Le renouveau du secteur nucléaire aux États-Unis. De "Make America Great Again" à l’"Energy Dominance"
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Face au déclassement de l’industrie nucléaire américaine au cours de la dernière décennie, l’administration Trump s’est lancée dans de grands programmes de soutien afin de revitaliser la filière.

Ces programmes bénéficient généralement d’un soutien bipartisan : il s’agit de stopper le retard technologique sur les rivaux chinois et russes, et de créer de nouvelles bases économiques et technologiques dans un objectif de leadership global.
Appuyés dans certains États par la reconnaissance du rôle du nucléaire dans la lutte contre le réchauffement climatique, ainsi que par un assouplissement des régulations, les exploitants américains ont pu pérenniser l’activité de réacteurs en difficulté après la fermeture de plusieurs tranches non compétitives ou situées dans des régions opposées à l’énergie nucléaire. De gros efforts pour diminuer les charges d’exploitation, tout en améliorant la sûreté, sont réalisés, notamment en matière d’innovation sur les combustibles ou dans la maintenance prédictive, avec le soutien des autorités fédérales. Ils ont déjà permis une baisse de 25 % du coût du mégawattheure (MWh) du nucléaire historique aux États-Unis, qui s’établit désormais autour de 30 dollars ($)/MWh.
De plus, les exploitants, accompagnés du Department of Energy (DOE), commencent également à envisager la production de dihydrogène avec la chaleur et l’électricité provenant de leurs réacteurs afin de diversifier leurs sources de revenus.
Le chantier des AP1000 de Vogtle voit enfin sa conclusion prochaine, et a permis de redévelopper les compétences nécessaires à la renaissance qui s’annonce. Elle s’appuiera principalement sur des développements à l’export et une mobilisation de tous les moyens pour contrer les industries rivales, notamment chinoises : l’administration américaine redouble d’agressivité contre l’influence de la Chine, ce qui pourrait ne pas être sans conséquences pour les industriels français.
Le changement de paradigme vers les Small Modular Reactors (SMR) et les réacteurs avancés, poussé à la fois par les anciennes majors du secteur mais aussi par un écosystème récent de start-ups, est irrémédiablement enclenché, et les projets commencent à fleurir avec le soutien du DOE et l’accueil favorable de la Nuclear Regulatory Commission (NRC), l’autorité de sûreté américaine. Cette dynamique a pris une dimension continentale grâce aux rapprochements en cours avec les acteurs canadiens, notamment autour d’une standardisation commune. Bien que l’AP1000 puisse encore être exporté dans des pays partenaires où les États-Unis peuvent peser diplomatiquement, les développeurs de SMR sont mis en avant par l’administration afin de conquérir des parts de marché. Une stratégie particulièrement active se déploie en Europe centrale et de l’Est, afin de repousser autant que possible les acteurs russes ou chinois.
Néanmoins les opportunités de coopération entre les acteurs français et américains sont nombreuses dans le domaine nucléaire, que ce soit pour la construction d’infrastructures de recherche comme le Versatile Test Reactor, ou encore le développement et la commercialisation conjointe de nouveaux concepts, notamment le SMR Nuward.
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