Rechercher sur Ifri.org

À propos de l'Ifri

Recherches fréquentes

Suggestions

Hillary Clinton et les radicaux du Parti démocrate

Éditoriaux
|
Date de publication
|
Référence taxonomie collections
Chroniques américaines
Accroche

C’est en avril qu’Hillary Clinton devrait annoncer sa candidature aux présidentielles de 2016. Côté républicain, l’abondance de candidats promet une primaire longue et féroce. Côté démocrate, la candidate ne devrait pas avoir de rival sérieux. La championne des démocrates les plus à gauche, la sénatrice du Massachussetts Elizabeth Warren, a maintes fois répété qu’elle ne se présenterait pas. H. Clinton doit néanmoins compter avec une frange de radicaux susceptibles de la chahuter dans son propre parti. Quelle est leur capacité de nuisance dans le paysage politique américain ?

Image principale
hillary_clinton_120415.jpg
Corps analyses

Il est facile de penser que l’extrême gauche américaine est un reflet des Tea Parties qui occupent le côté droit de l’échiquier politique. Les deux tendances représentent chacune 6% de la population en 2014. Mais le rayonnement de cette gauche est limité. D’une part, les idéologies socialistes n’ont jamais su prendre racine dans un pays qui s’est construit à partir des classes moyennes et de la propriété privée. Par ailleurs, depuis Reagan, le balancier des idées politiques semble bloqué du côté des idées libérales et de la limitation du rôle de l’état. Là où les Tea Parties s’adossent à un socle de 31% de conservateurs dans l’opinion publique, les radicaux de la gauche ne peuvent s’appuyer que sur 15% de « progressistes » dans l’opinion.

Cette absence de soutien s’aggrave d’erreurs tactiques. Le mouvement « Occupy Wall Street », qui dénonçait les privilèges fiscaux des 1% les plus riches du pays, a fait beaucoup parler de lui à la fin 2011. Refusant de se structurer de façon hiérarchique, il n’a pas su s’installer dans la durée.

Pourtant, certains candidats savent faire entendre leurs idées. Il y a eu Zephyr Teachout qui, en septembre dernier, s’est présentée aux primaires démocrates pour les élections gouvernatoriales de New York sur un programme radical axé contre la corruption. A la surprise générale, elle a fait un score très honorable contre le gouverneur sortant (et finalement réélu) Andrew Cuomo. Le maire de la ville Bill de Blasio, élu en novembre 2013, vient également de la gauche du Parti démocrate.

Les élections municipales de Chicago sont un autre exemple. Le maire sortant, Rahm Emanuel, ancien chef de cabinet du président Obama, élu sur un programme de réformes budgétaires, a été mis en ballotage en février, une première dans l’histoire de la ville. Soutenu par les Latinos, son adversaire Jesus « Chuy » Garcia se présentait comme le candidat « des petits contre les gros », faisant campagne pour l’augmentation des impôts des plus riches et l’arrêt des réformes. Rahm Emmanuel l’accusait de vouloir en réalité protéger les intérêts acquis des enseignants, pompiers, et autres fonctionnaires de la ville défendus par leurs syndicats. Au lendemain du second tour, le 7 avril, Emanuel l’emporte, mais Chuy a quand même réuni 44% des électeurs sur son nom.

Les militants de l’aile gauche du Parti démocrate défendent plus d’intervention de l’état et plus de redistribution sociale, sur une ligne volontiers populiste. Le problème de la dette étudiante (mille milliards de dollars en 2014) et l’accès au logement des plus pauvres sont des sujets clefs. Elisabeth Warren, pour sa part, concentre son action sur la réforme du secteur financier, grand responsable de la crise de 2008. Elle défend la mise en œuvre de la loi Dodd-Frank qui vise à protéger les consommateurs contre les crédits toxiques et à recréer une barrière étanche entre banques de dépôts et banques d’investissement. Pour elle, les démocrates centristes tels qu’Obama et Clinton sont coupables de collusion avec les grands banquiers de Wall Street au même titre que les républicains.

Les élections de Chicago sont apparues comme un test en grandeur nature de la campagne présidentielle pour 2016, voyant les différents courants démocrates accourir de tout le pays pour financer et soutenir leur poulain. Le bon score de Chuy relance la question des concessions que la candidate Clinton devra faire à cette frange limitée mais bruyante de son électorat. Pire, si jamais H. Clinton, affaiblie par l’affaire de ses emails personnels ou par un problème de santé, ne pouvait se présenter, il faudrait désigner en catastrophe un autre candidat démocrate. Une radicale comme E. Warren pourrait alors se laisser tenter. Elle n’aurait a priori aucune chance d’être élue en novembre 2016. Mais contre un candidat Tea Party multipliant les maladresses politiques, que pourrait-il alors se passer ?

 

Decoration

Contenu disponible en :

Régions et thématiques

Partager

Decoration
Auteur(s)
Photo
Laurence NARDON

Laurence NARDON

Intitulé du poste

Responsable du Programme Amériques de l'Ifri

Image principale
Illustration Programme Amériques
Programme Amériques
Accroche centre

Les travaux de l’Ifri sur la région des Amériques concernent principalement les États-Unis, fournissant des clés de compréhension sur la politique intérieure et la société américaines afin de mieux appréhender les évolutions de la politique étrangère et de défense du pays ainsi les questions transatlantiques et commerciales. Un axe spécifique sur l’Amérique latine créé en 2023 permet de structurer une recherche plus active sur cette région. Un axe de recherche sur le Canada a été actif en 2015 et en 2016, dont les archives restent accessibles.

Image principale

L'économie américaine

Date de publication
04 septembre 2024
Accroche

Après le Covid-19, l’économie américaine a retrouvé un dynamisme remarquable à tous niveaux (croissance, emploi, système financier), en dépit de l’inflation.

Image principale

L'élection de Kemi Badenoch au Royaume-Uni. Fin de la "trumpisation" chez les Tories ?

Date de publication
05 novembre 2024
Accroche

De même que la domination des idées du candidat républicain dans la campagne présidentielle aux États-Unis a conduit à diagnostiquer une « trumpisation de la politique américaine », les observateurs déplorent au Royaume-Uni, depuis l’exercice du pouvoir par Boris Johnson, une tendance à la « trumpisation du parti conservateur ».

Image principale

Le vote religieux dans les présidentielles américaines 2024

Date de publication
24 octobre 2024
Accroche

Blandine Chelini-Pont, l’une des meilleurs spécialistes du sujet, nous donne ici son analyse des évolutions de l’électorat religieux pour les élections de novembre 2024.

Image principale

Le programme économique de Kamala Harris

Date de publication
07 octobre 2024
Accroche

Depuis qu’elle a reçu la nomination démocrate suite à la décision du président Joe Biden de se retirer de la course présidentielle américaine de 2024, la vice-présidente Kamala Harris s’efforce de définir sa propre plateforme politique pour attirer les électeurs dans le temps limité qui reste avant l’élection du 5 novembre. Étant donné que l’économie est un enjeu central pour les électeurs américains, Harris a élaboré plusieurs propositions dans ce domaine.

Comment citer cette étude ?

Hillary Clinton et les radicaux du Parti démocrate, de L'Ifri par
Copier