Comply or die ? Les entreprises face à l’exigence de conformité venue des États-Unis
Les États-Unis ont mis en place un large corpus juridique à portée extraterritoriale pour lutter contre la corruption au niveau international et poursuivre les entreprises qui ne respecteraient pas les embargos mis en place dans le cadre de leur politique étrangère.

Le texte principal concernant la corruption est le Foreign Corruption Protection Act (FCPA) de 1977. Les embargos sont contrôlés par l’Office of Foreign Assets Control (OFAC), une agence du département du Trésor. Ils s’appliquent soit à des pays ou à des individus, soit à des types de matériel, sur la base de lois ad hoc ou de réglementations comme l’International Traffic in Arms Regulation (ITAR) et l’Export Administration Regulation (EAR).
À partir de 1998, le juge américain a étendu la définition du lien de rattachement d’un acteur étranger avec les États-Unis (le nexus), qui sert de base juridique aux poursuites. Si l’utilisation du dollar constitue le nexus le plus fréquent, les critères incluent désormais l’emploi d’un salarié américain, la présence à une réunion ou le transit d’un e-mail par un serveur situé aux États-Unis. La simple utilisation d’un logiciel américain pourrait bientôt être reconnue comme un nexus.
Les entreprises européennes et françaises ont souvent été visées et punies dans les récentes années. Le « soft power juridique » américain sert-il en réalité des objectifs économiques et stratégiques ? Cela serait d’autant plus injuste que les entreprises russes et chinoises ne sont, elles, pas poursuivies… Qui plus est, les poursuites se règlent le plus souvent par le biais de transactions (les Deferred Prosecution Agreements – DPA) qui permettent d’éviter des procès coûteux et incertains, mais ne rendent pas véritablement la justice.
En réaction, les Européens ont commencé à adopter leurs propres règles. En France, la loi Sapin 2 de décembre 2016 oblige les entreprises françaises à développer leurs règles internes de conformité (compliance) contre la corruption. Cette évolution pourrait à terme réduire les poursuites venues des États-Unis.
Le respect des embargos reste quant à lui lié aux évolutions diplomatiques. Si la conclusion du Joint Comprehensive Plan of Action (JCPOA) permettait d’entrevoir une levée des sanctions contre l’Iran – les entreprises européennes se préparant à investir dans le pays —, le changement d’attitude de l’administration américaine depuis l’élection de Donald Trump change entièrement la donne.
Contenu disponible en :
Régions et thématiques
ISBN / ISSN
Utilisation
Comment citer cette publicationPartager
Téléchargez l'analyse complète
Cette page ne contient qu'un résumé de notre travail. Si vous souhaitez avoir accès à toutes les informations de notre recherche sur le sujet, vous pouvez télécharger la version complète au format PDF.
Comply or die ? Les entreprises face à l’exigence de conformité venue des États-Unis
Centres et programmes liés
Découvrez nos autres centres et programmes de rechercheEn savoir plus
Découvrir toutes nos analysesLes États-Unis de Trump, adversaires stratégiques et idéologiques de l’Europe
Le pire cauchemar sécuritaire des Européens semble se produire : mardi 18 février 2025, les ministres des affaires étrangères américain et russe Marco Rubio et Sergueï Lavrov se sont retrouvés en Arabie saoudite pour engager la normalisation des relations entre leurs deux pays. La réunion avait aussi pour objectif de mettre en place des négociations de paix pour l’Ukraine. Susceptibles d’affecter tout le vieux continent, les échanges se sont néanmoins déroulés sans les Européens ni les Ukrainiens.
L’autoritarisme trumpien mènera-t-il à une crise constitutionnelle ?
Depuis son retour à la Maison-Blanche le 20 janvier 2025, le président Donald Trump a signé une soixantaine de décrets (executive orders) pour mettre en œuvre l’ensemble de son programme politique. De nombreuses autres mesures ont aussi été engagées par la Maison-Blanche et le nouveau Département de l’efficacité gouvernementale (Department of Government Efficiency, DOGE) dans le cadre de ces décrets.
Trump 2 : les fondamentaux de la nouvelle guerre commerciale
C’est par un communiqué du 1er février 2025 que le président Trump a annoncé la mise en place de taxes de 10 % sur les produits chinois et de 25 % sur les produits canadiens et mexicains . Si les premières sont appliquées par décret exécutif depuis le 4 février, les secondes ont obtenu un sursis de 30 jours. L’annonce de sanctions contre les produits de l’Union européenne (UE) serait, quant à elle, imminente.
Entre nationalistes conservateurs et tech-libertariens : les idées d’extrême droite dans l’administration Trump 2
Les responsables et les conseillers de l’administration Trump 2 représentent des courants idéologiques divers et, pour certains, relativement nouveaux à Washington.