La Bavière et la France. Préparer l'avenir ensemble
Avec ses 13 millions d’habitants, son économie à vocation internationale et son produit intérieur brut (PIB) de 630 milliards d’euros, l’État libre de Bavière est une région forte au cœur de l’Europe. La Bavière dispose également d’un patrimoine culturel unique, de magnifiques paysages et des meilleures conditions tant pour le sport que pour le repos, sans oublier évidemment la célèbre hospitalité bavaroise.
La France et la Bavière sont liées de longue date par un partenariat étroit et solide. En Bavière, nous sommes conscients que la France a exercé une influence significative sur le développement de notre région : lorsque le royaume de Bavière fut porté sur les fonts baptismaux en 1806, ce fut avec le soutien de l’empereur Napoléon Ier. Et c’est le Comte Montgelas, lui-même d’origine française, qui jeta les bases de l’ordre politique et administratif de la Bavière en prenant en compte les réformes du Premier Empire français. Des orientations importantes dont l’impact se ressent encore aujourd’hui.
France/Bavière – Rassembler nos forces dans les domaines d’avenir
Pour autant, les relations entre la France et la Bavière ne sont pas uniquement marquées par une histoire commune et par les structures créées au fil des décennies. Ce sont les défis de l’avenir qui forment aujourd’hui le cœur de notre coopération : la numérisation de nos économies, le changement climatique, la maîtrise des conséquences de la crise du COVID-19 et la poursuite de la construction de l’Union européenne. À l’avenir, nous souhaitons nous coordonner encore plus étroitement dans ces domaines et lancer des initiatives communes.
Dans ce contexte, c’est notamment la coopération technologique qui revêt une grande importance. Plus que jamais, des partenaires forts doivent agir ensemble au sein de l’Europe dans les domaines de la recherche et de l’innovation, car ce n’est qu’ensemble que nous pouvons tenir notre place dans la course mondiale pour attirer les meilleurs talents et pour rester leaders technologiques – montrant ainsi une Europe de la créativité, une Europe qui agit. C’est particulièrement vrai dans le domaine de l’Intelligence artificielle (IA), souvent appelée la « machine à vapeur du monde digital ». En lançant son « Initiative Haute Technologie » en octobre 2019 et en améliorant dans ce cadre les conditions pour la recherche et le développement notamment dans le domaine de l’Intelligence artificielle, la Bavière a montré qu’elle est consciente des enjeux du moment. Dans le cadre de cette initiative, une somme de deux milliards d’euros au total est mise à disposition pour créer 1 000 nouvelles chaires universitaires et 10 000 nouvelles places d’étudiants dans les établissements d’enseignement supérieur.
S’agissant des questions de demain, nous souhaitons coopérer encore plus étroitement avec ce partenaire fort qu’est la France, mettant ainsi en œuvre le traité d’Aix-la-Chapelle, qui considère la transformation numérique et l’Intelligence artificielle comme des axes prioritaires. Les échanges, en février dernier, entre le président Emmanuel Macron et le ministre-président Markus Söder ont d’ailleurs également abouti à cette conclusion. Nous voulons nous coordonner encore plus étroitement dans les domaines de la transformation numérique, de l’Intelligence artificielle et des ordinateurs quantiques, mais également dans le domaine aérospatial et dans tout ce qui touche aux potentialités des technologies propres et moins polluantes, pour apprendre encore plus les uns des autres, et pour renforcer l’Europe dans le contexte de la course mondiale aux technologies de pointe. Je voyagerai moi-même en France dès que la situation le permettra pour me faire une idée plus précise des progrès de cette initiative conjointe dans le domaine technologique.
L’importance de notre coopération aux niveaux national et régional
Quand il s’agit de mettre en œuvre tous ces sujets d’avenir, la coopération entre la Bavière et les régions françaises revêt une importance particulière. Je pense notamment à l’Occitanie, cœur de l’industrie aérospatiale française, et à l’Île-de-France, qui joue un rôle de leader dans les domaines de la transition numérique et de l’Intelligence artificielle.
La Bavière et l’Île-de-France soutiennent d’ores et déjà un grand nombre de coopérations économiques et scientifiques. Nous allons d’ailleurs signer prochainement une déclaration d’intention entre le gouvernement de l’État libre de Bavière et la présidence de la région Île-de-France, qui visera également les défis liés à la transformation numérique et donnera ainsi à notre coopération un cadre visible et formalisé.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le nombre de contacts personnels et de partenariats régionaux et municipaux n’a cessé d’augmenter. Il y a aujourd’hui plus de 400 jumelages et partenariats aux niveaux des villes, des districts et des régions entre la France et la Bavière. Au niveau national, les sujets abordés ensemble se sont également multipliés.
Le gouvernement de Bavière coopère depuis des décennies, étroitement et en toute confiance avec le Consulat Général de France à Munich ainsi qu’avec l’Institut Français, également à Munich. J’en veux pour preuve le séminaire annuel Bavière-France de Fischbachau, créé en 1968 et organisé conjointement par la Chancellerie de l’État de Bavière, le Consulat Général de France et l’Institut Français. Chaque année, une centaine de hauts fonctionnaires et magistrats profitent de ce séminaire pour approfondir leurs connaissances de la France et pour traiter de sujets comme la politique, la culture, l’économie, les sciences et l’Europe avec des experts prestigieux du monde francophone.
