Est aussi commenté dans cette note de lecture:
Diplomacy of India then and now
Harish Kapur
New Delhi, Manas Publications, 2002, 399 p.
Depuis plusieurs années, la diplomatie indienne reprend une place en vue sur la scène internationale et régionale, avec les conséquences des tests nucléaires de 1998, la mini-guerre de Kargil entre Indiens et Pakistanais en 1999, les guerres d’Afghanistan et les attentats du 11 septembre, le tout assorti d’un rapprochement sans précédent entre New Delhi et Washington. Au printemps 2002, des parachutistes indiens et américains sautaient de concert dans un exercice près du Taj Mahal, à Agra.
Les publications sur la politique étrangère de l’Inde ne sont pas nombreuses. Les livres de Kishan S. Rana, ancien ambassadeur, et Harish Kapur, professeur honoraire à l’Institut de hautes études internationales à Genève, nous aident à combler cette lacune.
Le premier ouvrage est original dans sa conception et son contenu. L’auteur montre comment fonctionne la diplomatie indienne, ses méthodes, ses canaux d’opération, de la centrale aux ambassades, la sélection et la formation des diplomates. Leurs conditions de travail sont passées en revue, des activités politiques jusqu’aux services consulaires. Non sans humour, K. Rana évoque dans 'Pompe et Circonstances' les visites des chefs d’Etat en Inde, les cérémonies de lettres de créance. Un autre chapitre traite des relations avec la presse, les ONG ou les importantes diasporas indiennes. Cette remarquable leçon d’anatomie, coupée d’observations sur le vif, fait alterner les vues plongeantes, l’analyse des faits et l’importance de ce qu’on appelle à tort les détails.
Harish Kapur insiste sur la fluidité de la diplomatie indienne en se concentrant sur l’évolution de ces dernières années. Il commence par situer 'l’environnement domestique', c’est-à-dire les éléments d’ordre intérieur liés à la politique étrangère, ce qui nous vaut un excellent résumé des différents foyers de trouble et de tension, du Cachemire aux heurts intercommunautaires, des gouvernements fragiles de coalition à la baisse de la classe politique, pour finir dans le 'criminal-corruption nexus'. L’auteur aborde ensuite l’environnement régional lourd de turbulences, en faisant le tour des voisins de l’Inde. De ce palier, nous sommes amenés à l’environnement international, aux relations avec les grandes puissances et aux nouvelles orientations de New Delhi depuis la disparition de l’URSS.
Tout en traitant des problèmes de sécurité, H. Kapur donne une large place à la diplomatie économique de son pays (sujet peu traité) et à son évolution depuis 1950. Dans le dernier chapitre, l’auteur, qui a ses entrées dans les allées du pouvoir, évoque les 'decision makers: personality factor'. Ce qui nous vaut de fines remarques sur les différents Premiers ministres et ministres des Affaires étrangères qui se sont succédé depuis l’indépendance (1947). Même si le livre n’inclut pas l’après-11 septembre, il aide à saisir la marche de la diplomatie indienne depuis cette date.
Ce sont là deux ouvrages éclairants, rédigés par des Indiens aussi compétents que lucides.
Corps analyses
Comment citer cette étude ?
Inside Diplomacy, de L'Ifri
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