Les Etats arabes face à la contestation islamiste
Pour une analyse approfondie des relations complexes entre les Etats arabes (Algérie, Arabie Saoudite, Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie, Yémen) et les mouvements de contestation islamistes.
Les Etats arabes sont-ils aujourd'hui armés pour faire face à la vague de contestation politique à fondement religieux, autrement dit l'islamisme, qui au cours de ces deux dernières décennies a fini par s'imposer comme la principale force d'opposition aux pouvoirs en place ? L'éventail des stratégies étatiques de répression, d'endiguement, de cooptation ou d'alliance déployé constitute-t-il la réponse appropriée à la crise de légitimité profonde que traversent ces régimes? Dans quelle mesure la nature de la relation entre l'Etat et l'islamisme détermine-t-elle l'évolution des structures du pouvoir, de sa relation avec la société civile et de ses choix politiques internes comme externes, en un mot sa stabilité ?
Pour répopndre à ces questions, cet ouvrage s'est résolument situé dans l'optique de l'acteur étatique lui-même, prenant ainsi à contre-pied les nombreux travaux qui s'étaient surtout attachés à analyser sle phénomène islamiste en tant que tel, ses origines, sa nature, les causes de son émergence et de son ampleur. L'intérêt légitime, mais quelque peu exclusif, accordé jusque-là à l'acteur islamiste semblait suggérer que les mouvements islamistes 'menaient la danse' face à des régimes arabes ayant perdu l'initiative sur le terrain, se contentant de réagir ponstuellement aux coups de boutoir ld'une contestation de plus en plus offensive.
A l'inverse, les dix études de cas développées ici –Algérie, Arabie Saoudite, Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie, Yémen– se sont attachées à analyser en profondeur le mode de gestion par l'Etat de la contestation islamiste et de ses implications directes sur la légitimité et la stabilité des pouvoirs établis. La diversité et la complexité des expériences en la matière, d'un pays à l'autre, comme à l'intérieur d'un même pays, suggèrent qu'il n'existe pas de stratégies 'clefs-en-mains' pour gérer un phénomène qui, loin d'être uniforme et monotlithique, donc prévisible, n'acquiert désormais de lisibilité et de pertinence que vu sous l'angle spécifiquement national de sa relation à l'Etat.
A propos des auteurs :
Wahid Abdel Meguid est responsable du secteur d'études arabes au Al-Ahram Center for Political and Strategic Studies (Le Caire).
Ziad Abu-Amr est professeur associé en science politique à l’Université de Birzeit (Cisjordanie) et membre du Conseil palestinien.
Hélé Béji, écrivain et philosophe, a enseigné la littérature française à la Faculté des lettres et à l'Ecole normale supérieure de Tunis.
Amina Bekkali, anthropologue, est co-auteur: Le Mouvement national marocain et la question arabe. Essai d'historisation 1947-1986, Beyrouth, 1992.
Nahla Chahal, maître de conférence en sociologie politique à l’Université libanaise, collabore régulièrement à des revues politiques et culturelles arabes.
May Chartouni-Dubarry est chargée de recherche à l'Ifri (Moyen-Orient et monde arabe).
Renaud Detalle est chercheur au Centre français d'études yéménites à Sanaa (Yémen).
Bassma Kodmani-Darwish est responsable des études sur le monde arabe à l'Ifri et maître de conférences à l'université de Marne-la-Vallée.
Gema Martin-Munoz est professeur de sociologie du monde arabe et islamique à l’Université autonome de Madrid et directrice du département Maghreb/Proche-Orient au Centro Español de Relaciones Internacionales.
Madawi al-Rasheed, anthropologue, enseigne au département de théologie et d'études religieuses au King’s College de l'Université de Londres.
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La France a-t-elle encore une politique arabe ?
Dès la fin de la guerre d’Algérie, la France a systématiquement repris contact avec les pays arabes qui avaient rompu les relations diplomatiques au moment de la malheureuse expédition de Suez de 1956. Ainsi se sont renouées ou nouées des relations actives et souvent confiantes, y compris avec des pays où elle était absente, comme les émirats du Golfe. Le président Chirac a voulu formaliser et conforter cette orientation lorsque le 6 mars 1996, à l’université du Caire, il a évoqué la « politique arabe et méditerranéenne » de la France. Par-delà quelques principes communs, il s’agissait naturellement d’une politique à géométrie variable selon les pays, avec la volonté d’être présent dans cet ensemble de pays qui sont nos voisins proches, situés dans une zone stratégique et dont d’importantes communautés vivent en France. Très tôt attachée à contribuer à la paix entre Israël et les pays arabes, la France prône une politique équilibrée entre le maintien de la sécurité d’Israël et le soutien du processus de paix israélo-palestinien qui donnerait le droit à l’autodétermination des Palestiniens et à la création d’un État. À cet égard, l’année 2007 représente une rupture due à l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy qui sur ce plan, comme sur d’autres, a pris le contre-pied de son prédécesseur. Depuis lors, la politique de la France dans cette région n’a plus la même priorité, réagit plus qu’elle n’agit et semble flotter entre une volonté de maintenir ses liens avec les pays arabes et une certaine complaisance à l’égard d’Israël.