ses prédécesseurs ? Thomas Gomart, directeur de l'Ifri revient sur la diplomatie française selon Emmanuel Macron.
La France a-t-elle vocation à être le gendarme du monde ?
Intervention en Syrie, défense européenne, visite aux Etats-Unis, guerre au Mali… La France se positionne aujourd’hui dans de nombreux dossiers internationaux. Quel est le rôle du pays dans la nouvelle géopolitique mondiale ?
"Macron a su nouer une relation avec Trump"
Thomas Gomart*, directeur de l'Institut français des relations internationales (IFRI), analyse le style présidentiel à l'international. Un an après son élection et un démarrage en trombe sur le plan international, le bilan d'Emmanuel Macron paraît contrasté. Pourquoi ?
Macron, de Jupiter à Diplomator
Face à Trump, le président de la République parie sur le pragmatisme. L'annonce, le délai, puis l'attente d'une intervention occidentale en Syrie - afin de sanctionner le récent usage d'armes chimiques par l'armée de Bachar el-Assad, le samedi 7 avril, dans la Ghouta - relancent la discussion sur les capacités militaires de la France, notamment ses forces de projection.
A ce sujet, une étude très complète de l'Institut français des relations internationales (Ifri) vient apporter à point nommé des pistes de réflexion intéressantes. Ce document synthétique est précieux pour comprendre les enjeux auxquels se trouve confronté le président de la République, par ailleurs promoteur affirmé d'une politique extérieure aussi ambitieuse que tendue vers l'action.
Le poids de la relation personnelle
Emmanuel Macron a lancé un effort budgétaire louable et tracé des perspectives rassurantes. 1,7 milliard d'euros supplémentaires par an durant les quatre premières années de la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, suivis de 3 milliards d'euros entre 2023 et 2025, de quoi porter le budget de la Défense à 50 milliards d'euros et à 2% du PIB en 2025 (conformément aux exigences formulées sur ce dernier point par Donald Trump envers ses alliés de l'OTAN).
Dans cet accroissement, l'accent sera mis sur l'autonomie stratégique de la France, c'est-à-dire les drones, les satellites et les effectifs attachés à la fonction "connaissance et anticipation". Mais l'ensemble de la LPM apparaît surtout comme un investissement de "régénération du potentiel" plus que comme une "remontée en puissance". Avec deux conditionnalités : d'une part, l'ensemble de ce dispositif budgétaire ne sera bien mené à terme que si Macron est réélu en 2022, d'autre part, ces lignes de crédit ne disent rien de ce que seront les options stratégiques majeures et la "doctrine" suivie.
Sur ce dernier point, les regards se tournent évidemment vers Washington, où le président français se rendra en visite officielle, du 23 au 25 avril prochains. Car c'est de là que proviennent non pas des réponses mais des questions, entre lesquelles Emmanuel Macron devra slalomer. Il l'a fait jusqu'ici avec talent et virtuosité ; en particulier, il a impeccablement saisi à quel point la relation personnelle entre deux chefs d'Etat est une donnée essentielle qui influe autant sur la ligne suivie que sur les marges d'action. A ce titre, malgré les nombreux coups de menton, les foucades et les formules à l'emporte-pièce de Donald Trump, le "coefficient individuel" de Macron l'a non seulement épargné, mais il lui a laissé une liberté de parole des plus utiles.
Alors que l'administration Trump a annoncé qu'elle fera savoir, le 12 mai, si elle annule ou pas l'accord sur le nucléaire iranien (conclu par Barack Obama en 2015), le président français (à l'unisson avec la Première ministre britannique et la Chancelière allemande) va déployer à Washington tout son savoir-faire pour obtenir la reconduction de cet essai de rationalisation diplomatique avec l'Iran, que les Européens jugent crucial à bon escient.
