30 ans après la chute de l'URSS : focus sur l'Asie centrale
Le trentième anniversaire des indépendances centrasiatiques est l'occasion de dresser un bilan des évolutions à l'œuvre dans ces cinq pays.
En 1991, les républiques d’Asie centrale proclament leur indépendance, mettant un terme à deux siècles de domination russe puis soviétique. Ces cinq pays émergent pour la première fois de leur histoire en tant qu’États souverains : le Kirghizstan, le 31 août ; l’Ouzbékistan, le 1er septembre ; le Tadjikistan, le 9 septembre ; le Turkménistan, le 27 octobre ; enfin le Kazakhstan, le 16 décembre.
Bien qu’ils présentent des traits communs – un enclavement continental ; une exposition aux influences russe, mongole, chinoise, indienne, iranienne et turque ; une appartenance à la sphère turcophone (à l’exception du Tadjikistan, persanophone) et à l’islam, majoritairement sunnite –, les pays d’Asie centrale demeurent difficiles à appréhender de manière uniforme. Tout d’abord, ils ne se sont jamais regroupés au sein d’une organisation exclusivement centrasiatique pour coordonner leurs politiques (en matière de gestion des ressources hydriques, par exemple), même si l’Ouzbékistan a lancé en 2018 une plateforme de discussions sans patronage russe : les Réunions consultatives des chefs d’État d’Asie centrale. Ensuite, leurs matières premières les distinguent : le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et le Turkménistan sont de grands producteurs d’hydrocarbures, tandis que le Kirghizstan et le Tadjikistan disposent essentiellement de ressources minières et hydriques. Enfin, sur le plan politique, le Kirghizstan constitue une exception démocratique dans une région dominée par des régimes très autoritaires (avec une gradation entre, d’un côté, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, et, de l’autre, le Tadjikistan et le Turkménistan).
Chaque république d’Asie centrale suit une trajectoire spécifique. Le Kazakhstan a entamé en 2019 une transition politique dont les effets ne seront totalement perceptibles qu’après la fin définitive de l’ère Nazarbaïev. Avec l’élection de Sadyr Japarov en janvier 2021, le Kirghizstan glisse de plus en plus vers l’autoritarisme et la sphère d’influence chinoise. Depuis 2016, l’Ouzbékistan renonce à l’isolationnisme en faveur d’une politique de coopération régionale et de bon voisinage, tout en réformant son économie. Le Tadjikistan, qui a entrepris de normaliser ses relations avec l’Iran après une période de très fortes tensions depuis 2013, se retrouve en première ligne face aux menaces en provenance d’Afghanistan. Pays le plus fermé de la région, le Turkménistan nourrit des ambitions économiques en mer Caspienne et se rapproche de la Russie.
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