Rechercher sur Ifri.org

À propos de l'Ifri

Recherches fréquentes

Suggestions

Angela Merkel, bilan d’une chancelière

Publications extérieures Articles
|
Date de publication
|
Image de couverture de la publication
paul_couv_revue_etudes_09.2021.jpg
Accroche

À l’issue de quatre mandats, Angela Merkel s’apprête à quitter son poste de chancelière fédérale d’Allemagne. Retracer son itinéraire permet de comprendre sa manière de faire. Elle s’est trouvée contrainte au compromis politique et son mode de gouvernement est marqué de pragmatisme. De fait, on ne compte que peu de grandes réformes à son actif. Sa seule décision forte, l’accueil des migrants en 2015, a eu des conséquences politiques problématiques. Elle aura assuré la stabilité du pays, mais sa succession est délicate.

Image principale
Etudes
Corps analyses

À soixante-sept ans, après seize années à la tête de l’Allemagne, Angela Merkel s’apprête à quitter le pouvoir cet automne. Alors qu’elle bénéficie d’une cote de popularité à faire pâlir de jalousie la plupart des dirigeants européens, notamment depuis la première vague de la pandémie de Covid-19, elle a clairement affirmé qu’elle ne sera pas candidate à sa succession après les élections fédérales du 26 septembre 2021. Même Helmut Kohl (1930-2017), le chancelier de la réunification, n’avait pas pu bénéficier d’une position aussi incontestée que celle d’Angela Merkel pendant presque toute la période de ses mandats de chancelière. À la différence de sa successeuse, il avait été battu lors des élections fédérales de 1998. Angela Merkel quitte donc le pouvoir sur une décision réfléchie et non sur un échec : de toute l’histoire de la République fédérale d’Allemagne depuis 1949, jamais un chancelier allemand en exercice n’avait renoncé à être à nouveau candidat à sa succession.

Durant ses quatre mandats successifs, elle a durablement marqué la vie politique au niveau national, aussi bien qu’européen et international. L’Allemagne, en crise au début des années 2000, s’est affirmée depuis lors comme puissance économique et commerciale mondiale. Alors qu’on la considère souvent comme une « Européenne de raison », Angela Merkel a su faire des pas importants en direction de l’Union européenne, comme la récente initiative franco-allemande pour le plan de relance européen. Par ailleurs, dans cette Allemagne qui change, elle a porté des réformes sociétales, parfois du bout des lèvres, mais qui sont généralement mises à son crédit. Cette chrétienne-démocrate de la CDU (Christlich Demokratische Union), souvent considérée comme pragmatique ou « OVNI politique », a pratiqué une approche du pouvoir conçue comme l’art de l’accommodement et des compromis. Mais elle a dû faire face aussi à des années difficiles, marquées par des défis importants. De plus, même si sa politique étrangère montre qu’elle a souhaité que l’Allemagne assume davantage de responsabilités, elle a eu tendance à rester en retrait sur la scène internationale. Ces paradoxes d’Angela Merkel peuvent nous faire nous interroger sur son héritage politique à l’approche des élections : que restera-t-il des seize années de gouvernement de la première femme chancelière ? Comment cet héritage pourra-t-il être assumé par son successeur ou sa successeuse ? En quoi cet héritage influencera-t-il la place et le rôle de l’Allemagne en Europe et dans le monde ?

 

Paul Maurice est chercheur au Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa) à l’Institut français des relations internationales (Ifri).

 

Cet article est paru dans la revue Études 2021/9 (Septembre), pages 7 à 18.