Le pari de l'entente
Pour y parvenir, mais la barre est très haut, Emmanuel Macron, le président de "l'action", va devoir remiser plusieurs de ses grandes idées pour se lover dans les creux de la réalité américaine, qui se révèle d'une rare complexité. Notamment, il n'hésitera pas à mettre en avant les points d'entente entre les Etats-Unis et la France et à donner des gages à Trump, ce qui est supposé inciter ce dernier à se montrer plus compréhensif à l'égard de l'accord sur le nucléaire iranien. C'est en tout cas le raisonnement suivi. Dans l'étude de l'Ifri, le chapitre intitulé "Trump et Macron : le pari de l'entente" énumère les sujets de convergence : le Mali et la lutte antiterroriste, le soutien au G5 Sahel, la Corée du Nord, l'Irak et, bien sûr, la Syrie, où les deux présidents ont placé leurs opinions publiques respectives dans l'expectative. Si les Américains y vont, on ira ; sinon... Pour tout dire, ne pas s'entendre serait encore plus dommageable dans le contexte actuel des relations internationales.
C'est sans doute la seule option diplomatique possible pour peser un tant soit peu face au fantasque Donald Trump. Sera-ce suffisant pour le faire douter ? C'est très improbable. La chercheuse Laurence Nardon, de l'Ifri, rappelle que les décisions controversées du président américain "ont été adoptées pour des raisons de politique intérieure afin de prouver à son électorat la force de ses convictions idéologiques (anti-environnementales, protectionnistes, anti-Iran et pro-Israël). Il serait invraisemblable qu'il change d'avis alors que des élections de mi-mandat ont lieu en novembre 2018 aux Etats-Unis". Et de conclure : "Il faudrait donc attendre fin 2018 ou début 2019 pour espérer une inflexion côté américain."Sans parler du durcissement de la politique étrangère américaine, incarné par la nomination toute fraîche de deux "faucons" notoires, Mike Pompeo (secrétaire d'Etat) et de John Bolton (conseiller à la sécurité nationale). Emmanuel Macron fait un pari qui, là encore, s'inscrit dans la durée...
Macron, an I. Quelle politique étrangère ?, Sous la direction de Thomas Gomart et Marc Hecker, Ifri, avril 2018.
Voir l'édito sur le site de L'Express
"Macron a su nouer une relation avec Trump"
Thomas Gomart*, directeur de l'Institut français des relations internationales (IFRI), analyse le style présidentiel à l'international. Un an après son élection et un démarrage en trombe sur le plan international, le bilan d'Emmanuel Macron paraît contrasté. Pourquoi ?
Macron, de Jupiter à Diplomator
Face à Trump, le président de la République parie sur le pragmatisme. L'annonce, le délai, puis l'attente d'une intervention occidentale en Syrie - afin de sanctionner le récent usage d'armes chimiques par l'armée de Bachar el-Assad, le samedi 7 avril, dans la Ghouta - relancent la discussion sur les capacités militaires de la France, notamment ses forces de projection.
A ce sujet, une étude très complète de l'Institut français des relations internationales (Ifri) vient apporter à point nommé des pistes de réflexion intéressantes. Ce document synthétique est précieux pour comprendre les enjeux auxquels se trouve confronté le président de la République, par ailleurs promoteur affirmé d'une politique extérieure aussi ambitieuse que tendue vers l'action.
Le poids de la relation personnelle
Emmanuel Macron a lancé un effort budgétaire louable et tracé des perspectives rassurantes. 1,7 milliard d'euros supplémentaires par an durant les quatre premières années de la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, suivis de 3 milliards d'euros entre 2023 et 2025, de quoi porter le budget de la Défense à 50 milliards d'euros et à 2% du PIB en 2025 (conformément aux exigences formulées sur ce dernier point par Donald Trump envers ses alliés de l'OTAN).
