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Tir balistique russe sur Dnipro : que changent les nouvelles armes sur le cours de la guerre ?

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interviewée par Guillaume Erner dans "Les enjeux internationaux" sur

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Jeudi 21 novembre, l’armée russe a lancé pour la première fois un missile balistique de type "Orechnik" sur la ville ukrainienne de Dnipro. Peut-on lire dans son utilisation une évolution majeure du conflit ? Décryptage par Héloïse Fayet, chercheuse au Centre des études de sécurité de l'Ifri.

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Dnipro, Ukraine, 11 mars 2022
Dnipro, Ukraine
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Ce tir, scruté de près, suscite des inquiétudes : d’une part, parce que ce missile peut être équipé d’ogives nucléaires, et d’autre part, parce qu’il marque l'apparition d’une nouvelle arme de l’arsenal russe, dont Moscou affirme qu’elle est capable de changer le cours de la guerre… Mais faut-il croire l'état-major russe ? Que révèle l’usage de ce missile sur la rhétorique nucléaire de Vladimir Poutine ? Que nous apprennent ces frappes sur l’évolution stratégique du conflit ?

Le missile "Orechnik" : une arme de portée intermédiaire autrefois interdite

Le missile "Orechnik" est un nouvel armement balistique de portée intermédiaire développé par la Russie. Il a une portée estimée entre 2000 et 3000 kilomètres et représente une évolution du missile RS-26, un programme interrompu en raison de son coût. Cette nouvelle arme relance un type de missile précédemment interdit par le traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI) signé en 1987, entre l'URSS et les États-Unis, qui interdisait les missiles de portée intermédiaire. Le retrait des États-Unis du traité en 2019, suivi par la Russie, a permis la relance de ces programmes, explique Héloïse Fayet.

Ne pas rompre "le tabou de l'arme nucléaire"  

Contrairement aux missiles intercontinentaux russes, utilisés avec une charge nucléaire, le missile "Orechnik" peut emporter une charge conventionnelle. "L'objectif de la Russie est d'utiliser plusieurs de ces missiles simultanément pour atteindre des sites qui, jadis, ne l'étaient qu'avec des armes nucléaires et donc de frapper beaucoup plus facilement des sites européens en Ukraine, en Pologne, en Roumanie, dans les pays Baltes, sans franchir le tabou nucléaire", précise Héloïse Fayet.

Un message politique adressé aux pays occidentaux  

L'utilisation d'un tel type de missile est en grande partie motivée par des objectifs politiques. La frappe n’a que peu d'impact militaire aux yeux d'Héloïse Fayet, mais "elle envoie un message politique aux pays occidentaux pour qu'ils réduisent leur soutien à l'Ukraine". Le président russe, Vladimir Poutine, cherche également à rappeler à travers cette manœuvre qu'il dispose d'alternatives à la menace nucléaire. "Il sait que l'arme nucléaire n'a pas été utilisée depuis 1945 et qu'aujourd'hui, la Russie n'est pas en position de faiblesse sur le territoire ukrainien. Puis il voit bien que l'arrivée prochaine de Donald Trump entraînera a priori un soutien moins poussé à l'Ukraine. Il n'a aussi pas réellement intérêt à se mettre au bord de la communauté internationale, encore plus qu'il ne l'est déjà, à contredire son partenaire chinois qui, lui, est toujours très précautionneux par rapport à l'usage de l'arme nucléaire", éclaire Héloïse Fayet.

> Écouter le podcast sur le site de Radio France.

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Guillaume Erner

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Héloïse FAYET

Héloïse FAYET

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Chercheuse, responsable du programme dissuasion et prolifération, Centre des études de sécurité de l'Ifri

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