Trump aux portes de la Maison Blanche : un dictateur en puissance ?
Aux États-Unis, à 48 heures du scrutin, l’incertitude domine au terme d’une campagne marquée par des violences verbales et des mises en accusation de l’adversaire. Pour près d’un américain sur deux, le risque est réel de voir Donald Trump se transformer en dictateur en cas de victoire...
Dans “Le complot contre l’Amérique’’, l’écrivain américain Philip Roth imagine ce qui serait advenu des États-Unis si ses compatriotes avaient porté à leur tête l’aviateur Charles Lindbergh, antisémite notoire, admirateur de l’Allemagne nazie. Les Américains se seraient-ils facilement accommodés d’un régime fasciste ? Scénario a priori farfelu pour un pays qui, historiquement, se veut une des incarnations majeures des idéaux de la démocratie. Et pourtant : ni le passé ni le présent ne permettent d’écarter d’emblée cette hypothèse.
Car à 48h d’une élection présidentielle américaine considérée comme une des plus incertaine et des plus décisives du pays, la possible réélection de Donald Trump fait peser, selon certains, un péril fasciste sur l’Amérique.
Trump fasciste ? Voilà un qualificatif assez nouveau dans l’arsenal utilisé pour le combattre. C’est son ancien chef de cabinet à la Maison Blanche, John Kelly, qui le dit : il a « le profil d’un fasciste qui pourrait gouverner comme un dictateur s’il était élu ». « Pensez-vous que Donald Trump soit fasciste ? » « Oui » répond son adversaire Kamala Harris.
"Je crois qu'il est plus utile pour comprendre Trump et le trumpisme de se rapporter aux épisodes sombres de l'histoire proprement états-unienne. Si on pense aux guerres indiennes, au sud-esclavagiste, à la guerre civile, à la ségrégation, à la reconstruction, où l’on se méfie beaucoup du pouvoir de l'État, si l’on pense à tous ces épisodes de violences civiles, on comprend mieux la phraséologie et le répertoire de références de Trump qui puisent vraiment sans réserve là-dedans. Donc dans tout le racisme à peine refoulé. Mais il puise aussi dans la justification d'un système profondément inégalitaire sur le plan social et racial et dans cette méfiance de l'État... Mais Trump n'est pas seul. Il y a un mouvement qui se constitue, un mouvement national conservateur, une cour suprême qui l'a aidé à retarder tous les procès dans lesquels il était empêtré et qui a contribué à renforcer le pouvoir de l'exécutif d'une manière jamais vue dans l'histoire américaine. Il y a aussi une mouvance d'intellectuels qui se disent aujourd'hui post-libéraux et puis il y a Elon Musk. Cela me semble extrêmement inquiétant sur la structuration d'un mouvement autoritaire, revendiqué comme tel, qui va contre la démocratie constitutionnelle américaine telle qu'on l'a connue jusqu'ici.", Anne-Lorraine Bujon
- Marc Lazar Professeur émérite à Sciences Po et professeur de « Relations franco-italiennes pour l’Europe » à l’Université Luiss de Rome
- Bertrand Badie Professeur des relations internationales
- Thomas Gomart Historien des relations internationales, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI).
- Anne-Lorraine Bujon Directrice de la rédaction de la revue Esprit et conseillère du programme Amériques du Nord à l’IFRI (Institut français des relations internationales)
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