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Corée du Nord : les suites de l'accord du 13 février ou 'crime sans châtiment'

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Corée du Nord : les suites de l'accord du 13 février ou 'crime sans châtiment'
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À ce jour, Kim Jong-il peut se féliciter d'avoir signé l'accord du 13 février 2007 avec ses partenaires du Dialogue à Six. En effet, à y regarder de plus près, cet accord, reflet des intenses efforts de Pékin pour parvenir à un compromis, n'a pas, pour l'instant, mis de terme concluant aux ambitions nucléaires nord-coréennes. Contrairement au mantra de l'administration républicaine américaine qui exigeait, depuis 2003, un démantèlement complet, vérifiable, irréversible et définitif (CVID) du programme nucléaire nord-coréen, l'accord devrait aboutir, tout au plus, à la fermeture du réacteur nucléaire de Yongbyon et au retour des inspecteurs de l'AIEA. En échange de cet engagement, Washington s'est engagé à procéder au retrait de la Corée du Nord de la liste des États terroristes et à étudier la question de la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays. À ce stade, aucune mention n'a été faite au programme d'enrichissement d'uranium nord-coréen, suscitant rumeurs et questionnement sur son existence réelle. Par ailleurs, une première difficulté est déja survenue autour de la levée des mesures de blocages des comptes nord-coréens de la banque de Macao, Banco Delta Asia, représentant quelques 25 millions de dollars US. Fin mai, aucun règlement n'était intervenu, retardant d'autant toute initiative de Pyongyang sur le gel de l'activité du réacteur de Yongbyon en dépit d'un délai de réalisation fixé au 13 avril. Nul doute, dans ce contexte, que les tirs balistiques nord-coréens observés le 25 mai constituait un rappel de Pyongyang sur sa capacité de nuisance régionale.

En dépit de ce retard et de cette manifestation de 'mauvaise humeur' du régime nord-coréen, les cinq groupes de travail constitués dans le cadre de l'accord du 13 février -notamment ceux dédiés à la 'dénucléarisation' et à 'l'énergie et l'assistance économique'- n'en continuent pas moins des discussions ardues sur les modalités de mise en œuvre de l'accord.

 

1- Une re-stabilisation du régime nord-coréen

À première vue, les perspectives de normalisation des relations entre les États-Unis et la Corée du Nord constituent une aubaine pour le régime nord-coréen au bord de l'asphyxie financière en raison du train de sanctions pris à son encontre. Le rapport présenté au Conseil des droits de l'homme à Genève, le 23 mars 2007, souligne en vain l'aggravation de la situation des droits des individus dans le pays en 2006 et la montée des violences de l'appareil d'état contre toutes formes de 'dissidences politiques'. Le retrait de Pyongyang de la liste américaine des États soutenant le terrorisme avec, pour corollaire, la libération des avoirs financiers nord-coréens placés à l'étranger, comme le retour de l'aide alimentaire sud-coréenne et chinoise, ne pourront que faciliter une reprise en main interne du régime. Le déficit alimentaire, comme la quasi absence d'électricité ou d'eau courante, qui caractérisent les conditions de vie de la population nord-coréenne, seraient de moins en moins bien acceptés et toucheraient même les cercles privilégiés du pouvoir, au sein des Forces Armées populaires et du Parti des Travailleurs de Corée. Le retour de l'aide internationale permettrait ainsi de maintenir, vaille que vaille, cohésion et loyalisme des classes favorisées à l'égard du Cher leader et devrait également limiter un trop grand exode de migrants saisonniers, en quête de nourriture et de médicaments, vers la frontière chinoise.

 

2- Des dynamiques régionales marquées par l'isolement du Japon

Au plan régional, l'accord du 13 février est tout aussi bénéfique pour la Corée du Nord. En dehors de l'embellie diplomatique avec la Chine -échaudée par les essais nucléaire d'octobre 2006- et de la reprise des relations avec les États-Unis, Kim Jong-Il sait qu'il peut s'appuyer sur la pusillanimité de la Russie et joue avec habileté la relance des relations intercoréennes. Dans ce concert des nations, le Japon, à l'écart, apparaît réticent sur la question de la reprise des relations avec la Corée du Nord.

Les relations nippo-nord-coréennes restent en effet, empreintes d'une profonde suspicion et butent toujours sur le règlement de la question des 'kidnappés', ces citoyens japonais enlevés par Pyongyang dans les années 1970. Tout en affichant une ligne ferme, Tokyo se prépare toutefois à renouer les bases d'un dialogue bilatérale difficile dans le cadre du groupe de travail 'Japon-Corée du Nord'. Sa puissance financière lui confère en effet un levier indiscutable, notamment dans la perspective d'une reprise de l'aide économique et énergétique au profit de la Corée du Nord. Une première réunion les 8 et 9 mars, qui a tourné court, a toutefois montré les limites de la capacité de coopération de Pyongyang.

La Corée du Sud a repris avec empressement les principaux axes structurant les relations avec le pays-frère : aide économique, alimentaire et coopération industrielle. Le développement du complexe de Kaesong, où désormais, se sont installées une quinzaine d'usines et où plus de 11 000 employés nord-coréens travaillent, constitue le projet phare de cette coopération. La 'Commission de promotion de la coopération', chargée de définir les projets économiques entre les deux pays s'est d'ailleurs réunie fin avril à Pyongyang pour relancer l'activité de ce complexe. Par ailleurs, un essai permettant d'évaluer l'interconnexion des voies ferrées traversant la zone démilitarisée, DMZ, a eu lieu le 17 mai ouvrant la porte à des spéculations sur la mise en place d'un trafic ferroviaire régulier entre les deux pays dans cette zone. Des rumeurs font même état d'une possible rencontre entre les deux dirigeants coréens Roh Moo Huyn et Kim Jong Il avant la fin de l'année.

 

Marianne Peron-Doise est chargée de cours à l'Inalco

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1 Pour mémoire, les États-Unis, la Chine, le Japon, la Corée du Sud et la Russie

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