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Quel avenir pour les relations irano-européennes ?

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Quel avenir pour les relations irano-européennes?
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Compte-rendu rédigé par Louis Denisty, stagiaire, Ifri Bruxelles 

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Clément Therme a proposé de s’interroger sur la nature et les fondements  des relations irano-européennes. Il a distingué les relations bilatérales de l’Iran avec les pays européens d’une part, ses rapports avec l’Union Européenne, qui passent davantage par le Conseil et par le Haut Représentant pour la PESC Javier Solana que par la Commission d’autre part, et enfin ses relations avec le trio des pays qui négocient la question nucléaire, la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. L’ensemble de ces relations est d’autant plus complexe qu’intervient du côté iranien le facteur idéologique.

 

Contexte historique

L’orateur a tout d’abord rappelé que les relations entre l’Iran et l’Europe reposent sur une histoire riche et ancienne. Avant la Révolution islamique, l’Iran du Shah avait signé avec la CEE un Accord d’Association en 1963, renouvelé en 1972. Après avoir été un obstacle à ses relations avec l’Europe, la fin de la guerre avec l’Irak a poussé l’Iran, au début des années 1990, à fortement développer ses relations bilatérales avec les pays de l’UE. Dans la perspective de sa reconstruction économique et notamment de ses infrastructures énergétiques, l’Iran a augmenté ses échanges commerciaux avec les pays européens. Le besoin de technologies pour le développement des secteurs pétrolier et gazier a ainsi été à l’origine de ce rapprochement.

 

L’Iran entre Europe et Amérique

La politique américaine, notamment par le biais de la loi d’Amato (1995) qui interdit aux entreprises américaines d’effectuer de larges investissements en Iran, a alors largement divergé de la politique européenne, dictée par des intérêts énergétiques communs. L’UE n’a quant à elle jamais mis sur pied une telle législation contre les entreprises  bien que celle–ci soit largement contournée par les compagnies américaines. Européens et Américains ont en commun l’embargo décrété sur les ventes d’arme à l’Iran, ouvrant une brèche dans laquelle la Russie n’a, elle, pas hésité à s’engouffrer. Le rapprochement politique et commercial de l’Iran avec l’Europe s’est matérialisé par la mise en place du « dialogue critique » entre 1992 et 1997. Si le dialogue a été rompu sur la question des Droits de l’Homme, question sur laquelle la Suisse est le seul interlocuteur de Téhéran, l’UE et l’Iran coopèrent étroitement dans plusieurs autres domaines comme la lutte contre le trafic de drogue, le blanchiment d’argent et le terrorisme, sunnite. Les pays européens essayent également tant bien que mal de présenter un front uni sur la question du programme nucléaire iranien, qui est actuellement le principal objet des négociations entre les deux parties.

 

La transformation des relations commerciales

Depuis l’élection de Mahmud Ahmadinejad en 2005, la nouvelle équipe présidentielle a procédé à un important remaniement du personnel politique et économique. Les grandes industries sont depuis lors dirigées par des hommes fidèles idéologiquement au nouveau président mais pas toujours parfaitement compétents pour ces tâches. De plus, les contraintes administratives sont extrêmement lourdes pour les entreprises iraniennes qui veulent signer un contrat avec une entreprise étrangère, signatures pour lesquelles une approbation au niveau gouvernemental est nécessaire. D’un point de vue commercial, les objectifs du président iranien sont de jouer la carte de l’UE aux dépends des Etats-Unis, de développer au maximum les échanges avec les pays émergents d’Asie et d’utiliser la division entre pays européens en politisant les échanges commerciaux.

Dans une atmosphère de compétition commerciale pour l’accès au marché iranien, les pays européens n’appliquent quant à eux pas tous avec la même rigueur les sanctions votées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Ainsi, en 2007, l’Italie a énormément développé ses échanges bilatéraux avec l’Iran alors que ceux de la France diminuaient fortement.

L’orateur a également souligné que les divisions européennes se font également sentir sur son incapacité à mettre en œuvre une politique énergétique commune alors que l’Iran pourrait constituer une source de gaz alternative à la Russie.

 

Les relations bilatérales avec les pays européens

Les relations de l’Iran et de la Grande-Bretagne sont marquées par un héritage historique délicat et par un sentiment populaire anti-britannique largement exploité par le pouvoir. La Grande-Bretagne est le pays européen ayant la position la plus ferme sur l’Iran, mais toutefois exprimée plus discrètement que celle de la France. Elle dispose également d’une excellente connaissance du pays.

Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, la France affiche une position bien plus ferme, même si le discours a plus changé que les actes eux-mêmes. Ceci a néanmoins engendré la diffusion de sentiments hostiles à la France malgré un rayonnement culturel bien encré. La position française a également de spécifique qu’elle est très dépendante des événements au Liban.

L’Allemagne est le deuxième partenaire commercial de l’Iran (après les Emirats Arabes unis). Ceci s’explique du fait que les Allemands croient peu en l’efficacité d’une politique de sanctions et que les entreprises et banques ne subissent que peu l’influence du pouvoir politique.

Enfin, avec plus de 2 milliards de dollars d’exportation, l’Italie est passée en 2007 devant la France dans son commerce bilatéral avec l’Iran. Les Italiens sont même devenus la communauté d’expatriés la plus représentée en Iran.

En conclusion, Clément Therme a souligné l’absence de politique européenne commune envers l’Iran, ce projet se heurtant aux intérêts économiques divergents des pays de l’UE. L’unité que ceux-ci affichent n’est qu’une façade, à l’exception des questions de Droits de l’Homme. Malgré sa volonté de proposer un front uni sur le nucléaire, l’UE affrontera la grande difficulté d’élaborer une position intermédiaire entre les exigences contradictoires des Etats-Unis et de l’Iran.

Malgré tout, en dépit des sanctions et des tensions, l’Europe reste le premier partenaire économique de l’Iran, avec un fort potentiel de développement de leurs relations, dans les secteurs gazier et pétrolier notamment.

 

Suite à l’introduction de Clément Therme, le débat fut engagé. Les questions ont porté sur les thèmes des capacités d’exportation des ressources énergétiques, l’efficacité des sanctions internationales, le programme nucléaire, la politique intérieure et le commerce.

 

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978-2-86592-292-5

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