Une diplomatie publique concurrentielle : approche institutionnelle du soft power russe
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En 2018, l’influence de la Russie est le plus souvent appréciée à l’aune de deux composantes. La première, la plus démonstrative, consiste pour le gouvernement à tirer profit de l’organisation de la Coupe du monde de football afin de rehausser l’image de marque du pays. Cette « diplomatie sportive » est contrebalancée par les actions cybernétiques dont les grandes institutions occidentales accusent Moscou depuis 2016, afin de déstabiliser les démocraties libérales et de conditionner l’issue des processus électoraux.
Le concept de soft power est initialement pensé aux États-Unis et pour eux, dans un contexte de débat autour de la nature de la puissance américaine à la fin de la « guerre froide ». Son théoricien, Joseph Nye, le définit comme une « capacité » qu’un agent développe pour se rendre attractif et apparaître comme un exemple à suivre (2). Les trois ressources qu’un pays mobilise pour renforcer cette « puissance d’attraction » sont sa culture, ses valeurs et son agenda de politique étrangère. Attaché à une vision des relations internationales valorisant la place des acteurs non-étatiques, Nye considère que la portée du soft power est d’autant plus grande que ses ressources sont produites et véhiculées par des acteurs de la société civile. La plupart de ces ressources ne sont exploitées et diffusées que dans un second temps par des instruments de diplomatie publique, tels que des instituts culturels, des ONG actives hors frontières ou des médias internationaux. L’objectif est d’influencer la population ou l’élite d’un pays étranger pour tourner sa politique étrangère à l’avantage du pays émetteur.
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