
De nombreuses préoccupations juridiques, éthiques et politiques sont suscitées par l’utilisation de ces armes qui interviennent de manière de plus en plus autonome et que l’on appelle les « robots tueurs ». De quelles armes parle-t-on précisément ? Dans quelle mesure peuvent-elles être considérées comme un « progrès » ? Quels enjeux éthiques soulèvent-elles ?

À la fin du mois de novembre 2023, les autorités israéliennes indiquaient avoir frappé plus de 15 000 cibles dans les trente-cinq premiers jours du conflit à Gaza. C’est trois fois plus qu’au cours des cinquante et un jours qu’avait duré l’opération « Bordure protectrice », en 2014. Quelques jours plus tard, le magazine israélien de gauche +972 dévoilait une enquête révélant les raisons de ce rythme effréné : un programme informatique dopé à l’intelligence artificielle surnommé Habsora (« l’Évangile », en français) et fonctionnant comme une « usine à cibles », vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Le recours à ce type de technologie dans les conflits armés tend à s’accroître, du fait des progrès fulgurants dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) et de la robotique permis par la quatrième révolution industrielle. Parmi ces nouveaux instruments de la guerre, les « systèmes d’armes létales autonomes » (Sala), ou « robots tueurs » dans leur appellation plus médiatique, suscitent d’importantes interrogations éthiques.
Ces armes capables d’identifier et d’ouvrir le feu sur une cible sans intervention humaine font en effet l’objet d’un vaste débat, ouvert par des organisations non gouvernementales (ONG) qui se sont coalisées en 2013 au sein d’une Campaign to Stop Killer Robots. Ce travail de sensibilisation a donné lieu à des discussions internationales dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques (CCAC) puis à l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) et même au Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU).
Alors que des prototypes de ces armes sont développés par un nombre croissant d’États – tels que la Chine, la Corée du Sud, les États-Unis, Israël ou la Russie – et qu’elles devraient être de plus en plus répandues dans la décennie à venir, une réflexion éthique sur leur emploi s’impose. Dans Phèdre, Platon alertait sur le risque de subversion technocratique, par lequel ce qui est moralement souhaitable se verrait déterminé par ce qui est techniquement possible. Il convient alors de s’interroger sur le progrès moral induit par l’émergence de moyens de combat déshumanisés dans la guerre, à l’aune des enjeux militaires mais aussi de considérations humanitaires.
> Lire l'article en intégralité dans la revue Etudes.
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