(This book review is published in French only. Original book's title: L'Opinion européenne)

L’édition 2002 de 'L’opinion européenne' consacre tout d’abord deux articles à 'l’événement euro'. Le commentaire d’un sondage sur le 11 septembre introduit la notion d’opinion européenne, notamment par des différences notables avec les opinions américaine, israélienne ou asiatiques. L’existence d’une spécificité se confirme par l’étude du 'système de valeurs européen' envisagé à l’aune des aspirations de différents nationaux membres de l’Union européenne: les distinctions internes y semblent plus faibles que celles qui surgissent face aux aspirations de citoyens non européens.
Cette constatation d’un dedans/dehors de l’Europe conduit à la question de 'l’espace public européen', dans l’acception de Habermas, défini comme 'espace plus ou moins symbolique situé à l’interface entre la société civile et l’Etat, au sein duquel sont débattues publiquement les affaires intéressant la communauté politique'. L’auteur de l’article montre que le passage de l’information sur l’Europe à la participation aux décisions est loin d’être accompli et que l’espace public européen n’a qu’une existence embryonnaire. En fait, il entraîne peut-être même une séparation entre une catégorie de population informée et une autre qui reste attachée aux espaces nationaux alors même que le nombre de prises de décisions réellement fonctionnelles s’y amenuise.
L’historique des 'Euro-manifs, contre-sommets et autres marches européennes', dont celles des chômeurs, comme celui des efforts de coopération syndicale (analysée à travers la fusion ABB-Alstom-Power), suggère un bilan encore modeste, même si ces modes de pressions ont pesé tant sur les textes et réglementations communautaires que sur les attitudes des entreprises. 'La culture européenne des entreprises n’existe pas encore' et 'L’espace public médiatique européen est encore à venir' sont ainsi les titres d’articles convaincants.
L’analyse nationale des opinions publiques italienne, irlandaise, tchèque et slovène confirme, en deçà de proclamations lénifiantes, la force des attachements nationaux. Cette dimension se révèle lors des élections, analysées à travers la participation dans les démocraties post-communistes et par le relevé des différentes élections des pays de l’Union en 2001.
Au total, une vingtaine de contributions témoignent de la lente formation d’une conscience européenne, dont la spécificité apparaît sans doute davantage quand elle est confrontée à l’extérieur de l’espace européen.