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Political Stability and Energy Cooperation in the Mediterreanean Space

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Est aussi commenté dans cette note de lecture:
The Mediterranean Space and its Borders. Geography, Politics and Environment
Ibid., n°14, 2001

Dans ces deux livres, H. G. Brauch et A. Marquina livrent le compte rendu des travaux de deux séminaires de recherche internationaux portant, l’un, sur 'la stabilité politique et la coopération énergétique dans le Caucase et en Iran', et l’autre sur 'la définition de l’espace méditerranéen'. Les deux ouvrages font partie d’une même collection, consacrée à l’étude de la Méditerranée. Leur contenu est cependant très différent et d’une portée inégale.
L’impact politique et stratégique des enjeux énergétiques en Méditerranée et dans le Caucase constitue la problématique de fond du premier livre. A la lecture du titre, on pourrait attendre un travail portant assez strictement sur la Méditerranée, mais celle-ci apparaît en réalité comme un élément de décor relativement marginal: seule une moitié des chapitres du livre traitent de pays effectivement méditerranéens. Par ailleurs, la cohérence du propos d’ensemble n’est pas toujours évidente. L’ouvrage fournit en fait des éclairages ponctuels et parfois très techniques qu’apprécieront sans doute les spécialistes des questions énergétiques. Quant au lecteur soucieux de renouveler ses repères géopolitiques, il peinera davantage à tirer de ces monographies une vision de synthèse. En se préoccupant de l’impact environnemental des politiques énergétiques, et en plaidant pour le développement des énergies renouvelables, H. G. Brauch pose, certes, des questions très modernes, mais la façon dont il les traite semble quelque peu décalée au regard de la situation d’urgence économique et politique qui caractérise actuellement la région. Et les résultats des réflexions 'à froid' de cet atelier de travail, organisé en 1999, apparaissent assez secondaires dans le contexte de l’après-11 septembre.
Le second ouvrage, The Mediterranean Space and its Borders, répond davantage aux attentes suscitées par le titre. Il présente une série de contributions qui épuisent en partie le sujet de la définition, ou de la redéfinition, de l’espace méditerranéen, en tenant compte du renouveau récent de la discipline géopolitique, pour laquelle la Méditerranée est un objet d’expérimentation idéal. Les chapitres V et VI, dus respectivement à A. Sid Ahmed et à H. G. Brauch, présentent en particulier une analyse complémentaire très séduisante de la difficulté qu’il y a à passer de la conception d’un 'espace' méditerranéen à une 'région' méditerranéenne. Le premier estime que l’espace méditerranéen s’est révélé, à travers l’Histoire, être un cas de 'régionalisme impossible', que les nationalismes économiques y demeurent très présents, et que l’on n’y observe aucune dynamique économique régionale autonome. L’auteur en conclut in fine que le Partenariat euro-méditerranéen devrait absolument dépasser la logique du libre-échange pour enclencher une telle dynamique régionale. De son côté, H. G. Brauch considère qu’au cours des années 1990, l’espace méditerranéen est passé par une phase de globalisation et d’effacement des frontières, puis par une phase de fragmentation, débouchant finalement sur la mise en place de frontières nouvelles. A la lumière notamment des événements des Balkans, il affirme que l’espace méditerranéen est resté une zone limite entre une Europe désormais très intégrée, et un 'autre monde' encore très fragmenté.
Chacun de ces deux ouvrages se clôt sur la retranscription d’un brainstorming final. La restitution linéaire du débat n’offre certes pas les avantages d’une structuration claire. Mais la discussion portant, dans le second ouvrage, sur les limites de l’espace méditerranéen et sur une possible extension de la zone euro-méditerranéenne est cependant d’une lecture très stimulante. La diversité des opinions exprimées rend fidèlement compte de la fragmentation méditerranéenne décrite dans l’ouvrage. Toutes sortes de solutions émergent en effet du débat, du retour à la stricte géographie jusqu’au fantasme de reconstruction institutionnaliste (F. Sanz parle de fonder un Commonwealth méditerranéen), en passant par une approche culturaliste, qui distingue une Méditerranée arabe, ou oppose le Nord et le Sud sans espoir de réconciliation immédiate.
Il est frappant de constater qu’aucune position commune ne se dessine au terme de cette discussion, que l’on devine animée et qui ouvre des perspectives très actuelles. On est en effet en droit de se demander si l’élargissement de l’Union européenne n’annonce pas la disparition d’une certaine Méditerranée, sans bien savoir sous quelle forme elle pourrait renaître à l’avenir. Il est enfin regrettable que la forme des deux ouvrages ne soit pas davantage soignée. Les deux livres sont largement illustrés par des tableaux de chiffres et des cartes, mais celles-ci ne sont pas toujours adaptées au propos, ce qui ne les rend pas très éclairantes; et elles sont surtout dans l’ensemble mal reproduites et peu lisibles. Ce défaut esthétique majeur contribue à détourner en partie le lecteur du contenu intellectuel des ouvrages.

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Political Stability and Energy Cooperation in the Mediterreanean Space, de L'Ifri par
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