Rechercher sur Ifri.org

À propos de l'Ifri

Recherches fréquentes

Suggestions

Les contradictions de la politique kurde d'Ankara : leçons tirées des grèves de la faim de 2012

Éditoriaux
|
Date de publication
|
Référence taxonomie collections
Repères sur la Turquie
Image de couverture de la publication
Les contradictions de la politique kurde d'Ankara : leçons tirées des grèves de la faim de 2012
Accroche

Les grèves de la faim menées durant l'automne 2012 par des centaines de militants kurdes ont polarisé à outrance les positions en Turquie autour de la question kurde. Mais elles ont aussi réussi à imposer auprès d'Ankara le leader du PKK Abdullah Öcalan, devenu depuis un acteur central dans la relance des négociations de paix.

Corps analyses

Après une année 2012 particulièrement éprouvante sur le front de la question kurde, 2013 a débuté avec deux événements de taille : l’annonce officielle de la reprise des négociations entre Ankara et Abdullah Öcalan, le chef historique du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et l’assassinat, à Paris, le 10 janvier, de trois militantes de cette même organisation. Alors que la lumière reste encore à faire sur ces meurtres, certains estiment qu’ils sont liés à la reprise du dialogue entre l’État turc et « Apo », le surnom d’Öcalan en Turquie. Ce drame rappelle en tout cas, s’il le fallait, l’extrême tension régnant autour du dossier kurde.

Les grèves de la faim : un retour aux heures noires de la Turquie ?

Marquée par le scandale d’Uludere, l’année 2012 avait été très tendue et s’est achevée dans un climat de violence rarement égalé par le passé. Les affrontements quasi quotidiens entre les combattants du PKK et l’armée ont débouché sur un des bilans les plus meurtriers depuis l’arrestation du leader kurde, Abdullah Öcalan, en 1999. Même paroxysme au niveau politique, le premier ministre Recep Tayyip Erdoğan multipliant les salves contre le parti pro kurde du BDP (Barış ve Demokrasi Partisi, Parti pour la paix et la démocratie) tandis que les arrestations de sympathisants kurdes mis en cause dans le cadre de l’affaire dite du KCK se poursuivaient. Enfin, le 12 septembre 2012 a débuté l’une des grèves de la faim les plus longues et les plus suivies de ces quinze dernières années en Turquie.

Une soixantaine de prisonniers kurdes ont mené cette action durant 68 jours et 600 autres personnes ont rejoint le mouvement en cours de route, mettant fin à leur action le 17 novembre, à l’appel d’Abdullah Öcalan. Le choix d’un tel mode d’action collectif a replongé le pays dans les décennies noires de 1980 et 1990 lorsque les grèves de la faim étaient devenues le principal moyen de revendication des détenus kurdes et militants d’extrême gauche dénonçant leurs conditions de détention et la pratique de la torture. Le retour des grèves de la faim a aussi focalisé l’attention sur la manière dont les autorités turques allaient gérer la crise, les précédents mouvements de ce genre s’étant soldés par de véritables fiascos.

Les grèves de la faim de 2012 sont la conséquence directe de la stagnation politique de la question kurde depuis 2009, les demandes des grévistes étant toutes liées à des dossiers bloqués depuis cette date. C’est le cas du droit à la défense en langue maternelle : depuis 2009, la plupart des audiences liées à l’affaire KCK ont été repoussées face au refus des juges d’entendre les prévenus se défendre en employant la langue kurde. Le dossier s’est enfin dénoué au Parlement courant janvier 2013. Même problème autour du droit à l’enseignement en kurde, débattu sans résultat par la commission parlementaire chargée de rédiger une nouvelle constitution. Quant aux conditions de détention d’Abdullah Öcalan, fondateur du PKK emprisonné à vie sur l’île d’İmralı, elles se sont dégradées depuis l’échec en mai 2011 des négociations de paix menées en secret, en Norvège, entre l’État turc et le PKK. Apo ne reçoit plus la visite de ses avocats, accusés de relayer sa propagande, et dont la plupart ont été incarcérés.

 

Decoration

Contenu disponible en :

Régions et thématiques

Partager

Téléchargez l'analyse complète

Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.

