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Le partenariat économique Japon-Inde : un processus politique

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Au cours de la dernière décennie, le renforcement du partenariat stratégique Inde-Japon a été principalement dicté par des considérations géopolitiques, dans un contexte de lutte d’influence et de visions régionales concurrentes. Si les relations bilatérales ont progressé en termes politique, stratégique et de coopération militaire, leur dimension économique semble avoir pris du retard.

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Shinzo Abe and Narendra Modi - September 2017
Shinzo Abe and Narendra Modi - September 2017
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Bien que l’Inde ait été l’un des principaux bénéficiaires des prêts japonais au titre de l’Aide publique au développement (APD) depuis 2003, elle ne représentait que 2,2 % des flux d’investissements directs étrangers (IDE) japonais en 2016. En outre, le volume des échanges bilatéraux est resté étonnamment modeste.

En d’autres termes, l’Inde et le Japon doivent encore renforcer leurs liens économiques pour donner plus de substance à leur partenariat bilatéral et pour soutenir une croissance et un développement indiens solides et durables, le Japon ayant besoin, en l’occurrence, d’un partenaire démocratique fort en Asie. L’objectif est hautement politique. Le Japon et l’Inde sont désireux de développer leur partenariat comme contrepoids face à la Chine. Afin de réaliser leurs ambitieuses visions géopolitiques, ils doivent également promouvoir la coopération dans les pays tiers.

En raison de la portée stratégique du rapprochement, les acteurs étatiques (dirigeants politiques, ministères, organismes gouvernementaux, banques publiques) ont joué un rôle prépondérant dans la conduite des relations entre l’Inde et le Japon, y compris dans leurs dimensions économiques. Ainsi, cette étude met en lumière et analyse l’effet de levier que les dirigeants des États japonais et indiens ont exercé pour stimuler le partenariat économique bilatéral. Il montre, en particulier, que la mobilisation par le Japon de ses acteurs étatiques et de ses financements publics pour soutenir le développement économique de l’Inde, encourager les investissements privés japonais et concrétiser sa vision géostratégique pour la région indo-pacifique a été exceptionnelle. Cela peut s’expliquer par l’importance stratégique de l’Inde en tant que future puissance politique et économique de rang mondial, mais aussi par les caractéristiques de sa structure politique et de son environnement des affaires, qui exigent un engagement politique élevé. À cela s’ajoute, depuis 2014, le leadership propre aux deux hommes forts que sont Shinzo Abe et Narendra Modi. À bien des égards, la combinaison Modi-Abe depuis 2014 a fourni le meilleur contexte politique possible pour donner un nouvel élan aux relations économiques bilatérales.

Le volontarisme affiché par Abe et Modi a porté ses fruits à des degrés divers. L’Inde et le Japon ont ciblé le développement des infrastructures comme enjeu stratégique de coopération et les prêts japonais ont joué un rôle central en la matière. Les acteurs étatiques ont aussi un rôle important dans le lancement et le développement d’initiatives, telles les couloirs (couloirs industriels Delhi-Mumbai et Chennai-Bengaluru) et cités industrielles, qui visent à éliminer certains des obstacles traditionnels qui entravent les investissements japonais et à soutenir la croissance économique de l’Inde. Du côté indien, des mesures spécifiques de traitement préférentiel et d’encouragement des investissements publics et privés du Japon ont été mises en œuvre, tant au niveau central qu’au niveau des États. Les IDE japonais en Inde ont ainsi augmenté (à un rythme irrégulier toutefois) et se sont diversifiés d’un point de vue sectoriel et géographique. Mais, alors que les entreprises japonaises s’intéressent fortement au marché indien, il leur faut beaucoup de temps (cinq à dix ans) pour mettre en œuvre un projet d’investissement. Les obstacles administratifs et l’environnement local des affaires freinent encore les projets japonais. En outre, la politique du « Make in India » a introduit de nouvelles contraintes. Malgré de bonnes perspectives de rentabilité, l’Inde reste, pour le Japon, l’un des marchés les plus difficiles d’Asie.

