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Quand l’Allemagne sort son bazooka pour investir dans les infrastructures et dans la défense

Interventions médiatiques |

interviewée par Laurence Aubron pour le podcast "Paris et Berlin sur les ondes" sur

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Marie Krpata dresse l'état des lieux des débats autour du programme d'investissements de grande ampleur qui a été proposé par la potentielle future coalition formée par la CDU et le SPD. Elle explique les mesures du programme et jette un œil sur les voix critiques qui se lèvent vis-à-vis de cette proposition.

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Bonjour Marie, vous allez aujourd’hui nous parler des évolutions en Allemagne après les élections fédérales du 23 février 2025 où la potentielle future coalition formée par la CDU et le SPD a fait des annonces sur des investissements de grande ampleur. On a l’impression que le potentiel futur chancelier Friedrich Merz est résolu à prendre les rênes en main le plus rapidement possible. Mais il n’est pas encore chancelier. N’est-on pas en train de mettre les charrues avant les bœufs ? Pourquoi cette précipitation ?

Friedrich Merz a fait campagne en promettant un « changement politique » s’il était amené à devenir chancelier. Avec ces propositions il signalise que l’ « Allemagne est de retour » après quatre années de « coalition feu tricolore » à la tête de l’Etat marquée par les dissensions entre les trois partis au gouvernement.

Il comprend en outre que des décisions importantes qui se répercuteront à la fois sur la sécurité et sur la prospérité en Europe sont en train d’être prises. Face à ces évolutions, l’Allemagne ne peut se permettre de rester passive. Friedrich Merz œuvre pour que la voix de l’Allemagne se fasse entendre même si les négociations pour former une coalition sont encore en cours et qu’il n’est pas encore chancelier. Les enjeux sont trop importants au regard de la dégradation du contexte géopolitique et du durcissement des relations avec Washington mais aussi au regard du décrochage économique européen face à la Chine et aux Etats-Unis.

Il a en effet semblé que Friedrich Merz a eu des mots durs à l’encontre des Etats-Unis le jour des élections. Cela n’est-il pas surprenant de la part d’un homme politique allemand ?

Oui, tout à fait, on peut à cet égard mentionner la « Westbindung » qui remonte à la Guerre froide, c’est-à-dire l’appartenance de l’Allemagne au camp occidental et l’engagement en faveur d’une relation transatlantique forte, notamment à travers l’OTAN. Les États-Unis sont le principal garant de sécurité de l’Allemagne grâce à la présence de leurs troupes et à leur dissuasion nucléaire.

Or, les prises de position d’officiels américains au cours des dernières semaines – allant de Donald Trump à J.D. Vance en passant par Pete Hegseth – et la reprise des relations entre les Etats-Unis et la Russie ainsi que la scène d’humiliation de Volodymyr Zelenski dans le Bureau ovale font qu’à présent l’Allemagne regarde les relations transatlantiques à travers un autre prisme. Vous y faisiez allusion, Laurence, après l’annonce des résultats aux élections fédérales le 23 février dernier, Friedrich Merz affirmait que l’Europe doit se rendre indépendante des Etats-Unis. Il évoquait aussi ses doutes sur le maintien de l’OTAN sous sa forme actuelle et regrettait que Washington se montre indifférent au sort de l’Europe. C’est donc potentiellement un deuxième « changement d’époque » qui se profile : après le détournement de la Russie nous orientons-nous à présent vers une distanciation par rapport aux Etats-Unis ? Cela voudrait dire qu’un tabou est brisé.

A propos de tabous brisés qu’en est-il des investissements de grande ampleur envisagés par Friedrich Merz ?

Friedrich Merz souhaite aller plus loin que les 2% de dépenses en matière d’armement et les 100 milliards d’euros de fonds spécial pour moderniser la Bundeswehr décidés sous Olaf Scholz : il propose un paquet de 400 milliards d’euros pour renforcer les capacités de défense de l’Allemagne. D’autre part, les dépenses allant au-delà d’1% du PIB ne se verraient pas appliquer les règles du frein à la dette, ce dispositif constitutionnel qui bride les dépenses publiques.

L’autre paquet de mesures concerne les infrastructures. En effet, en Allemagne nombre d’entre elles sont vétustes avec d’importants besoins de rénovation dans les transports, les télécommunications, les hôpitaux et les écoles par exemple. Ces infrastructures nécessitent des investissements car elles ont une utilité pour l’écosystème social et économique du pays. Les retombées seront bénéfiques pour les générations à venir. Afin de répondre de manière adéquate au défi de la transition verte et numérique 500 milliards d’euros pourraient ainsi être mis sur la table dans le cadre d’un fonds spécial.

Avec ces deux paquets le verrou du frein à la dette est en train de sauter. On touche à un totem qui était d’ailleurs au centre des disputes de la coalition « feu tricolore ».

 

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Laurence Aubron

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Paris et Berlin sur les ondes

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Marie KRPATA

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