Indonésie : les mines, un filon pour l’industrialisation
Depuis le 1er janvier 2025, l’Indonésie interdit l’exportation de cuivre brut. Une décision qui s’inscrit dans la lignée d’une politique résolument protectionniste, visant à faire du pays une puissance industrielle incontournable dans la nouvelle économie des énergies vertes.
Avec:
- Thibault Michel, chercheur au centre énergie de l’IFRI
- Jacob Nerenberg, maître de conférences en anthropologie à l’université Aix-Marseille et membre de l’institut de recherche asiatique
- Clara Roussey, maîtresse de conférences à l’Institut Agro de Montpellier
Depuis 2009, l’Indonésie assume une politique résolument protectionniste, d'une part en obligeant les sociétés étrangères qui souhaitent exploiter son sous-sol à ouvrir leurs capitaux aux entreprises nationales, et d'autre part en interdisant peu à peu l’exportation des minerais bruts extraits sur son sol. Qu’il s’agisse du nickel, de la bauxite, et désormais du cuivre, les entreprises minières qui les exploitent sont obligées de les transformer sur place. Deux contraintes qui répondent à une même ambition : reprendre la main sur les richesses du pays et faire de l’Indonésie le cœur industriel de la transition mondiale vers une économie “verte”, un pays prospère, doté d’usines de batteries, de raffineries et autres fonderies qui fournissent des emplois stables et mieux rémunérés à la population locale.
Cette stratégie dite de “l’âge d’or” a été théorisée par l’ex-président Joko Widodo et prolongée par son successeur, le général Prabowo Subianto, arrivé à la tête de l’État en mars 2024. Elle permet à l'Indonésie d’affirmer son emprise sur un territoire archipélagique et donc morcelé tout en développant le pays et les populations locales. Mais dans les faits, cette prospérité promise se heurte à de nombreux écueils : concurrence des travailleurs chinois, accidents mortels dans les fonderies ou encore déforestation et expropriations, autant de dérives socio-environnementales qui poussent les Indonésiens à s’opposer aux différents projets miniers. Parmi les ONG, collectifs et associations mobilisés, beaucoup dénoncent un souverainisme de façade, qui ne serait en fait qu’une collaboration plus encadrée entre l’État et les multinationales pour un extractivisme débridé.
> Écouter le podcast sur France Culture.
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