Les objectifs du Japon et de l’Inde en matière de promotion des infrastructures et d’amélioration de la connectivité, tant en Inde même que dans la grande région indo-pacifique, convergent. Le but, sur le plan stratégique, est d’aider l’Inde à réintégrer l’Asie orientale, tout en contrebalançant l’influence croissante de la Chine dans la région, à travers trois piliers : accroître la synergie entre les ambitions régionales indienne et japonaise ; promouvoir les investissements japonais dans les États et territoires indiens stratégiquement sensibles ; et encourager des investissements conjoints dans des pays tiers, en particulier en Afrique. À ce titre, le financement des infrastructures japonaises dans le nord-est de l’Inde est un test pour l’engagement politique de Tokyo, car la situation sécuritaire et les intérêts chinois dans la région compliquent singulièrement les perspectives d’investissements. Les îles Andaman et Nicobar sont encore plus sensibles et, malgré de nombreuses spéculations, l’implication du Japon devrait y rester faible. Quant au projet « Asia Africa Growth Corridor » (AAGC), il est animé par des logiques à la fois bottom-up et top-down, l’intérêt des entreprises japonaises à utiliser l’Inde comme un tremplin vers l’Afrique se doublant d’une volonté politique de proposer une alternative géopolitique à l’initiative chinoise des nouvelles routes de la soie, cela en améliorant la connectivité entre l’Asie et l’Afrique.

Le rapprochement bilatéral s’est donc accéléré sous Abe et Modi. Mais il convient aussi de rappeler que les gouvernements précédents, au Japon et en Inde, ont toujours soutenu la construction d’un partenariat stratégique. Par conséquent, pour l’instant, les versements d’APD et d’IDE du Japon à l’Inde devraient s’inscrire dans une tendance à la hausse durable.

Ce contenu est disponible en anglais uniquement: The Japan-India Economic Partnership:A Politically Driven Process

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978-2-36567-910-7

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Céline PAJON

Intitulé du poste

Chercheuse, responsable de la recherche Japon et Indo-Pacifique, Centre Asie de l'Ifri

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Isabelle SAINT-MEZARD

Intitulé du poste

Chercheuse associée au Centre Asie de l'Ifri

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Gros plan sur le monde asiatique
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L’Asie est le théâtre d’enjeux multiples, économiques, politiques et de sécurité. Le Centre Asie de l'Ifri vise à éclairer ces réalités et aider à la prise de décision par des recherches approfondies et le développement d’une plateforme de dialogue permanent autour de ces enjeux.

Le Centre Asie structure sa recherche autour de deux grands axes : les relations des grandes puissances asiatiques avec le reste du monde et les dynamiques internes des économies et sociétés asiatiques. Les activités du Centre se concentrent sur la Chine, le Japon, l'Inde, Taïwan et l'Indo-Pacifique, mais couvrent également l'Asie du Sud-Est, la péninsule coréenne et l'Océanie.

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Il organise à Paris tables-rondes fermées, séminaires d’experts, ainsi que divers événements publics, dont sa Conférence annuelle, avec la participation d’experts d’Asie, d’Europe ou des Etats-Unis. Les travaux des chercheurs du Centre et de leurs partenaires étrangers sont notamment publiés dans la collection électronique Asie.Visions.

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L’essor du programme spatial taïwanais : Construire une industrie, soutenir la sécurité nationale

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Taïwan, connu pour son leadership dans le domaine des semi-conducteurs et des technologies de l’information et de la communication (TIC), fait aujourd’hui des progrès significatifs dans l’industrie spatiale. Bien qu’historiquement modeste, le programme spatial taïwanais s’est transformé depuis 2020, sous l’impulsion de la présidente Tsai Ing-wen qui s’est engagée à développer les capacités spatiales du pays. Parmi les étapes clés figurent l’adoption de la loi sur le développement spatial et la création de l’Agence spatiale taïwanaise (TASA), qui a renforcé les ressources et la visibilité des ambitions spatiales de Taïwan.

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La surproduction chinoise de puces matures : Des craintes infondées

Date de publication
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Faire de Taïwan une « île morte » à travers « un blocus » et une « rupture de l’approvisionnement énergétique » qui mènerait à un « effondrement économique ». C’est ainsi que le colonel de l’Armée populaire de libération et professeur à l’université de défense nationale de Pékin, Zhang Chi, décrivait en mai 2024 l’objectif des exercices militaires chinois organisés au lendemain de l’investiture du nouveau président taïwanais Lai Ching-te. Comme lors des exercices ayant suivi la visite de Nancy Pelosi à Taipei en août 2022, la Chine avait défini des zones d’exercice faisant face aux principaux ports taïwanais, simulant de fait un embargo militaire de Taïwan. Ces manœuvres illustrent la pression grandissante de Pékin envers l’archipel qu’elle entend conquérir et poussent Taïwan à interroger sa capacité de résilience.

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Shinzo Abe and Narendra Modi - September 2017

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