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Angela Merkel, bilan d’une chancelière

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À l’issue de quatre mandats, Angela Merkel s’apprête à quitter son poste de chancelière fédérale d’Allemagne. Retracer son itinéraire permet de comprendre sa manière de faire. Elle s’est trouvée contrainte au compromis politique et son mode de gouvernement est marqué de pragmatisme. De fait, on ne compte que peu de grandes réformes à son actif. Sa seule décision forte, l’accueil des migrants en 2015, a eu des conséquences politiques problématiques. Elle aura assuré la stabilité du pays, mais sa succession est délicate.

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À soixante-sept ans, après seize années à la tête de l’Allemagne, Angela Merkel s’apprête à quitter le pouvoir cet automne. Alors qu’elle bénéficie d’une cote de popularité à faire pâlir de jalousie la plupart des dirigeants européens, notamment depuis la première vague de la pandémie de Covid-19, elle a clairement affirmé qu’elle ne sera pas candidate à sa succession après les élections fédérales du 26 septembre 2021. Même Helmut Kohl (1930-2017), le chancelier de la réunification, n’avait pas pu bénéficier d’une position aussi incontestée que celle d’Angela Merkel pendant presque toute la période de ses mandats de chancelière. À la différence de sa successeuse, il avait été battu lors des élections fédérales de 1998. Angela Merkel quitte donc le pouvoir sur une décision réfléchie et non sur un échec : de toute l’histoire de la République fédérale d’Allemagne depuis 1949, jamais un chancelier allemand en exercice n’avait renoncé à être à nouveau candidat à sa succession.

Durant ses quatre mandats successifs, elle a durablement marqué la vie politique au niveau national, aussi bien qu’européen et international. L’Allemagne, en crise au début des années 2000, s’est affirmée depuis lors comme puissance économique et commerciale mondiale. Alors qu’on la considère souvent comme une « Européenne de raison », Angela Merkel a su faire des pas importants en direction de l’Union européenne, comme la récente initiative franco-allemande pour le plan de relance européen. Par ailleurs, dans cette Allemagne qui change, elle a porté des réformes sociétales, parfois du bout des lèvres, mais qui sont généralement mises à son crédit. Cette chrétienne-démocrate de la CDU (Christlich Demokratische Union), souvent considérée comme pragmatique ou « OVNI politique », a pratiqué une approche du pouvoir conçue comme l’art de l’accommodement et des compromis. Mais elle a dû faire face aussi à des années difficiles, marquées par des défis importants. De plus, même si sa politique étrangère montre qu’elle a souhaité que l’Allemagne assume davantage de responsabilités, elle a eu tendance à rester en retrait sur la scène internationale. Ces paradoxes d’Angela Merkel peuvent nous faire nous interroger sur son héritage politique à l’approche des élections : que restera-t-il des seize années de gouvernement de la première femme chancelière ? Comment cet héritage pourra-t-il être assumé par son successeur ou sa successeuse ? En quoi cet héritage influencera-t-il la place et le rôle de l’Allemagne en Europe et dans le monde ?

 

Paul Maurice est chercheur au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Institut français des relations internationales (Ifri).

 

Cet article est paru dans la revue Études 2021/9 (Septembre), pages 7 à 18.

 

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Paul MAURICE

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Le Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) a été créé en 1954 par un accord intergouvernemental entre la République fédérale d’Allemagne et la France, afin de mieux faire connaître l'Allemagne en France et analyser les relations franco-allemandes y compris dans leurs dimensions européennes et internationales. Dans ses conférences et séminaires, qui réunissent experts, responsables politiques, hauts décideurs et représentants de la société civile des deux pays, le Cerfa développe le débat franco-allemand et suscite les propositions politiques. Il publie régulièrement des études à travers deux collections : les « Notes du Cerfa » et les « Visions franco-allemandes ». 

Le Cerfa entretient des relations étroites avec le réseau des fondations et des think tanks allemands. En plus de ses activités de recherche et de débat, le Cerfa promeut l’émergence d’une nouvelle génération franco-allemande à travers des programmes de coopération originaux. C'est ainsi qu'en 2021-2022, le Cerfa a conduit un programme sur le multilatéralisme avec la Fondation Konrad Adenauer de Paris. Ce programme s'adresse à des jeunes professionnels des deux pays intéressés par les enjeux du multilatéralisme dans le contexte de leurs activités. Il a couvert une large gamme de thèmes relatifs au multilatéralisme, tel que le commerce international, la santé, les droits de l’homme et la migration, la non-prolifération et le désarmement. Auparavant, le Cerfa avait participé au dialogue d’avenir franco-allemand, co-piloté de 2007 à 2020 avec la Deutsche Gesellschaft für auswärtige Politik (DGAP) et soutenu par la Fondation Robert Bosch, ou encore le groupe Daniel Vernet (anciennement Groupe de réflexion franco-allemand) qui avait été fondé en 2014 à l’initiative de la Fondation Genshagen.

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