Invités : 
Ran Halévi Historien, directeur de recherches au CNRS, il enseigne à l'EHESS et est directeur de collection chez Gallimard
Laurence Nardon, responsable du Programme Amériques de l'Ifri

Alors que Donald Trump va être investi 47ème président des États-Unis autour de 18h, la multiplication de ses prises de parole provocantes et l'annonce de la signature d'une centaine de décrets dès aujourd'hui font craindre aux observateurs un amoindrissement de la démocratie américaine. Doit-on s'alarmer de la radicalité affichée des projets de cette nouvelle administration ? Ran Halévi et Laurence Nardon livrent leur analyse.

Une élection dangereuse pour la démocratie américaine ?

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche s'organise dans un contexte de tumulte médiatique, alimenté par ses déclarations provocantes sur le canal de Panama ou le Canada. Pourtant, Ran Halévi souligne que ces effets d'annonce dissimulent une menace bien réelle pour les principes juridiques fondamentaux aux États-Unis. "Trump est quelqu'un qui ne respecte pas l'État de droit, qui ne respecte pas les règles démocratiques, qui en a profité avec éclat aux dernières élections. C'est une élection démocratique qui donne beaucoup de latitude à un homme pour qui la démocratie est plutôt un obstacle qu'un moyen de gouverner", déclare-t-il. Selon lui, l'arrivée au pouvoir de Trump ou de Musk traduit une forme de renversement des fondements du pouvoir aux États-Unis, où la puissance économique confère une certaine légitimité à la prise de pouvoir. 

Un retour aux fondamentaux de la diplomatie américaine

S'il n'a pas encore été investi, Donald Trump a joué un rôle majeur dans l'accord de cessez-le-feu entre le Hamas et Israël. En forçant Benjamin Netanyahu à accepter de mettre fin à la guerre contre le Hamas, Donald Trump a, de fait, réinscrit la diplomatie américaine dans une logique d'équilibrage régional au Moyen-Orient. Laurence Nardon explique d'ailleurs que les diplomates de l'administration Biden et de la nouvelle administration Trump ont travaillé de concert en ce sens. 

Ran Halévi et Laurence Nardon s'accordent à dire qu'il ne s'agit pas pour Trump d'une mission morale, mais bien d'une volonté d'éviter un conflit avec l'Iran et de préserver les intérêts américains. On retrouve d'ailleurs dans ses curieuses territoriales sur le Panama, le Canada ou le Groenland une logique très américaine de défense de ses intérêts économiques et militaires. Laurence Nardon fait référence à la doctrine Monroe : "Un impérialisme comme au XIXe siècle. Je parle de ces revendications territoriales totalement inattendues ces dernières semaines sur le Canada et le Groenland."
 

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