La guerre suit son cours sanglant sur les deux théâtres qui nous préoccupent : l’Ukraine, dont la frontière à l’Est semble inexorablement grignotée par les forces russes, et le Proche-Orient, où l’armée israélienne, forte de l’élimination du chef sanguinaire du Hamas, poursuit au Liban sa traque du Hezbollah. A partir de mardi prochain, à Kazan, capitale du Tatarstan russe, c’est avec une tout autre focale, d’autres prismes d’analyse que les dirigeants des grands pays réunis sous l’acronyme des BRICS vont comparer leurs intérêts.
A Kazan, le combat du Sud global contre l’Occident ?

Vladimir Poutine a choisi Kazan, cette ville sur la Volga, aux racines mongoles et bulgares, célèbre pour sa Vierge Noire, une icône du XVIème siècle révérée par les orthodoxes et les catholiques, cette ville emblématique des identités multiples de son immense pays, pour signifier à sa façon sa légitimité eurasiatique et son ambition de diriger le combat du Sud global contre l’Occident. Le président russe va donc recevoir ses homologues chinois, indien, sud-africain et brésilien, représentant les pays fondateurs de cette organisation qui se veut le pendant du G7. Vont s’y joindre l’Egyptien, l’Iranien et l’Emirati récemment admis. Plus significatif encore, le président turc Erdogan sera là pour réaffirmer son désir de rejoindre le club, alors que son pays est membre de l’OTAN et reste en principe, sur le papier, candidat à l’Union Européenne. Pourquoi un tel rapprochement Erdogan-Poutine ? Comment Xi Jinping, qui sera présent, va-t-il réagir aux ambitions concurrentes de son grand ami russe ? Le poids économique de ce nouvel ensemble dépasse désormais celui des Occidentaux. Jusqu’où leurs rivalités, leurs désaccords, mais aussi leur ambition commune d’installer de nouveaux rapports de force vont-ils se manifester ? Les guerres d’Ukraine et du Proche-Orient sont-elles des accélérateurs ou des freins à la cristallisation d’un nouveau système multipolaire ? Que faut-il donc attendre de ce sommet sur le plan géopolitique et économique à 17 jours de l’élection présidentielle américaine ?

Invités :

Dorothée Schmid a contribué au rapport annuel de l’Ifri Ramses 2025. Entre puissances et impuissance paru le 4 septembre aux éditions Dunod (sous la direction de Thierry de Montbrial et Dominique David). Elle y a dirigé le dossier spécial sur le Moyen-Orient après Gaza 
Isabelle Facon a dirigé l'ouvrage Russie-Turquie : un défi à l'Occident ? paru chez Passés composés en 2022. Elle a aussi contribué au dossier "Russie, isolée sur la scène internationale ?" publié chez Eurasiapeace en août 2024 ;
Michel Duclos est l’auteur récemment, après plusieurs livres remarqués, de Diplomatie française (Alpha essai, avril 2024) 
Julien Vercueil signe Les pays émergents : Brésil, Russie, Inde, Chine... : mutations économiques, crises et nouveaux défis (cartographie de Carl Voyer, réédité chez Bréal en 2015), et un article pour Futuribles : "Quatre scénarios d'évolution pour le groupe des BRICS+" (18 juin 2024).

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