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L'économie et la diplomatie : les deux défis de la Chine dans le monde post-COVID-19

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Pour tenter d'envisager quelle sera la place de la Chine dans "le monde d'après", deux domaines essentiels - fortement touchés par le COVID-19 - sont à suivre de près dans les mois à venir : l'économie nationale et la diplomatie chinoises. Les conséquences qui se profilent dans ces deux domaines apparaissent durables et pourraient affaiblir la capacité de la Chine à sortir renforcée de la crise, comme on peut le lire ici et là.

 

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Des turbulences économiques durables

Dans un contexte de ralentissement économique déjà préoccupant, la crise du Covid-19 a frappé la Chine par quatre vagues successives.

La première vague a été le confinement qui a paralysé l'économie chinoise et entrainé une baisse du PIB de 6,8% au premier trimestre par rapport à 2019.

La deuxième vague, intervenue après le confinement et le redémarrage de l'économie, a été la baisse de la demande intérieure, les ménages se montrant réticents à consommer.

La chute de la demande mondiale a constitué la troisième vague, tandis que l'Europe, l'Amérique du Nord et d'autres parties du monde se trouvaient à leur tour confinées.

La quatrième vague, bien qu'encore hypothétique, correspondrait à la reconfiguration des chaînes de valeur mondiales. Les industries étrangères trop dépendantes du marché et les chaînes d'approvisionnement chinois, semblent revoir leurs stratégies et envisager des relocalisations.

Le chômage et la consommation apparaissent comme des points particulièrement préoccupants pour la reprise économique en Chine.

D'autres secteurs économiques sont porteurs de risques à moyen terme, comme l'immobilier et le système bancaire, et la banque centrale chinoise dispose de leviers de relance limités (contrairement au SRAS en 2004 et à la crise financière de 2008). À cet égard, le choc économique du Covid-19 a aggravé des difficultés structurelles auxquelles Pékin avait déjà du mal à faire face, ce qui pourrait avoir des conséquences profondes sur la stabilité sociale.

 

La "diplomatie du loup guerrier" destructrice pour l'image de la Chine

Bien que la République populaire de Chine (RPC) soit l’un des principaux acteurs sur la scène internationale, elle ne constitue pas un centre de gravité diplomatique. Elle n'a pas d'alliés stratégiques (mise à part la Corée du Nord), seulement des partenaires économiques et des partenaires de circonstance. Reste à savoir si l'influence économique qu'exerce la Chine sur tous les continents suffira à faire d'elle un leader mondial. Il semble qu'au contraire, le soft power tant attendu de la Chine ne se soit pas matérialisé et que le capital de confiance dont jouit Pékin dans le monde soit en réalité très bas.

La pandémie de COVID-19 semble avoir exacerbé ce déficit de confiance. La diplomatie dite du "loup guerrier", caractérisée par l'attitude agressive de nombreux diplomates chinois à travers le monde, a contribué à dégrader l'image de la Chine. Bien qu'elle continue de se présenter comme un acteur responsable et fiable, fournissant des équipements sanitaires à de nombreux pays durant la pandémie de Covid-19, la Chine est passée à côté d'occasions de démontrer son engagement en faveur du multilatéralisme, notamment lors de l'initiative européenne de levée de fonds pour la recherche d'un vaccin, la "Coronavirus Global Response".

Les doutes croissants dans le monde quant aux informations que la Chine a fournies - ou non - concernant la gestion de la crise, sont un deuxième facteur de méfiance. Malgré les efforts inlassables de Pékin pour imposer son propre récit, sa transparence sur de nombreux sujets a été remise en question : le nombre de cas et de décès liés au Covid-19, l'origine du virus ou encore son influence au sein de l'OMS.

Loin du succès éclatant du modèle chinois que Pékin tente d'imposer dans le monde, parfois de manière agressive, les difficultés économiques internes dévoilent une autre facette de la réalité. C'est évidemment une source de préoccupation pour l'Europe, car une Chine affaiblie ne constitue pas une nouvelle réjouissante pour le reste de l'économie mondiale. La Chine a sans doute aussi acquis trop d'assurance trop tôt sur la scène internationale. La méfiance qui en résulte pourrait saper son ascension vers une position de leader mondial. Ce à quoi le monde ressemblera au lendemain de la pandémie du Covid-19 ne peut faire l'objet d'aucune certitude, mais compte tenu de ses capacités et de sa volonté, rien n'est moins sûr que l'avènement d'un monde dirigé par la Chine.

 

 

Cet article est disponible uniquement en anglais : Economy and Diplomacy: China’s two Challenges in the Post-Covid-19 World

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Marc JULIENNE

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Directeur du Centre Asie de l'Ifri
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L’Asie est le théâtre d’enjeux multiples, économiques, politiques et de sécurité. Le Centre Asie de l'Ifri vise à éclairer ces réalités et aider à la prise de décision par des recherches approfondies et le développement d’une plateforme de dialogue permanent autour de ces enjeux.

Le Centre Asie structure sa recherche autour de deux grands axes : les relations des grandes puissances asiatiques avec le reste du monde et les dynamiques internes des économies et sociétés asiatiques. Les activités du Centre se concentrent sur la Chine, le Japon, l'Inde, Taïwan et l'Indo-Pacifique, mais couvrent également l'Asie du Sud-Est, la péninsule coréenne et l'Océanie.

Le Centre Asie entretient des relations institutionnelles suivies avec des instituts de recherche homologues en Europe et en Asie et ses chercheurs effectuent régulièrement des terrains dans la région.

Il organise à Paris tables-rondes fermées, séminaires d’experts, ainsi que divers événements publics, dont sa Conférence annuelle, avec la participation d’experts d’Asie, d’Europe ou des Etats-Unis. Les travaux des chercheurs du Centre et de leurs partenaires étrangers sont notamment publiés dans la collection électronique Asie.Visions.

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Comment citer cette étude ?

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