Dans cet accroissement, l'accent sera mis sur l'autonomie stratégique de la France, c'est-à-dire les drones, les satellites et les effectifs attachés à la fonction "connaissance et anticipation". Mais l'ensemble de la LPM apparaît surtout comme un investissement de "régénération du potentiel" plus que comme une "remontée en puissance". Avec deux conditionnalités : d'une part, l'ensemble de ce dispositif budgétaire ne sera bien mené à terme que si Macron est réélu en 2022, d'autre part, ces lignes de crédit ne disent rien de ce que seront les options stratégiques majeures et la "doctrine" suivie.
Sur ce dernier point, les regards se tournent évidemment vers Washington, où le président français se rendra en visite officielle, du 23 au 25 avril prochains. Car c'est de là que proviennent non pas des réponses mais des questions, entre lesquelles Emmanuel Macron devra slalomer. Il l'a fait jusqu'ici avec talent et virtuosité ; en particulier, il a impeccablement saisi à quel point la relation personnelle entre deux chefs d'Etat est une donnée essentielle qui influe autant sur la ligne suivie que sur les marges d'action. A ce titre, malgré les nombreux coups de menton, les foucades et les formules à l'emporte-pièce de Donald Trump, le "coefficient individuel" de Macron l'a non seulement épargné, mais il lui a laissé une liberté de parole des plus utiles.
Alors que l'administration Trump a annoncé qu'elle fera savoir, le 12 mai, si elle annule ou pas l'accord sur le nucléaire iranien (conclu par Barack Obama en 2015), le président français (à l'unisson avec la Première ministre britannique et la Chancelière allemande) va déployer à Washington tout son savoir-faire pour obtenir la reconduction de cet essai de rationalisation diplomatique avec l'Iran, que les Européens jugent crucial à bon escient.
Le pari de l'entente
Pour y parvenir, mais la barre est très haut, Emmanuel Macron, le président de "l'action", va devoir remiser plusieurs de ses grandes idées pour se lover dans les creux de la réalité américaine, qui se révèle d'une rare complexité. Notamment, il n'hésitera pas à mettre en avant les points d'entente entre les Etats-Unis et la France et à donner des gages à Trump, ce qui est supposé inciter ce dernier à se montrer plus compréhensif à l'égard de l'accord sur le nucléaire iranien. C'est en tout cas le raisonnement suivi. Dans l'étude de l'Ifri, le chapitre intitulé "Trump et Macron : le pari de l'entente" énumère les sujets de convergence : le Mali et la lutte antiterroriste, le soutien au G5 Sahel, la Corée du Nord, l'Irak et, bien sûr, la Syrie, où les deux présidents ont placé leurs opinions publiques respectives dans l'expectative. Si les Américains y vont, on ira ; sinon... Pour tout dire, ne pas s'entendre serait encore plus dommageable dans le contexte actuel des relations internationales.
C'est sans doute la seule option diplomatique possible pour peser un tant soit peu face au fantasque Donald Trump. Sera-ce suffisant pour le faire douter ? C'est très improbable. La chercheuse Laurence Nardon, de l'Ifri, rappelle que les décisions controversées du président américain "ont été adoptées pour des raisons de politique intérieure afin de prouver à son électorat la force de ses convictions idéologiques (anti-environnementales, protectionnistes, anti-Iran et pro-Israël). Il serait invraisemblable qu'il change d'avis alors que des élections de mi-mandat ont lieu en novembre 2018 aux Etats-Unis". Et de conclure : "Il faudrait donc attendre fin 2018 ou début 2019 pour espérer une inflexion côté américain."Sans parler du durcissement de la politique étrangère américaine, incarné par la nomination toute fraîche de deux "faucons" notoires, Mike Pompeo (secrétaire d'Etat) et de John Bolton (conseiller à la sécurité nationale). Emmanuel Macron fait un pari qui, là encore, s'inscrit dans la durée...
Macron, an I. Quelle politique étrangère ?, Sous la direction de Thomas Gomart et Marc Hecker, Ifri, avril 2018.
