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La France et l’Allemagne, affaiblis à l’échelle nationale

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interviewée par Laurence Aubron pour le podcast "Paris et Berlin sur les ondes" sur

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Dans ce dernier épisode du podcast, Jeanette Süß, chercheuse au Comité d'études des relations franco allemandes (Cerfa) à l'Ifri revient sur les points de similitudes et les différences entre les systèmes politiques de la France et de l'Allemagne à l'heure des changements de gouvernements récents et à venir dans les deux pays.

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Titre Edito

Quelle est la similitude dans les crises gouvernementales entre la France et l’Allemagne à l’heure actuelle ?

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Alors il est vrai que les deux pays se retrouvent dans une phase où leurs gouvernements sont affaiblis mais la situation est tout de même différente de part et d’autre du Rhin.

En France, aucune majorité parlementaire s’est dégagée et c’est pour autant crucial pour le bon fonctionnement du système politique français, basé sur le scrutin majoritaire justement. Il y avait un gouvernement minoritaire, puis il a été renversé, puis le nouveau gouvernement en herbe risque d’être de nouveau un gouvernement minoritaire !

En Allemagne, c’est bien l’inverse c’est un système qui cherche à créer de la stabilité politique. C’est à dire que le système électoral ne favorise pas un gagnant qui sort clairement des élections parlementaires, il faut normalement minimum deux forces politiques qui gouvernent ensemble, l’idée est de répartir le pouvoir et établir une stabilité politique. La configuration de la coalition à trois était donc en quelque sorte un choix, il aurait très bien pu y avoir une coalition aussi entre la CDU, les Verts et les Libéraux, appelée "coalition jamaïcaine", ce n’était pas une chose naturelle toutefois de former une coalition à trois et encore moins entre ces différentes forces politiques mais on a l’habitude d’avoir des gouvernements de coalition en Allemagne tandis qu’en France on est très loin de la culture de coalition allemande.

Le gouvernement a été renversé par une motion de censure comme il n’avait pas de majorité alors qu’en Allemagne, c’est le chancelier lui-même qui a décidé de faire éclater la coalition comme elle ne parlait plus d’une voix, c’est lui qui a demandé un vote de confiance, donc on parle d’une procédure ordonnée.


Pour mieux comprendre les différences entre les deux situations, le vote de confiance a été utilisé de façon stratégique en Allemagne ?

Normalement l’idée d’un vote de confiance est que le chancelier veut s’assurer de la confiance des députés de sa majorité vis-à-vis de sa politique. Or, ce qui vient de se produire avec le vote de confiance du 16 décembre, c’est qu'en tablant sur l’échec du vote de confiance, Olaf Scholz a utilisé le vote de confiance de façon stratégique comme l’ont déjà fait ses prédécesseurs dans le passé. Le vote de confiance a été posé 5 fois dans le passé de la République fédérale en 1979 sous Willy Brandt, en 1982 par Helmut Schmidt, la même année par Helmut Kohl, en 2001 et en 2005 par Gerhard Schröder. 3 sur 5 chanceliers l’ont utilisé de façon stratégique et non pas pour gagner le vote de confiance mais de provoquer des élections anticipées. Il restera à voir si le pari peut être gagné pour Olaf Scholz comme le SPD ne caracole pas vraiment dans les sondages, bien au contraire, c’est l’opposition de la CDU qui arriverait en tête si les élections se tenaient à l’heure actuelle.


Un autre point de similitude consiste au fait que les deux gouvernements se trouvent en difficulté de faire adopter leurs budgets respectivement n’affichant pas de majorité aux parlements ?

Tout d’abord, il faut peut-être dédramatiser les choses, on ne risque pas d’avoir un « shutdown » comme il est à craindre régulièrement aux Etats-Unis. Mais il est vrai que la question du budget s’est avérée être la ligne de clivage principale dans les deux pays, en France entre le gouvernement et l’opposition et en Allemagne au sein même de la coalition puisque c’était le débat autour de l’assouplissement de la dette qui a fait éclater la coalition.

En Allemagne, un budget rectificatif pour 2024 pourrait être adopté avec le soutien de l'opposition avant la dissolution du Bundestag. Le ministre fédéral des Finances, Jörg Kukies (SPD), a annoncé que le gouvernement pourra utiliser le projet de loi de budget 2025 du gouvernement comme plafond pour les dépenses dans le cadre de la gestion budgétaire provisoire pour l'année 2025. La base de la gestion budgétaire provisoire, qui devrait alors s'appliquer dans un premier temps jusqu'au 11 juillet, est le projet gouvernemental actuel de la coalition feu tricolore pour le budget 2025, que le cabinet des ministres avait approuvé à l'été 2024.

Dans l’attente de la formation d’un gouvernement pleinement opérationnel autour de François Bayrou et de l’adoption d’un véritable budget pour 2025, l’Assemblée nationale, le 16 décembre 2024, vient d’adopter une loi spéciale visant à combler l’absence de budget pour l’année à venir. Cette loi autorise l’exécutif à percevoir les impôts et à contracter des emprunts pour assurer le financement de l’État et de la Sécurité sociale dans la limite de ce que prévoyait la loi de finances pour 2024.

Pour une fois adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale, il ne s’agit pour autant de couvrir seules les dépenses absolument nécessaires, aucun nouvel investissement ne peut être lancé, le gouvernement est donc fortement impacté dans sa marge de manœuvre budgétaire.

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>> >> Lire l'intégralité de la chronique et écouter le podcast sur le site de eu! radio.

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Laurence Aubron

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Paris et Berlin sur les ondes

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Jeanette SÜẞ

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