Les défis de la transformation du secteur électrique européen. Concurrence, numérique et réseaux
Le secteur électrique européen fait face à trois grands défis : la décarbonation, la digitalisation et la décentralisation.
Les risques sont multiples : qu’il n’y ait pas suffisamment d’investissements dans les nouvelles capacités de production bas carbone ni dans les réseaux ; que l’insertion des technologies de stockage de l’électricité et de flexibilité du système se fasse à des coûts très élevés et de manière inefficace ; que l’interaction entre les grands réseaux et infrastructures et les microsystèmes soit mal pensée et coordonnée ; que la digitalisation des systèmes électriques nourrisse une nouvelle fracture numérique ; que nos systèmes électriques soient contrôlés de manière croissante par les GAFAMI (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, IBM) ou des acteurs chinois ; que la sécurité des approvisionnements et la décarbonation ne soient pas garanties.
L’approche dogmatique qui a présidé à la libéralisation de l’électricité en Europe, fondée sur une confiance absolue dans les mécanismes du marché mais avec des exceptions qui se sont multipliées au point d’entraver leur efficacité, a fragilisé les opérateurs historiques, lesquels sont confrontés à de nouveaux défis : un marché de gros qui n’envoie pas les bons signaux, une révolution numérique qui attire de nouveaux entrants peu enclins à investir dans des capacités électriques, des réseaux en pleine mutation à l’échelle locale comme à l’échelle mondiale.
Il faut une vision industrielle de la concurrence qui permette à ces opérateurs de financer les investissements massifs nécessaires à la transition énergétique tout au long de la chaîne électrique sachant que la production va devenir de plus en plus décarbonée et les réseaux de plus en plus intelligents. Il appartient aux pouvoirs publics de répondre aux trois questions qui vont conditionner l’évolution du secteur dans les prochaines années : d'une part, jusqu’où faut-il décentraliser la production d’électricité et, d’autre part, comment faut-il réguler les activités de réseaux pour intégrer les nouvelles technologies du numérique ? Et comment réconcilier le marché avec le déploiement à grande échelle des énergies renouvelables (ENR) indispensables pour décarboner mais qui, malgré la baisse de leurs coûts de déploiement, nécessiteront toujours des subventions et des solutions pour pallier leur intermittence ?
Les compagnies d’électricité doivent connaître les réponses qui seront apportées par la puissance publique pour se positionner par rapport à de nouveaux acteurs de la transition : les territoires, les producteurs décentralisés, les entreprises pétrolières et distributeurs d’énergie, les constructeurs automobiles et les opérateurs du numérique...
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