Pourquoi comparer RT et France 24 n’a pas de sens
Si RT et France 24 ont toutes deux été créées dans le but d’accroître l’influence russe et française dans l’espace médiatique international, établir un strict parallélisme entre les deux est fallacieux. Explications.
« Deutsche Welle, la BBC ou France 24 sont bien financés par des États, quelle différence cela fait-il avec nous ? », affirmait en 2014 Margarita Simonian, la rédactrice en chef de RT. « Nous ne sommes pas la voix du Kremlin : est-ce qu’on dit que France 24 est la voix de l’Élysée ? », renchérissait en 2019 Xenia Fedorova, à la tête de la branche francophone de ce média international russe fondé en 2005. Cette rhétorique relativiste et whataboutiste est particulièrement développée par RT. Elle consiste à mettre en équivalence les principales chaînes d’audiovisuel extérieur public, quel que soit le système politique — démocratique ou autoritaire — de leur pays de rattachement. RT cherche par cet argument à contrer les nombreuses critiques dont il est la cible, y compris au plus haut niveau, a fortiori depuis la crise ukrainienne et les ingérences informationnelles russes dans les campagnes présidentielles américaine et française de 2016 et 2017. En mai 2019, ses journalistes ont par exemple dénoncé la « fonctionnalité discriminante » appliquée par le réseau YouTube aux vidéos diffusées par des médias financés par l’État : France 24 est qualifié de « média de service public », alors que RT apparaît comme « financé entièrement ou partiellement par le gouvernement russe ».
Le cas de France 24, principale chaîne internationale française, est régulièrement convoqué par la rédaction de RT pour les mettre sur un pied d’égalité. Doit-on souscrire à cette analogie ? Jusqu’où comparer ces deux organismes, initialement créés dans un objectif de soutien informationnel à la politique étrangère du pays émetteur ? Jouent-ils le même rôle dans l’espace médiatique international, en y diffusant les « voix » de la Russie et celle de la France ? S’ils ont en commun d’être des médias de diplomatie publique financés par l’État, leur rapport à l’information et à l’État actionnaire les distinguent profondément. [...]
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