Géopolitique des hydrocarbures : gagnants et perdants de l’instabilité
Après quelques années de relative sérénité des marchés, une conjonction de crises et de tensions internationales est venue compliquer l’approvisionnement en hydrocarbures des pays occidentaux. Le rapprochement entre l’Arabie saoudite et la Russie a entrainé l’émergence de l’OPEP+ en 2016, alliance élargie inédite qui se poursuit à l’heure de la guerre contre l’Ukraine et alors que l’Iran reste l’objet de sanctions internationales. Tandis que les États-Unis se sont hissés en tête de la production mondiale d’hydrocarbures, l’Union européenne fait pour l’heure les frais de cette recomposition.
Cette période a permis aux gouvernements européens de se mobiliser autour des enjeux du climat en adoptant des objectifs de décarbonation inédits. Elle a aussi nourri le sentiment selon lequel la transition énergétique serait déflationniste, avec des coûts maîtrisables - il était attendu que la facture des hydrocarbures baisse rapidement -, sans à-coups, et qu’elle se révélerait in fine acceptable à condition d’être organisée, et accompagnée par des mécanismes de marché (les marchés du carbone) et une régulation dont les contraintes se resserreraient progressivement.
Certains observateurs proclamaient déjà l’avènement d’une nouvelle géopolitique de l’énergie et des ressources. On verrait les producteurs de pétrole rentiers entrer en crise profonde tandis que les Européens s’émanciperaient de leurs fouisseurs traditionnels. Parallèlement, la géopolitique des hydrocarbures serait remplacée par la géopolitique des métaux et des ressources critiques : de nouvelles dépendances inédites - comme avec la Russie, l’Afrique subsaharienne, l’Indonésie ou l’Amérique latine allaient voir le jour. Bref, la fin des États rentiers pétroliers était imminente et l’ascension des États miniers, ou dotés d’un potentiel dans le déploiement des énergies renouvelables, ouvrirait une nouvelle ère, tandis que l’Europe bénéficierait d’une pleine sécurité d’approvisionnements à bas coût. Or, depuis 2021, et de manière criante en 2022, des crises se sont multipliées, se renforçant mutuellement, qui devraient désormais s’inscrire dans la durée.
Dans le domaine de l’énergie, les prix du pétrole, du gaz, de l’électricité et du charbon flambent, parallèlement à une dépréciation de l’euro et à un découplage d’approvisionnement brutal avec la Russie. Des ruptures et pénuries physiques d’approvisionnement sont désormais envisageables.
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Guerre en Ukraine et risques de volatilité
L’agression de l’Ukraine par la Russie à partir de février 2022 a été une aubaine pour les États rentiers. Elle a eu pour conséquence l’accroissement des tensions sur les marchés, et donc les revenus des exportations. L’embargo pétrolier contre la Russie décidé par les pays de l’Union européenne et du G7, qui doit entrer en vigueur en décembre 2022 pour le pétrole brut et en février 2023 pour les produits pétroliers, comme le diesel, risque de provoquer de nouveaux épisodes de volatilité.
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La Russie et l'arme du gaz
La Russie était en passe non seulement de renforcer sa première place d’exportateur par gazoduc en ouvrant le gazoduc Force de Sibérie vers la Chine, mais de se hisser dans le top 5 mondial des exportateurs de GNL grâce aux projets menés par la firme russe Novatek et ses partenaires européens et asiatiques - les complexes gaziers Yamal LNG, qui est opérationnel, et Arctic LNG, en construction mais gêné par les sanctions.
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L’année 2022 marque un bouleversement extraordinaire des marchés gaziers et des rapports de force. Progressivement privée de gaz russe acheminé par gazoduc au lendemain du début de la guerre russo-ukrainienne, l’Europe a aspiré, au prix fort, tout le GNL disponible de manière flexible dans le monde. Ainsi, tous les pays émergents ont été privés de GNL sur les marchés au comptant (dits « spot ») et les Européens ont commandé dans l’urgence des terminaux flottants de regazéification pour renforcer leurs capacités d’importation.
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L'Europe dans l'œil du cydone
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Quelle que soit l’issue de la guerre en Ukraine, le gaz russe ne devrait pas retrouver sa position antérieure sur le marché 'européen, dont une grande partie des importations en provenance de Russie devrait disparaître à jamais. Moscou entend désormais effectuer un pivot vers la Chine et l’Inde, et fournir une infrastructure alternative d'approvisionnement pour ces pays. La construction en serait toutefois, dans l'hypothèse où les parties se mettraient d’accord sur les termes des contrats, longue et onéreuse...
> Lire l'intégralité de l'article dans le numéro 117 de de Questions Internationales
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