Les contradictions de la politique kurde d'Ankara : leçons tirées des grèves de la faim de 2012

Decoration
Auteur(s)
Image principale
Mosquée Süleymaniye, Istanbul, Turquie
Programme Turquie/Moyen-Orient
Accroche centre

Le programme Turquie/Moyen-Orient de l’Ifri fournit une expertise sur l’évolution des systèmes politiques, des sociétés et des économies de la région. Il se focalise d’une part sur les évolutions en Turquie et au Levant (influences turque et iranienne, risque de morcellement des États de la région, recompositions diplomatiques), et également au Maghreb (insertion du Maghreb dans les circuits mondiaux, relations politiques et économiques avec l’Europe et avec l’Afrique sub-saharienne…).

Turquie-Afrique : une Pax Ottomana entre l’Éthiopie et la Somalie ?

Date de publication
14 octobre 2024
Accroche

Avec plusieurs objectifs en vue, dont celui de devenir un acteur diplomatique incontournable sur la scène régionale et internationale, Ankara tente de rapprocher Hargeisa et Addis Abeba qui s’opposent sur un accord entre ce dernier et le Somaliland. Si la troisième réunion prévue mi-septembre a été repoussée, l’initiative a permis de préserver un canal de discussion... Et les nombreux intérêts turcs dans la région.

Image principale

Un Moyen-Orient entre guerres et recomposition

Date de publication
26 août 2024
Accroche

Dans un Moyen-Orient chaotique, la date du 7 octobre 2023 marque un tournant majeur qui peut conduire à un embrasement de toute la zone. La guerre à Gaza intervient dans une situation déjà en pleine évolution caractérisée par l’affirmation de l’autonomie stratégique de plusieurs puissances régionales de même que par un basculement géopolitique au profit de la Russie et de la Chine.

Image principale

Iran et Israël : meilleurs ennemis

Date de publication
07 juillet 2024
Accroche

L’attaque de missiles iraniens sur le sol israélien le 13 avril 2024, suivie par une riposte d’Israël visant une base militaire proche d’un des principaux sites nucléaires iraniens, fut le point d’orgue d’une guerre multiforme qui oppose les deux pays depuis plusieurs décennies. Alors qu’Israël entretenait les meilleures relations, diplomatiques et même militaires, avec l’Iran du Shah Mohammad Reza Pahlavi, il est apparu très vite qu’il n’en serait pas de même avec la République islamique.

Image principale

La France a-t-elle encore une politique arabe ?

Date de publication
03 mai 2024
Accroche

Dès la fin de la guerre d’Algérie, la France a systématiquement repris contact avec les pays arabes qui avaient rompu les relations diplomatiques au moment de la malheureuse expédition de Suez de 1956. Ainsi se sont renouées ou nouées des relations actives et souvent confiantes, y compris avec des pays où elle était absente, comme les émirats du Golfe. Le président Chirac a voulu formaliser et conforter cette orientation lorsque le 6 mars 1996, à l’université du Caire, il a évoqué la « politique arabe et méditerranéenne » de la France. Par-delà quelques principes communs, il s’agissait naturellement d’une politique à géométrie variable selon les pays, avec la volonté d’être présent dans cet ensemble de pays qui sont nos voisins proches, situés dans une zone stratégique et dont d’importantes communautés vivent en France. Très tôt attachée à contribuer à la paix entre Israël et les pays arabes, la France prône une politique équilibrée entre le maintien de la sécurité d’Israël et le soutien du processus de paix israélo-palestinien qui donnerait le droit à l’autodétermination des Palestiniens et à la création d’un État. À cet égard, l’année 2007 représente une rupture due à l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy qui sur ce plan, comme sur d’autres, a pris le contre-pied de son prédécesseur. Depuis lors, la politique de la France dans cette région n’a plus la même priorité, réagit plus qu’elle n’agit et semble flotter entre une volonté de maintenir ses liens avec les pays arabes et une certaine complaisance à l’égard d’Israël.

Comment citer cette étude ?

Image de couverture de la publication
Les contradictions de la politique kurde d'Ankara : leçons tirées des grèves de la faim de 2012
Les contradictions de la politique kurde d'Ankara : leçons tirées des grèves de la faim de 2012, de L'Ifri par
Copier
Image de couverture de la publication
Les contradictions de la politique kurde d'Ankara : leçons tirées des grèves de la faim de 2012

Les contradictions de la politique kurde d'Ankara : leçons tirées des grèves de la faim de 2012