Rechercher sur Ifri.org

À propos de l'Ifri

Recherches fréquentes

Suggestions

Zéro Covid : « Xi Jinping s’est enferré dans cette stratégie »

Interventions médiatiques |

interviewée par Jean-Michel Lahire pour

  Le Progrès
Accroche

Le gouvernement chinois a misé sur la stratégie zéro Covid, pour tenter d'en finir avec la pandémie. Un choix dont Xi Jinping semble aujourd'hui prisonnier, alors que la colère gronde au sein de la population.

Image principale médiatique
Xi Jinping.jpg
Contenu intervention médiatique

Pour Françoise Nicolas, chercheuse à l’Ifri (institut français des relations internationales) et spécialiste de la Chine, le président Xi Jinping ne peut plus faire marche arrière, et poursuit sa stratégie zéro Covid coûte que coûte, au détriment de l'économie chinoise et malgré la contestation.

Pourquoi la Chine s’entête-t-elle avec sa stratégie zéro Covid ?

« Le gros problème, c’est qu’elle ne peut pas l’abandonner. La première raison est idéologique : ça fait trois ans que Xi Jinping raconte que le zéro Covid est la stratégie idéale, que c’est une réussite alors qu’en Occident on laisse mourir les gens. D’un point de vue politique, rétropédaler est impossible. La deuxième raison est plus technique : les Chinois sont assez peu vaccinés, surtout les plus vulnérables, et lorsqu’ils le sont c’est avec Sinovac ou Sinopharm. Ils sont relativement peu protégés. Si d’aventure la stratégie zéro Covid, était abandonnée, le risque de flambée épidémique serait très élevé, et le système sanitaire n’est pas prêt à encaisser le choc. Oui, la Chine se tire une balle dans le pied : cette stratégie pèse énormément sur la croissance chinoise, et l’exaspération est palpable. Mais il n’est pas possible de revenir dessus : Xi Jinping s’est enferré là-dedans et peut difficilement se dédire. »

Quel est l’impact de cette stratégie sur l’économie ?

« Selon les derniers chiffres, de l’ordre de 30 % de la population chinoise serait confiné. C’est épars, mais en gros cela représente 500 millions de personnes. Or s’ils sont confinés, les gens consomment moins. Ils ne vont pas au travail non plus, donc ils produisent moins. Ne serait-ce que pour l’économie intérieure, les confinements sont un poids : on voit bien l’impact qu’ils ont eu chez nous. Mais la Chine est aussi très intégrée dans l’économie mondiale : là aussi, cela pèse très lourdement. C’est pour cela que les prévisions de croissance pour l’année en cours et l’année à venir son absolument calamiteuses. On parle de 3 % de croissance : pour la Chine, ce serait le taux le plus faible depuis 40 ans. »

Le régime ne profite-il pas aussi de la situation sanitaire pour renforcer le contrôle de la population ?

« Oui, c’est très clair. Les techniques mises en place pour contrôler l’épidémie sont aussi un moyen de contrôler la population. De manière paradoxale, cela aide aussi la Chine dans une autre direction : la stratégie de “double circulation” voulue par Xi Jinping, c’est-à-dire la volonté d’autonomiser le plus possible la Chine. Sans parler de découplage, la tendance est à être plus autosuffisant, technologiquement plus indépendant du reste du monde. Il s’agit de faire enfin marcher la Chine sur deux jambes, à savoir ne pas exclusivement dépendre de l’investissement, mais aussi de la consommation intérieure. Avec cet isolement de la Chine, qui est le résultat de la stratégie zéro Covid, on va un peu dans cette direction. »

 

Lire l'interview sur le site du Progrès

 

Decoration

Média

Partager

Decoration
Auteurs
Photo
Françoise NICOLAS

Françoise NICOLAS

Intitulé du poste

Conseillère au Centre Asie de l'Ifri