L’avenir de la supériorité aérienne. Maîtriser le ciel en haute intensité

La supériorité aérienne, concept clé dans l’art de la guerre occidental, définit le degré de maîtrise de l’air dans un conflit armé. Condition nécessaire mais non suffisante à la victoire militaire, elle permet de concentrer les efforts aériens au profit des autres objectifs stratégiques et de prémunir les autres armées d’une attrition insupportable. Elle s’obtient par un emploi offensif de la puissance aérienne dans un effort interarmées, afin de neutraliser la puissance aérienne adverse.

Les évolutions récentes de la menace aérienne russe et chinoise remettent en question la capacité occidentale à acquérir la supériorité aérienne, en particulier dans le domaine des défenses sol-air qui présentent un formidable défi aux forces aériennes européennes. La prolifération de technologies balistiques et hypersoniques, la dronisation, l’accès à des moyens avancés de guerre électronique et l’exploitation naissante de la très haute altitude constituent des ruptures capacitaires ayant le potentiel de contourner ou d’épuiser la domination aérienne occidentale.
Le combat aérien de la décennie à venir devrait rester dominé par la furtivité radar et l’impératif de neutralisation des défenses sol-air adverses (SEAD), mais verra aussi un avantage donné aux modèles de force qui auront basculé de la logique de plateformes vers une logique de saturation et de distribution tout en maîtrisant un certain nombre de technologies clés.
Le modèle de force français est construit autour de la dissuasion et de la défense aérienne du territoire métropolitain. Il atteint ses limites pour peser efficacement en coalition dans un conflit de haute intensité, en particulier en raison d’impasses sur la furtivité et la SEAD, et du volume insuffisants des flottes, des équipements de mission et des munitions.
Plusieurs recommandations sont formulées dans cette étude :
- maintenir la pertinence à court et moyen termes de la flotte actuelle d’avions de combat français en modernisant leurs équipements de mission et leur armement ;
- passer d’une logique de plateformes à une logique de capteurs et d’armement distribués travaillant collaborativement pour massifier l’engagement des forces aériennes ;
- à moyen terme, sortir l’aviation de chasse de la spirale augustinienne en ne payant le prix des capacités les plus haut de spectre que là où elles sont indispensables, et construire une force différenciée entre stand-in et standoff.
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