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Prix bas du pétrole : l’« OPEP+ » dans la tourmente

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Le 22 juin 2018, les Ministres du Pétrole des membres de « l’OPEP+ », l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole et ses nouveaux alliés de circonstance, parmi lesquels la Russie, le Kazakhstan et l’Azerbaïdjan, se rassembleront à Vienne pour évoquer le statut et le devenir de leur accord de restriction de la production qui est en place depuis novembre 2016 et court jusqu’à fin décembre 2018. Cette étude analyse l’impact de la baisse des prix du pétrole sur dix des principaux producteurs qui se sont ainsi alliés pour limiter leur production, faire baisser les stocks et faire remonter les prix.

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Cet accord historique de novembre 2016 entre l’OPEP et certains producteurs non membres du cartel a changé la donne pour les marchés pétroliers, dans la mesure où l’Arabie Saoudite a accepté de baisser sa production (et donc implicitement ses exportations) et que la Russie s’est parallèlement engagée à reporter l’augmentation de sa production de liquides qui atteignait alors des niveaux records.

 

Dans le contexte de la forte baisse des prix du pétrole fin 2014, qui a perduré jusqu’en 2016, cette étude prend la mesure de la dégradation de la situation économique de dix grands pays producteurs au cours de ces dernières années, encourageant ces derniers à capitaliser sur la présente hausse des prix du pétrole, en augmentant leurs niveaux de production lorsque cela est possible. Cette option est d’autant plus attrayante que la baisse de la production au Venezuela est désormais plus importante que la restriction de production consentie par l’Arabie Saoudite.

 

En outre, le maintien des niveaux actuels de production comporte des risques car les tendances de marché vont aujourd’hui au-delà des attentes des producteurs : les prix ont de nouveau passé la barre des 80$ par baril et les stocks ont largement diminué. Avec les récents développements en Iran et au Venezuela, les prix pourraient attendre les 90$ par baril dans un avenir proche. Les qualités de stratèges de la Russie et de l’Arabie Saoudite vont être mises à l’épreuve car elles doivent désormais faire évoluer leur alliance ad hoc, pour la rendre plus opérationnelle et plus cohérente avec l’état des marchés pétroliers. Des prix du pétrole trop élevés risqueraient de ralentir l’économie mondiale et la demande de pétrole, mais aussi d’accélérer la croissance de la production hors OPEP : en 2017, la production additionnelle de liquides d’hydrocarbures des Etats-Unis atteignait déjà 700 000 barils par jour, compensant de fait la restriction de production consentie par l’Arabie Saoudite, et l’on s’attend à ce que la production américaine et ses exportations continuent d’augmenter. En 2018, la croissance de la production hors OPEP devrait excéder la croissance de la demande mondiale, mais les tensions géopolitiques sont fortes et poussent les prix à la hausse.

 

La production totale de liquides de l’OPEP a augmenté de seulement 400 000 barils par jour en 2017, par rapport à 2016, du fait du dynamisme de la production en Libye et en Irak. Ces développements illustrent bien dans quelle mesure les niveaux de production de référence utilisés dans l’accord OPEP+ étaient élevés. Avec le retour des sanctions américaines, la production iranienne, actuellement de 2,5 millions de barils par jour, pourrait légèrement décroitre mais il est aussi probable que la Chine, l’Inde, et peut-être également la Russie et d’autres, trouvent des façons d’accéder à cette ressource, possiblement avec un rabais sur le prix, dans la mesure où le respect des sanctions prises unilatéralement par les Etats-Unis pourrait bien de ne pas être total. Au Venezuela, la production a chuté de 700 000 barils par jour et est passée en dessous des 1,5 millions de barils par jour sur les dix-huit derniers mois. Elle pourrait bien encore décroitre de 300 000 barils par jour au vu de l’ampleur de la crise économique et politique et du risque que de nouvelles sanctions américaines soient mises en place.

 

En gardant l’accord inchangé, l’OPEP se retrancherait dans une position défensive qui nuirait potentiellement à sa capacité de s’entendre et d’influencer efficacement les marchés pétroliers à l’avenir : cela supposerait de poursuivre les restrictions de production, sauf à ce que la baisse observée au Venezuela se poursuive, de perdre des revenus et des parts de marché, tout en prenant le risque que certains membres ou alliés soient moins disciplinés dans le respect de leurs cibles de production. À l’inverse, augmenter la production OPEP+ pour la seconde moitié de 2018 permettrait d’éviter d’accélérer l’affaiblissement de la position de marché de l’OPEC, ce qui devrait être un objet de préoccupation majeur. Reste à voir comment l’Arabie Saoudite s’accommodera de ces nouvelles réalités, sachant qu’un prix du pétrole élevé serait de bonne augure pour l’introduction en bourse de Saudi Aramco, et que le Président Trump a aussi exprimé son mécontentement de voir les prix à la pompe grimper aux Etats-Unis, quelques mois avant les élections de mi-mandat. 

Cette étude est disponible en anglais uniquement : « Navigating the Storm: "OPEC+" Producers Facing Lower Oil Prices »

 

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978-2-56567-883-4

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Marc-Antoine EYL-MAZZEGA

Intitulé du poste

Directeur du Centre énergie et climat de l'Ifri

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Carole MATHIEU

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Ancienne Responsable des politiques européennes au Centre Énergie et Climat de l'Ifri

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Le Centre énergie et climat de l’Ifri mène des activités et recherches sur les enjeux géopolitiques et géoéconomiques des transitions énergétiques. Il travaille à la fois sur les enjeux de sécurité énergétique, de compétitivité, de maîtrise des chaînes de valeur, et d'acceptabilité. Spécialisé dans l’étude des politiques européennes de l’énergie et du climat, et des marchés de l’énergie en Europe et dans le monde, ses travaux portent aussi sur les stratégies énergétiques et climatiques des grandes puissances comme les Etats-Unis, la Chine ou l’Inde. Il offre une expertise reconnue, enrichie de collaborations internationales et d'événements à Paris et à Bruxelles, notamment.

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