Géorgie, un autre front de la Russie
La fin de l’année 2023 devrait marquer un tournant dans l’histoire de la Géorgie. En décembre, le Conseil européen doit décider de lui octroyer ou non le statut de « pays candidat » à l’Union européenne (UE).
Pour la majorité des 3,7 millions de Géorgiens, cette décision est extrêmement importante, car 81 % d’entre eux disent souhaiter que leur pays adhère à l’UE. Or, malgré cette volonté populaire très enracinée, le parti au pouvoir Rêve géorgien et le gouvernement, sous le contrôle informel de l’oligarque Bidzina Ivanichvili, mènent depuis au moins 2021 une politique étrangère de sape des relations avec les partenaires occidentaux et ramène cette ex-république soviétique dans la sphère d’influence russe. Après vingt ans de politique pro-européenne, ces divergences entre l’équipe dirigeante géorgienne et la population ont provoqué une succession de crises politiques dans le pays au cours des dernières années. Moscou accompagne ce virage radical dans l’orientation stratégique de Tbilissi, à moins qu’il n’en soit l’initiateur. De nombreux indices montrent en effet que la Géorgie, qui a été en 2008 le théâtre d’une guerre avec la Russie, reste pour celle-ci un autre terrain de sa confrontation avec l’Occident. L’évolution de la politique géorgienne fait craindre de fortes tensions politiques et géopolitiques.
Régis Genté est depuis 2002 journaliste et spécialiste de l’ancien espace soviétique, basé à Tbilissi (Géorgie).
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