Le choix existentiel de l’Europe
Depuis la Seconde Guerre mondiale, la construction européenne s’est développée contre l’idée de puissance ; dans la droite ligne de cette tendance, l’illusion des « dividendes de la paix » aux termes de la Guerre froide a conduit à une réaffectation à d’autres postes d’une partie du budget qui était, jusqu’alors, alloué aux dépenses militaires.
Ce désarmement progressif contraste avec l’affirmation d’autres puissances régionales émergentes et le doublement, en près de vingt ans, des dépenses d’armements mondiales qui ont atteint la somme de 2 240 milliards de dollars en 2022. L’Europe apparaît donc dans une situation sensiblement décalée face à un monde en recomposition et travaillée par de nombreuses tensions sur lesquelles elle semble avoir moins de prises. Les récents conflits en Syrie, en Arménie, à Gaza, dans le détroit de Babel-Mandeb ou en Ukraine, autant que les menaces qui grondent en Corée, dans le détroit de Taïwan ou dans le sud de la mer de Chine, révèlent une forme de brutalisation accrue des relations internationales auquel l’Europe ne semble pas suffisamment préparée.
Xavier Pacreau, maître de conférences en droit public à la Faculté libre de droit de l’Université catholique-de-Lille (France).
Hans Stark, professeur de civilisation allemande contemporaine à Sorbonne-Université (Paris, France), conseiller pour les relations franco-allemandes à l'Ifri.
Cette publication est parue dans L'Annuaire français de relations internationales 2024, publiée par les Éditions Panthéon-Assas du Centre Thucydide (Pages 451 à 454).
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