Dans le domaine scientifique, c’est le centre de coopération universitaire franco-bavarois BayFRANCE, organisme commun aux deux universités de Munich, qui soutient depuis plus de vingt ans les séjours d’études en France et les projets de recherche franco-bavarois.
La coopération franco-bavaroise pour une Europe plus forte
La coopération étroite entre la France et l’Allemagne, entre la France et la Bavière a toujours été et demeure une contribution à une Europe forte et performante. Depuis des décennies, participer à la construction européenne fait partie de l’ADN politique de la Bavière. Tous ensemble, devant l’Histoire, nous sommes responsables de notre continent et devons apporter notre contribution.
Dans ce contexte, la politique européenne de la Bavière est guidée par l’affirmation des principes de la diversité et de la subsidiarité. Les États membres de l’Union européenne sont très différents, que ce soit par leur taille, par leurs performances économiques, dans leurs traditions et valeurs, ou encore leur façon de vivre : cette diversité est un atout, elle est un élément constitutif de l’identité européenne. L’Europe tout entière profite de l’émulation que suscite cette diversité pour trouver les meilleures solutions, qui lui permettent de progresser.
Ainsi, je suis convaincu que l’Europe n’a pas à avoir peur de la concurrence internationale – au contraire : le marché intérieur européen est l’un des espaces économiques intégrés les plus vastes du monde, et les normes et standards européens sous-tendent les échanges internationaux. L’interdépendance étroite de nos économies entre elles et avec le reste du monde sécurise l’emploi et la prospérité dans toute l’Europe. C’est précisément maintenant, au moment où nous en Europe, tout comme nos partenaires commerciaux sur d’autres continents, devons faire face aux conséquences économiques de la pandémie du COVID-19, que l’Europe doit s’opposer clairement au protectionnisme et aux pratiques concurrentielles déloyales et créer des instruments efficaces, par exemple pour gérer l’investissement étranger. Un euro fort et un budget européen solide, prenant en compte les défis de l’avenir que j’ai déjà cités, sont également d’une très grande importance.
Il est évident, cependant, que l’on ne peut distribuer que ce que l’on a gagné. Une Europe qui offre des opportunités et qui ouvre des voies doit miser sur la recherche et l’innovation – dans le domaine de l’économie numérique et de l’intelligence artificielle, dans la lutte contre le changement climatique, et aussi dans la recherche médicale.
Le soft power de l’Europe est reconnu dans le monde entier, elle a un vrai poids économique et commercial, mais dans d’autres domaines, comme la politique de sécurité, elle a du retard à rattraper. Mettre en commun les achats d’équipements militaires et parler d’une seule voix en matière diplomatique ferait avancer l’Europe en tant qu’ensemble et consoliderait son rôle dans le monde.
L’Union européenne a les institutions qu’il lui faut pour relever ces défis. Il est maintenant de notre responsabilité commune de nous montrer à la hauteur de ces enjeux pour l’Europe. La Bavière est décidée à apporter sa contribution – aussi souvent que possible en coopération avec la France.
Florian Herrmann est Chef de la Chancellerie d'État de Bavière, ministre adjoint chargé des affaires fédérales et européennes et des médias.
Cette publication est également disponible en allemand : « Bayern und Frankreich, gemeinsam in die Zukunft » (pdf).
Publication réalisée en coopération avec le bureau parisien de la Fondation Hanns Seidel (HSS).
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
La Bavière et la France. Préparer l'avenir ensemble
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analyses70e anniversaire du Cerfa. Genèse, histoire et visions pour les relations franco-allemandes
Le Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) a été créé en 1954 par un accord intergouvernemental entre la République fédérale d’Allemagne et la France, afin de mieux faire connaître l’Allemagne en France et analyser les relations franco-allemandes y compris dans leurs dimensions européennes et internationales.
Trente-cinq ans après la chute du mur de Berlin : à l’Est quoi de nouveau ?
À l’occasion du 9 novembre 2024, qui voit célébrer le 35e anniversaire de la chute du mur de Berlin, partons d’un constat : le mur de Berlin n’est pas « tombé » dans la nuit du 9 novembre 1989.
La politique étrangère de l’Allemagne : une transformation inachevée
Dans un discours du 27 février 2022 devant le Bundestag, le chancelier Olaf Scholz a qualifié la rupture provoquée par l'intervention russe en Ukraine de « changement d'époque » (Zeitenwende). Ces mots puissant marquent la fin de la retenue et d'une certaine forme de naïveté allemande. Tiraillé entre la nécessité de conserver les bonnes grâces de l'allié américain et celle de ménager le partenaire commercial chinois, Berlin est mis face à ses propres contradictions.
L'Allemagne et l'OTAN : la nécessité d'un engagement accru
La guerre d'Ukraine fait prendre brutalement conscience à l'Allemagne de la vulnérabilité de son territoire et révèle l'état d'impréparation de son armée pour participer à u conflit de haute intensité.