Voir l'édito sur le site de L'Express
« La France tente de rentrer dans le jeu diplomatique »
La déclaration du président en faveur d’une réunion internationale sur la Syrie s’inscrit dans un contexte marqué par une complexité et une confusion croissantes, rendant plus difficile la recherche d’une solution politique. Le conflit n’est plus seulement entre l’opposition et le régime, entre groupes djihadistes, entre ces groupes et le régime ou entre Kurdes et djihadistes.
La fabrique de la politique étrangère
Tournée africaine, visites d'Etats en Chine, en Tunisie, réception de Donald Trump et Vladimir Poutine en France... Quelle politique se dessine derrière l'activité diplomatique d'Emmanuel Macron ? Selon quels principes et quels impératifs se conçoit et se met en œuvre cette politique étrangère ?
Alice Ekman : « Le soft power chinois se durcit »
Alice Ekman est chercheuse responsable des activités Chine au Centre Asie de l'Institut français des relations internationales. Elle a dirigé l'ouvrage collectif La Chine dans le monde (CNRS Éditions, à paraître en février). Et fait partie des experts consultés par le chef de l'État pour préparer sa première visite d'État en Chine, qui s'est achevée mercredi.
Macron reclama unidad a Europa para tratar con China sin perder terreno
Llegó con un caballo de regalo para el presidente Xi Jinping y reclamando reciprocidad comercial a China. Durante su estancia de tres días se proyectó como la voz más prominente de la Unión Europea, con un estilo seductor —encandiló a los ciudadanos lanzándose a pronunciar frases en mandarín— y un discurso firme.
Chine : Macron super star... et après ?
La visite du Président Macron en Chine est-elle réussie ? Discours ambitieux, vision à long terme, retour au multilatéralisme, repositionnement de la France et de l'Europe au coeur du jeu diplomatique, une coopération rééquilibrée avec la Chine, les nouvelles routes de la soie, contrats et opportunités pour la France - retour sur les enjeux de la visite officielle du Président Macron en Chine.
La France peut-elle discuter d’égal à égal avec la Chine ?
Emmanuel Macron est en Chine. C'est sa première visite en tant que président sur le continent asiatique, et ce n'est pas un hasard s'il a choisi la puissance majeure du continent. Celle qui compte et qui comptera de plus en plus, démographiquement et économiquement bien sûr, mais aussi diplomatiquement et militairement.
Macron en Afrique : le discours et la méthode
En déplacement au Burkina Faso, en Côte-d’Ivoire et au Ghana, le président français doit s’adresser à la jeunesse. Comme ses prédécesseurs, il promet une rupture, qui paraît difficile.
Emmanuel Macron à Riyad : la France a-t-elle un plan pour le Moyen-Orient ?
La première visite d’Emmanuel Macron dans le Golfe Persique ce week-end se voulait culturelle et symbolique avec l’ouverture du Louvre à Abu Dhabi. Elle s’est muée en épreuve diplomatique avec une visite surprise en Arabie Saoudite. Ce détour met la diplomatie française face à ses ambitions au Moyen-Orient : dans l’urgence, c’est notamment un test de son implication auprès du Liban, partenaire «séculaire» disait Emmanuel Macron en août aux ambassadeurs, et dont le Premier Ministre démissionnaire est toujours en Arabie Saoudite.
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L'Ifri, fondation reconnue d'utilité publique, s'appuie en grande partie sur des donateurs privés – entreprises et particuliers – pour garantir sa pérennité et son indépendance intellectuelle. Par leur financement, les donateurs contribuent à maintenir la position de l’Institut parmi les principaux think tanks mondiaux. En bénéficiant d’un réseau et d’un savoir-faire reconnus à l’international, les donateurs affinent leur compréhension du risque géopolitique et ses conséquences sur la politique et l’économie mondiales. En 2024, l’Ifri accompagne plus de 70 entreprises et organisations françaises et étrangères.