 

Decoration

Contenu disponible en :

Régions et thématiques

Partager

Decoration
Auteur(s)
Photo
paul_couleur_2.jpg

Paul MAURICE

Intitulé du poste
Image principale
Der Pariser Platz auf der Ostseite des Brandenburger Tors in Berlin, Deutschland
Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa)
Accroche centre

Le Comité d'études des relations franco-allemandes (Cerfa) a été créé en 1954 par un accord intergouvernemental entre la République fédérale d’Allemagne et la France, afin de mieux faire connaître l'Allemagne en France et analyser les relations franco-allemandes y compris dans leurs dimensions européennes et internationales. Dans ses conférences et séminaires, qui réunissent experts, responsables politiques, hauts décideurs et représentants de la société civile des deux pays, le Cerfa développe le débat franco-allemand et suscite les propositions politiques. Il publie régulièrement des études à travers deux collections : les « Notes du Cerfa » et les « Visions franco-allemandes ». 

Le Cerfa entretient des relations étroites avec le réseau des fondations et des think tanks allemands. En plus de ses activités de recherche et de débat, le Cerfa promeut l’émergence d’une nouvelle génération franco-allemande à travers des programmes de coopération originaux. C'est ainsi qu'en 2021-2022, le Cerfa a conduit un programme sur le multilatéralisme avec la Fondation Konrad Adenauer de Paris. Ce programme s'adresse à des jeunes professionnels des deux pays intéressés par les enjeux du multilatéralisme dans le contexte de leurs activités. Il a couvert une large gamme de thèmes relatifs au multilatéralisme, tel que le commerce international, la santé, les droits de l’homme et la migration, la non-prolifération et le désarmement. Auparavant, le Cerfa avait participé au dialogue d’avenir franco-allemand, co-piloté de 2007 à 2020 avec la Deutsche Gesellschaft für auswärtige Politik (DGAP) et soutenu par la Fondation Robert Bosch, ou encore le groupe Daniel Vernet (anciennement Groupe de réflexion franco-allemand) qui avait été fondé en 2014 à l’initiative de la Fondation Genshagen.

Image principale

Ce passé qui oblige

Date de publication
30 octobre 2024
Accroche

Les relations germano-polonaises ne sont pas au beau fixe. L’absence de Donald Tusk à la rencontre du 18 octobre dernier à Berlin en est certainement l’une des meilleures illustrations. L’Allemagne a pourtant une responsabilité historique à l’égard de la Pologne. Hans Stark explique.

Image principale

La France attend-elle Friedrich Merz ?

Date de publication
18 février 2025
Accroche

En appelant à un « renouvellement et un approfondissement » des relations avec la France, Friedrich Merz entend insuffler un nouvel élan à la relation bilatérale.

Image principale

Les Verts allemands comme parti de rassemblement. La fin d’une illusion ?

Date de publication
13 février 2025
Accroche

Lors du congrès de Wiesbaden en novembre 2024, Robert Habeck, actuel ministre de l’Économie et du Climat, est désigné candidat de Bündnis 90/Die Grünen pour les élections législatives anticipées du 23 février 2025. Fondé il y a quarante-cinq ans, l’ancien parti contestataire est aujourd’hui fermement établi dans le paysage politique allemand. Souhaitant tourner la page d’une coalition « feu tricolore » malaimée, le parti mise sur la personnalisation de la campagne et un discours optimiste tourné vers l’avenir et la garantie d’une vie meilleure, sociale et équitable.

Annette LENSING
Image principale

La montée en puissance de l’extrême droite : l’AfD et le choix de la radicalité

Date de publication
12 février 2025
Accroche

Fondée en 2013, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) a continuellement durci ses positions au gré des crises. Depuis 2015-2016 et l’arrivée massive d’immigrés en Allemagne, elle se positionne comme un parti virulemment anti-migrants et continue de consolider son assise dans le système politique allemand, notamment dans les parlements. Si son ancrage est surtout fort dans les régions de l’Est où se trouvent ses principaux bastions, elle séduit également de plus en plus d’électeurs à l’Ouest dans un contexte global de normalisation de l’extrême droite et un contexte national marqué par une forte déstabilisation économique et politique. 

Valérie DUBSLAFF

Comment citer cette étude ?

Image de couverture de la publication
paul_couv_revue_etudes_09.2021.jpg
Angela Merkel, bilan d’une chancelière, de L'Ifri par
Copier